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Prise de poids : la faute aux plastiques ?

  • Des molécules issues du plastique stimulent nos adipocytesDes molécules issues du plastique stimulent nos adipocytes
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Les plastiques, omniprésents dans nos vies, relarguent de nombreux composés chimiques, tels les célèbres perturbateurs endocriniens, aux nombreux effets délétères sur la santé. Une nouvelle étude voudrait leur attribuer aussi des implications directes sur l’obésité.

Surpoids et plastiques : une nouvelle piste

L’obésité continue son inexorable progression depuis les années 1970 : 39 % de la population adulte mondiale est aujourd’hui en surpoids, 13 % en situation d’obésité. Pour mémoire, le surpoids et ses comorbidités contribuent largement aux maladies cardiovasculaires, au diabète, aux pathologies rénales et aux cancers.

Ce vaste problème de santé publique est jusqu’à présent attribué principalement à des critères d’hygiène de vie tels l’alimentation, la sédentarité, les troubles du sommeil, et dans une certaine mesure, à la génétique et à l’âge.

La recherche a cependant montré que normaliser l’apport calorique et pratiquer de l’exercice physique ne suffisait pas toujours à enrayer la prise de poids. L’appétit, la satiété, le métabolisme et le poids étant liés au système endocrinien, il semblait pertinent d’envisager l’exposition croissante aux perturbateurs endocriniens – et autres composés issus des plastiques – comme un des facteurs de désordres métaboliques conduisant au surpoids.

Une incroyable variété chimique dans les plastiques

La nouveauté qu’introduit l’étude qui nous intéresse, c’est notamment de montrer que la palette des produits chimiques susceptibles de contribuer directement ou indirectement à l’obésité semble bien plus étendue que les seuls perturbateurs endocriniens identifiés jusqu’ici.

Les chercheurs ont ainsi analysé 34 produits plastiques de la vie quotidienne (bouteille, flacon, film alimentaire, sac de congélation, pot de yaourt, etc.) afin d’investiguer leur impact sur l’adipogenèse (l’élaboration de réserve de graisse dans le corps). Ils y ont détecté 55 300 composants chimiques et ont provisoirement identifié 629 substances, dont 11 connues pour être des perturbateurs du métabolisme (metabolism-disrupting chemicals ou MDC).

Des composés inédits promoteurs de l’adipogenèse

Les auteurs de l’étude ont testé l’action des composés issus des plastiques sur des cellules de type 3T3-L1, une lignée de pré-adipocytes d’origine murine. Il s’est avéré que les MDC favorisaient la différentiation de ces pré-adipocytes en adipocytes capables d’accumuler des triglycérides. Et ce jusqu’à ressembler finalement à des cellules de graisse blanche matures, composants principaux de notre graisse.

Certains plastiques qui n’étaient jusqu’ici pas connus pour perturber le métabolisme se sont montrés, dans cette étude, capables de promouvoir la prolifération des cellules graisseuses. Il ne serait donc pas surprenant qu’il reste à découvrir un nombre conséquent d’autres composés chimiques dans les innombrables objets en plastique du quotidien auxquels nous sommes confrontés et qui pourraient avoir des effets similaires.

Ce sont les molécules issues des produits à base de PVC (polychlorure de vinyle) et de polyuréthane qui ont été les plus prompts à favoriser l’adipogenèse, suivis par les produits utilisant du polypropylène, du polystyrène et du polyéthylène à faible densité, tandis que les composés extraits des produits en PET (polyéthylène téréphtalate), polyéthylène haute densité et acide polylactique se sont montrés inactifs.

Le plastique, plus si fantastique

Les matières plastiques synthétiques, à l’instar de l’industrie de la chimie en général, se sont développées dès la première moitié du XXe siècle, pour connaître leur âge d’or à partir de la fin de Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, elles sont absolument partout.

Le principe même de la perturbation endocrine par des agents chimiques n’émerge dans le débat public qu’à partir de 1991. Ce principe a été suggéré lors d’une conférence d’un groupe de chercheurs mené par Theodora Colborn qui travaille sur le sujet depuis 1987.

La même année, deux autres chercheurs de la Tufts University du Massachussetts, Anna Soto et Carlos Sonnenschein, découvrent les effets œstrogéniques du nonylphénol, un additif de stabilité utilisé dans la fabrication de certains plastiques. Ils mettront en lumière un peu plus tard les effets délétères du Bisphénol A.

L’étude élargie des effets spécifiquement liés au relargage toxique par les plastiques d’usage quotidien est plus récente. Elle est notamment le fait d’un groupe de recherche allemand dénommé PlastX, qui a publié une première étude en 2019, dont celle en référence ici est un prolongement.

 

Source :

« Adipogenic Activity of Chemicals Used in Plastic Consumer Products », Environmental Science & Technology, Janvier 2022 – doi : 10.1021/acs.est.1c06316

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé