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Les « obésogènes » : ces substances du quotidien qui nous font gonfler

  • Les obésogènes : des substances qui nous font gonfler !Les obésogènes : des substances qui nous font gonfler !
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Et si la hausse de l’obésité observée dans le monde entier n’était pas seulement liée à une alimentation déséquilibrée couplée à une absence d’activité physique mais à un mal plus insidieux : les substances « obésogènes » contenues dans de nombreux objets et aliments quotidiens ?

Il est couramment admis que l’épidémie actuelle d’obésité est principalement causée par une trop grande consommation de calories et d’aliments ultra-transformés, couplée à un déficit d’activité physique. Pourtant, ces vingt dernières années, alors que le nombre quotidien de calories consommé reste stable, l’obésité continue d’augmenter.

Bisphénols, phtalates : des coupables invisibles

Pour un nombre croissant de spécialistes, les coupables sont probablement les substances chimiques invisibles contenues dans de nombreux produits du quotidien, dont les aliments ultra-transformés qui favorisent le stockage des graisses et ce, quel que soit notre degré d’activité physique. Comme l’explique Leonardo Trasande, scientifique en santé environnementale à l'Université de New York aux États-Unis : « Il existe au moins cinquante produits chimiques, probablement beaucoup plus, qui nous font littéralement grossir », à l’image du célèbre bisphénol A, des phtalates et autres retardateurs de flamme, qui poussent nos organismes à fabriquer de nouvelles cellules graisseuses tout en favorisant le stockage des graisses dans le corps.

Dans les essais cliniques menés sur des animaux, ces produits font clairement grossir les animaux ou leurs descendants. On les appelle les produits « obésogènes », terme inventé en 2006 par le biologiste cellulaire Bruce Blumberg, suite à ses découvertes autour du chlorure de tributylétain, un produit chimique qui favorise la formation de graisse chez la souris.

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Satiété, métabolisme et microbiote perturbés

Robert Lustig, professeur émérite d'endocrinologie à l'Université de Californie à San Francisco, militant contre l'obésité infantile, et quelques collègues affirment dans leurs travaux que l’exposition à ces substances obésogènes est un facteur méconnu et sous-estimé participant à l’épidémie actuelle d’obésité. De nombreuses études sur les animaux montrent les mécanismes étonnants par lesquels ces composés nous font prendre du poids et ce, dès des doses auxquelles nous sommes déjà exposés aujourd’hui.

Par exemple, des souris, dont l’alimentation contient un certain phtalate DEHP prénommé « phtalate de bis(2-éthylhexyle) », consomment soudainement plus de nourriture, prennent du poids et particulièrement de la graisse abdominale. Or ce phtalate DEHP est présent dans notre quotidien puisqu’il participe à améliorer la souplesse du PVC utilisé dans des revêtements de sols, dans des contenants alimentaires ou encore dans des jouets pour enfants.

En activant certains de nos récepteurs, comme le récepteur PPAR, d’autres substances obésogènes, comme le chlorure de tributylétain (TBT), favorisent l’accumulation de graisse dans nos cellules existantes et, pire encore, favorisent la multiplication de cellules graisseuses « malsaines », capables de stocker de la graisse mais incapable de la déstocker. Un impact qui pourrait possiblement se répercuter sur plusieurs générations de façon assez effrayante. Par exemple, lorsqu’une femelle est exposée à de faibles doses de ce TBT durant la grossesse, on observe chez les mâles (non exposés) des quatre générations suivantes une propension à stocker la graisse plus facilement.

À noter : il existe également des molécules (naturelles, cette fois) qui agissent positivement sur l’adipogénèse (voir notamment dans l’article suivant la partie « Des "brûle-graisse" au "stop-graisse" : agir sur les pré-adipocytes »)

D’autres contaminants environnementaux comme certains plastifiants, phtalates, bisphénols et substances per- et poly-fluoroalkyles (PFAS) se lient à ce récepteur PPAR, récepteur majeur de l’adipogénèse, et peuvent altérer notre capacité à contrôler notre appétit, impacter notre microbiote intestinal ou modifier la quantité d’énergie que notre corps brûle lorsqu’il est au repos. Or, la quantité d’énergie brûlée lorsque nous sommes au repos (également appelée le métabolisme de base) représente 70 % de l’énergie dépensée par notre corps chaque jour. Ainsi, des études ont pu noter que les individus ayant des taux de composés perfluorés plus élevés avaient des métabolismes de base plus faibles et reprenaient du poids plus facilement et plus rapidement que les autres.

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Additifs, édulcorants et exhausteurs de goût sur le banc des accusés

Enfin, les célèbres bisphénols agissent par pas moins d’une dizaine de ces mécanismes, dont une régulation perturbée de l’insuline, et favorisent également la prise de poids. En augmentant les taux d’insuline, des édulcorants visant à manger moins de sucres, comme l’aspartame, la saccharine ou le sucralose, semblent également augmenter le taux de graisse corporelle. D’autres produits retrouvés dans l’alimentation quotidienne sont suspectés d’être obésogènes. C’est le cas de certains exhausteurs de goût comme le glutamate monosodique, d’émulsifiants et additifs alimentaires (comme la carboxyméthylcellulose utilisée pour épaissir les crèmes glacées) ou les parabènes utilisés comme conservateurs dans l’alimentation ou les cosmétiques.

La conclusion de ces spécialistes est simple : pour réduire votre exposition à ces composés, réduisez les emballages plastiques, ne réchauffez jamais un plat en plastique au micro-ondes, fuyez les aliments ultra-transformés emballés et préférez acheter des ingrédients frais à cuisiner vous-même.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé