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Des perturbateurs endocriniens dès le berceau

  • Plastiques, pesticides : des produits chimiques dès le berceauPlastiques, pesticides : des produits chimiques dès le berceau
Article paru dans le journal nº 91

Malbouffe, perturbateurs endocriniens, sédentarité, écrans, ondes électromagnétiques… La santé des enfants du XXIe siècle fait face à de nouvelles menaces, parfois sournoises car invisibles et méconnues des parents. Tour d’horizon de ces nouveaux dangers, et des moyens que nous avons tous à notre disposition pour limiter leur impact.

Jusqu’à 45 % des femmes enceintes ignorent le terme « perturbateur endocrinien ». C’est pourtant une menace considérable pour la santé de nos enfants. Invisibles, inodores et incolores, les perturbateurs endocriniens sont présents dans de nombreux objets et produits du quotidien. Ce sont toutes les substances chimiques (ou naturelles) capables d’interférer avec le fonctionnement hormonal normal du corps. Ils interfèrent aussi avec notre cerveau et vont jusqu’à modifier nos gènes et ceux que nous transmettons à nos descendants. Ils sont dans les plastiques, l’alimentation, les tissus mais aussi dans les cosmétiques, parfums et produits de ménage.

La vie fœtale : période cruciale

L’exposition de l’enfant à des perturbateurs endocriniens in utero a des conséquences irréversibles et de long terme sur sa santé d'adulte. La grossesse est le moment où ils développent leurs organes vitaux, les systèmes nerveux, immunitaires ou endocriniens qui les accompagneront toute leur vie. Une exposition, même minime, pendant la grossesse (7e semaine où se développe le cerveau et 9e où s’allongent les bras et les jambes) peut avoir un impact sur l’organe en développement, ou créer une fragilité qui se manifestera a posteriori par un risque accru de cancers sur cet organe.

On sait désormais que certains plastiques comme le bisphénol A, des pesticides ou des parabènes issus des cosmétiques se retrouvent dans le sang maternel et sont transmis à l’enfant via le cordon ombilical et le placenta. Ces expositions précoces à des perturbateurs endocriniens sont associées à divers troubles : prématurité, faible poids, obésité, troubles du spectre autistique, allergies, troubles de la puberté, cancers. Il est donc crucial d'être informé et de limiter ces expositions.

Lire aussi "Il est urgent d’agir face aux perturbateurs endocriniens", Dr Valérie Foussier

Pubertés précoces, fertilité diminuée

Les perturbateurs endocriniens sont soupçonnés aussi d’être à l’origine de la recrudescence des pubertés précoces chez les filles, et de malformations ­congénitales et troubles de la fertilité chez les garçons. En Europe, 5 % des filles voient leurs seins pousser avant 9 ans (36 % aux États-Unis) et la qualité du sperme humain a diminué de 50 % en 50 ans. Pour cause, de nombreux perturbateurs endocriniens. Chez les filles, ils vont « ajouter » des œstrogènes aux œstrogènes présents, côté garçons, ils vont limiter les hormones androgènes comme la testostérone, cruciale pour la fertilité et le développement des organes sexuels.

Demain, tous crétins ?

En 2016, la publication du livre Le Cerveau endommagé, comment la pollution altère notre intelligence et notre santé mentale (éd. Odile Jacob), de la biologiste et spécialiste en endocrinologie Barbara Demeneix, révélait au grand public comment les perturbateurs endocriniens seraient à l’origine de la baisse globale du QI observée chez les enfants et de l’augmentation des troubles hormonaux, autistiques ou hyperactifs. Sa conclusion est inquiétante : à force de baigner dans une soupe chimique permanente où même des faibles doses ont un effet et où les molécules s’allient entre elles pour démultiplier leur impact, les capacités intellectuelles des générations futures seraient sérieusement compromises. Nous serions entrés dans une sorte « d'évolution à l'envers ».

Lire aussi Les perturbateurs endocriniens perturbent plusieurs générations


Aérez pour votre santé

Nous passons 85 % de notre temps dans des espaces clos où l’air est cinq à dix fois plus pollué qu’à l’extérieur. Tabagisme, produits ménagers, parfums d’intérieur ou colles et vernis dégagés par nos meubles contribuent à cette pollution. Pour y remédier, aérez en ouvrant grand les fenêtres matin et soir pendant 5 à 10 minutes, entretenez régulièrement les systèmes de ventilation et préférez les moustiquaires, plantes répulsives et terre de diatomée contre les insectes plutôt que les diffuseurs antimoustiques et autres insecticides.


Limitez les toxiques

Salle de bains : privilégiez le bio et les listes courtes d’ingrédients. Fuyez parabènes, isothiazolinone et phénoxyéthanol.

Ménage : évitez les phosphates, désinfectants, antibactériens, javel et essayez des produits à base de citron, vinaigre blanc et bicarbonate. Portez des gants et aérez pendant et après le ménage. Favorisez les labels bio et lessives sans parfum.

Vêtements : lavez-les systématiquement après achat. Évitez le PVC et préférez l’EVA ou le caoutchouc naturel pour les tongs, bottes et vêtements de pluie. Favorisez les labels Oeko-Tex ou les fibres naturelles non traitées.

Jouets : lavez-les avant usage, méfiez-vous des peluches à poils longs ou rembourrées qui contiennent souvent des composés toxiques, et favorisez les labels Oeko-Tex. Évitez de passer au lave-vaisselle les jouets en plastique.

Lire aussi Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée (Dr Odile Bagot, éd. Mango)


Sources :

Fiches santé-environnement rédigées par les experts de l'ONG wecf, Wecf-france.fr.

« Repenser les origines du cancer du sein », Health and Environment, n° 28, 2011, version française réalisée par le réseau Environnement Santé.

« Endocrine-Disrupting Chemicals. An Endocrine Society Scientific Statement », Endocrine Reviews, 2009.

« Environmental causes of cancer : Endocrine disruptors as carcinogens », Nature Reviews Endocrinology, 2010.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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