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Thermalisme : le grand retour de l’eau qui soigne
Face à l’épidémie silencieuse des maladies chroniques, du stress généralisé et de l’épuisement psychique, une ancienne médecine refait surface : le thermalisme. De nombreuses stations thermales réinventent aujourd’hui leurs soins pour mieux répondre aux enjeux de santé de notre époque.
Malgré un engouement qui ne se dément pas, le thermalisme n’a rien d’un phénomène de mode. Dax, Aix-les-Bains, Vichy, Bourbon-Lancy, Néris-les-Bains ou Évaux-les-Bains sont par exemple des sources thermales connues et appréciées depuis l’époque gallo-romaine. Avec son temple dédié à Neptune, Balaruc-les-Bains était une station réputée pour le repos et traitement pour les légions romaines avant de devenir une des stations thermales les plus plébiscitées en France aujourd’hui. Au Mont-Dore ou à Royat-Chamalières, les bains publics romains se sont également succédé sous des formes différentes jusqu’à l’époque moderne...
Loin de se complaire dans leur passé glorieux, ces stations réinventent aujourd’hui le soin par l’eau. En s’adaptant aux besoins contemporains de santé, de prévention et de bien-être, elles s’ancrent pleinement dans une médecine de demain, à la fois douce, personnalisée et respectueuse de nos équilibres.
L’eau, toujours au cœur des soins
Pour qui n’en a jamais pratiqué, la diversité des soins thermaux est plus impressionnante. Parmi les plus connus, on trouve bien sûr les piscines d’eau thermale, les bains à jets, les douches sous immersion, les différentes applications de boue thermale (illutations, cataplasmes, bains de boue), les bains bouillonnants (aérobains) ou les bains locaux d’eau thermale (maniluves, pédiluves..). Mais certains soins sont moins connus, visant des problèmes de santé spécifiques :
- Douche filiforme pour les dermatoses à La Bourboule , Dax ou Avène.
- Aérosol thérapie ou douche à vapeur pour les problèmes respiratoires à Jonzac, La Bourboule et au Mont-Dore
- Pulvérisation de vapeur d’eau à visée décontractante et antalgique sur différentes parties du dos à Néris-les-Bains ou Évaux-les-Bains,
- Usage du gaz carbonique contenu dans l’eau (bain de gaz thermal, insufflation sous-cutanée de gaz) pour les maladies cardioartérielles aux thermes de Royat-Chamalière,
- Irrigation vaginale en cas d’endométriose ou d’affections pelviennes à Évaux-les-Bains
- Alternance de bains froids et chauds sur les jambes (Pedikneipp) utilisée en phlébologie à Barbotan les thermes, la Lechère ou Évaux-les-Bains
Bien sûr, dans de nombreuses stations, et lorsque la composition de l’eau le permet, celle-ci est bue quotidiennement par les curistes selon des quantités précises après prescription du médecin thermal.
Les eaux thermales à la loupe
(Hall des sources, à Vichy)
À chaque composition d’eau correspond des indications spécifiques. Tour d'horizon (non exhaustif) :
Eaux sulfurées : soulagent les muqueuses, utilisées contre rhinites, otites, asthme, bronchites.
Eaux sulfatées calciques : recommandées pour les reins et certaines maladies métaboliques.
Eaux sulfatées mixtes : efficaces contre l’eczéma et les cicatrices de brûlure.
Eaux chlorurées : stimulent la croissance, utiles en cas d’énurésie ou de troubles du développement.
Eaux bicarbonatées sodiques : apaisent les troubles digestifs et hépatiques, cicatrisent les muqueuses.
Eaux bicarbonatées calciques : utilisées en dermatologie, notamment pour l’acné et les brûlures.
Eaux à minéraux spécifiques : cuivre (peau), fer (anémie), arsenic (allergies), effets immunostimulants.
C'est ainsi que les eaux de Brides-les-Bains, riches en sulfate de calcium, ont ainsi un effet coupe-faim et agissent sur le fonctionnement hépatique, les rendant toutes indiquées pour les personnes en surpoids et souffrant de troubles métaboliques. Celles de Vals-les-bains, bicarbonatées sodiques, ont fait leurs preuves sur le rééquilibrage de la glycémie et sont donc toutes indiquées pour les curistes diabétiques. Certaines stations comme Vichy, la « reine des villes d’eau », recense pas moins de neuf sources différentes, dont certaines sont riches en bicarbonates ou en minéraux rares, aux effets documentés sur la digestion ou l’équilibre acido-basique.
Tous ces soins, externes comme internes, sont bien entendu encadrés, standardisés et validés par la médecine thermale. L’objectif est triple : traiter en douceur, apaiser les douleurs et améliorer la qualité de vie des personnes en proie aux maladies chroniques
A chaque station thermale ses indications !
Les cures conventionnées, c’est-à-dire remboursées en partie par l’assurance maladie, durent traditionnellement 18 jours et s’inscrivent dans douze grandes orientations thérapeutiques reconnues :
- Rhumatologie (arthrose, rhumatismes inflammatoires, séquelles de traumatismes, algodystrophies, fibromyalgie, lombalgies chroniques…)
- Phlébologie (varices, séquelles de phlébites, œdème…)
- Voies respiratoires (rhinites allergiques, rhino sinusites et rhino-pharyngites, angines, otites, amygdalite cryptique, sinusites, perte d’odorat, polypose…).
- Dermatologie (acné, couperose, dermatites atopiques, dermites, dyshidrose, eczéma et psoriasis, prurits, séquelles de brûlure…)
- Affections urinaires (cystites, infections vaginales)
- Affections de la bouche (affections des gencives, aphtes, candidoses, perlèches, lichens plans, chéilites, glossodynies…)
- Appareil digestif (maladies métaboliques, troubles de l’estomac, de l’intestin, du colon, du rectum, troubles du foie et voies biliaires, maladies du pancréas…)
- Maladies cardioartérielles (hypertension artérielle, maladie de Raynaud, artériopathies des membres inférieurs, dilatation artérielle, angine de poitrine, séquelles d’infarctus…)
- Neurologie (séquelles d’accident vasculaire, maladie de Parkinson ou Charcot, sclérose en plaques, zona, traumatisme crânien…)
- Gynécologie (douleurs pelviennes, troubles du cycle, endométriose, mycoses récurrentes)
- Affections psychosomatiques (anxiété, phobie, trouble panique, stress post traumatique, trouble du sommeil…)
Thermalisme et recherche
Le thermalisme n’agit pas qu’en surface. L’étude MAPT souligne son rôle dans la prévention du déclin cognitif, l'étude PACTHE démontre ses bienfaits après un cancer du sein et Therm&Veines pour les maladies veineuses chroniques. L’enquête PRISME, elle, confirme son intérêt pour le syndrome métabolique et l’obésité. Quant à l’étude FIETT, elle confirme sont intérêt dans la fibromyalgie. Plus globalement, les cures réduisent significativement la douleur et la consommation de médicaments dans de nombreuses pathologies chroniques (arthrose, anxiété, etc.). Certaines études récentes ont montré une amélioration de la qualité de vie à 6 mois ou un an après une cure, expliquant sans doute pourquoi 70 % des curistes sont fidèles d’une année sur l’autre. Les résultats de recherches scientifiques sur le thermalisme sont recensés par l’association française pour la recherche thermale.
Chaque station thermale peut avoir jusqu’à 4 indications de santé reconnues pour des cures conventionnées. Les patients peuvent combiner lors de leurs cures deux indications pour traiter simultanément deux maladies, qu’elles soient directement liées ou pas.
Du fait d’une solide et ancienne réputation d’efficacité du thermalisme sur ces problématiques de santé, la rhumatologie domine encore largement aujourd’hui dans les prescriptions de cures, avec environ 80 % des curistes concernés, suivie de loin par les pathologies phlébologiques, les problèmes de voies respiratoires, d’appareil digestif et les troubles métaboliques.
Si une grande majorité des stations thermales traitent les problèmes rhumatologiques, certaines stations se distinguent sur des problématiques de santé plus rares : les affections neurologiques, par exemple, ne concernent que trois stations thermales en France : Ussat-les-Bains, Lamalou-les bains et Néris-les-bains. Cette dernière propose par exemple des séjours spécifiques pour les personnes atteintes de de Parkinson et de sclérose en plaque. La station bénéficie également de l’indication « affections psychosomatiques » du fait de ses eaux riches en lithium et magnésium, deux minéraux pertinents en cas d’anxiété ou de troubles du sommeil notamment.
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En phase avec l’époque, l’offre de soins thermaux s’est peu à peu adaptée à des problèmes de santé émergents de plus en plus reconnus comme l’endométriose ou la fibromyalgie et certaines stations se distinguent par leurs spécialisations croissantes.
La station de Bourbon-Lancy, spécialisée dans les affections rhumatismales, l’arthrose et les maladies cardioartérielles, a ainsi été la première station à obtenir l’aval des autorités sanitaires pour un séjours spécial dédié aux patients fibromyalgiques. Ce programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) appelé Fibr’Eaux vise à aider les personnes à acquérir plus de compétences et d’autonomie dans la gestion de leur maladie tout en améliorant leur qualité de vie. La station de Châtel-Guyon est quant à elle spécialisée dans les troubles du microbiote intestinal associés aux problèmes articulaires. Cette double orientation rhumatologie et pathologies digestives attire chaque année des patients en quête de solutions plus douces, notamment les personnes atteintes de fibromyalgie, dont environ 80 % souffrent aussi de troubles digestifs….
Du soin au bien-être : un virage stratégique assumé
Si plus de 470 000 personnes ont suivi en 2024 une cure thermale conventionnée dans l’une des 88 stations thermales françaises, la baisse importante de fréquentation pendant et à la suite la crise du Covid a incité de nombreuses stations à élargir leur offre de prestations pour accueillir de nouveaux publics plus jeunes et en quête de bien-être, à l’image des centres de thalassothérapie dont les soins se sont vus dé-remboursés dans les années 1990. C’est ainsi qu’on trouve facilement aujourd’hui des mini-cures « découverte », « détox » ou « détente » d’un à trois jours, tandis que nombre de stations intègrent désormais des spas, des espaces dits « thermoludiques » ou sensoriels. Si la cure médicale est encadrée, prescrite par un médecin et potentiellement remboursée ; les soins bien-être relèvent du confort personnel.
Une offre qui se diversifie : l’univers des mini-cures.
Les stations thermales proposent également des séjours plus courts, des « mini cures » de 3 à 12 jours à la charge des patients, structurées autour de propositions de prévention santé ciblées. Soit que les personnes n’ont pu se voir prescrire une cure conventionnée, qu’elles n’aient pas le temps dans l’année d’effectuer un séjour de 18 jours ou bien qu’elles rencontrent des problèmes non encore reconnues par l’assurance maladie. En plus des indications reconnues émergent en effet des propositions comme des mini-cures post-covid, sevrage tabagique, spécial acouphènes, santé post cancer, minceur, allergies…
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Se développe également, en parallèle des soins thermaux, tout un écosystème d’accompagnement des personnes pour faire de leur séjour une expérience holistique propre à la régénération globale, prenant en compte les multiples dimensions de leurs pathologies et leurs impacts.
C’est ainsi que le Centre thermal de Saujon, spécialisé dans les troubles anxieux, a créé l’École Thermale du Stress proposant des stages de 1 à 3 semaines qui associent soins de balnéothérapie, ateliers psychoéducatifs et accompagnement individuel. Les séjours post-cancer de Neyrac-les-Bains comprennent de l’activité physique, des soins détentes, relaxation, sophrologie, consultation diététique et cour de cuisine. La mini-cure sommeil de Vichy invite, en plus des soins thermaux à un changement d’hygiène de vie avec un bilan nutritionnel, des ateliers d’activité physique et de gestion émotionnelle (relaxation, sophrologie). Bourbon-Lancy a même conçu des mini-cures pour les aidants, avec en plus des séances de musicothérapie, des conférences, de la diététique ou du Gi-gong. Ce type d’approche globale, de plus en plus développée, permet de renforcer les effets des soins thermaux classiques.
Comment faire une cure thermale conventionnée ?
Un médecin (généraliste ou spécialiste) peut, à votre demande, vous prescrire une cure thermale avec une ou deux orientations selon vos pathologies. Il choisit avec vous la station la plus adaptée à votre pathologie, en fonction des soins, de l’eau et du climat. Il remplit ensuite le formulaire de demande de prise en charge. Après réception de l’accord de prise en charge, vous devrez prendre contact avec l’établissement thermal en question pour vous inscrire à la période de votre choix (et éventuellement conjuguer à une mini-cure de son choix à ses propres frais). Contactez également l'office de tourisme, pour choisir un hébergement qui peut être intégré ou non à l'établissement. La cure conventionnée est prise en charge partiellement (à hauteur de 65 %) et les soins bien-être ne le sont pas. Les frais d’hébergement et de transport restent à votre charge sauf cas particulier (CMU, ALD). Le coût moyen d'une cure aujourd'hui est de 1100 euros, dont 560€ de soins thermaux, avant prise en charge de l'Assurance maladie et une éventuelle complémentaire santé (source CNETh). Prenez-y vous à l’avance et comptez parfois plusieurs mois d’attente, notamment dans les petites stations qui ferment souvent l’hiver.
À l’heure où l’on cherche une approche plus douce de la santé et une réponse aux pathologies chroniques autre que purement médicamenteuse, le thermalisme coche toutes les cases : soins naturels, cadre reposant, efficacité validée, et prise en charge globale. Accessible, éprouvé et en adéquation avec les problématiques de notre époque, il est plus que jamais dans l’air du temps.
Aller plus loin
Conditions de prise en charge de l’assurance maladie
Stations thermales citées dans l'article :
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