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Sclérose en plaques : agir sur l’inflammation et le stress oxydatif

  • La sclérose en plaques (SEP), maladie aux causes encore floues.La sclérose en plaques (SEP), maladie aux causes encore floues.
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La recherche scientifique autour de la SEP s’intensifie et, en parallèle de l’accompagnement conventionnel, des approches se tournent aujourd’hui vers le traitement du stress oxydatif qui exacerbe cette maladie inflammatoire. Les antioxydants et anti-inflammatoires naturels pourraient, dès lors, participer au mieux-être des malades, et aider à lutter contre certains symptômes de la sclérose en plaques.

Article mis à jour le 31/03/2022 par Nihel Amarni

En 2018, la sclérose en plaques (SEP)  touchait 100 000 personnes en France, dont 700 enfants. Cette pathologie est désormais reconnue comme ayant une large part auto-immune. Lorsqu’une personne est atteinte de SEP, son système immunitaire, notamment par le biais des lymphocytes, détruit certains constituants de la myéline, la gaine protectrice du prolongement des neurones. Cette auto-agression conduit à des réactions inflammatoires en cascade, puis à la dégénérescence des fibres nerveuses et des problèmes dans la transmission du flux nerveux.

La sclérose en plaques est, de ce fait, également une maladie inflammatoire et dégénérative du cerveau et de la moelle épinière (riches en neurones), qui peut atteindre à terme toutes les fonctions du système nerveux, à des degrés différents selon les patients : vision, motricité, équilibre et coordination, sensations, contrôles sphinctériens, mémoire et capacités intellectuelles. Cette maladie évolue généralement en deux phases : une dite “récurrente-rémittente” – ponctuée par des “poussées” et des “crises” séparées de périodes de rémissions (sans ou avec peu de symptômes) – et une dite “progressive” où la pathologie s’installe dans la durée avec des phases de rémission qui viennent à disparaître peu à peu. Ces poussées sont l’expression d’une inflammation aiguë du système nerveux, qui finit par se chroniciser avec l’avancée dans la maladie. Cet effet inflammatoire nourrit à la fois la démyélinisation et une forte augmentation du stress oxydatif.

Inflammation et stress oxydatif.

Le stress oxydant se définit par un déséquilibre entre notre production de radicaux libres ou espèces réactives de l'oxygène (ERO) et nos capacités cellulaires antioxydantes. Dans notre organisme et lors de son fonctionnement habituel, la concentration en ERO est régulée par les systèmes antioxydants endogènes (SOD, Glutathion). Cet équilibre peut être rompu soit par une production excessive de radicaux libres (notamment en cas pathologies lourdes), soit par une diminution des capacités antioxydantes. Ce stress oxydatif est très dommageable pour nos cellules, entraînant des anomalies d’expression des gènes et des récepteurs, prolifération ou mort cellulaire, troubles immunitaires, etc.

Dans la SEP, ce stress oxydatif est impliqué dans la dégénérescence cellulaire lors des deux phases de la maladie. Il représente même l'un des principaux facteurs de lésions cellulaires du système nerveux central, mais entretient également une production de cytokines pro-inflammatoires, dans un cercle vicieux qu’il convient d’essayer de ralentir, faute de pouvoir l’enrayer. La sclérose en plaques étant une maladie inflammatoire et neurodégénérative, le stress oxydatif ne peut qu'augmenter la maladie et ses dommages. Dans cette optique, plusieurs études insistent sur l’importance d’agir sur ce stress oxydant excessif comme moyen de ralentir la progression de la sclérose en plaques, mais également de diminuer ses symptômes ainsi que l’intensité des poussées.

L’alimentation au coeur des recherches scientifique sur la SEP

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie dont les causes restent encore inconnues, mais certaines preuves épidémiologiques suggèrent que cette pathologie est le résultat d'une interaction complexe entre les gènes et les expositions environnementales durant toute la durée de la vie. L'alimentation est alors un facteur environnemental non négligeable et de plus modifiable, qui peut influencer la progression de la SEP et en réduire les symptômes. Concrètement, l’alimentation peut agir sur l'expression des gènes et les changements dans la composition du microbiome intestinal, qui peuvent tous deux entraîner une régulation de l'inflammation et du stress oxydatif.

En ce sens, une étude menée par des chercheurs de UConn Health et de la Washington University School of Medicine, publiée en janvier 2022 dans la revue EBioMedicine, s’est attachée à rechercher des corrélations subtiles mais importantes entre le microbiome intestinal, le système immunitaire, le régime alimentaire et les métabolites sanguins chez les patients atteints de SEP. Les analyses conduites sur 49 volontaires, dont 25 sujets SEP et 24 témoins en bonne santé, ont mis en lumière une forte corrélation entre une consommation plus élevée de viande, une diminution de la population de Bacteroides thetaiotaomicron dans le microbiote, l’augmentation des cellules T-helper 17 (responsable d’hyperinflammation) chez l’individu et l’intensité des attaques auto-immunes sur le système nerveux. Ainsi une consommation élevée de viande, pour les patients atteints de SEP, à une incidence sur la population bactérienne qui aurait à son tour un impact négatif et stimulant à l’excès le système immunitaire. Une diminution des apports en viande semble donc un bon conseil pour les personnes atteintes de SEP.

En cohérence avec cette récente recherche, des régimes alimentaires spécifiques sont mis en avant par les spécialistes de la nutrition comme pouvant contribuer à une meilleure hygiène de vie des personnes atteintes de SEP. On peut notamment citer le désormais réputé régime Seignalet, le régime Swank à faible teneur en graisses saturées, le régime méditerranéen, le régime paléolithique modifié Wahls, ou encore le régime cétogène, voire le jeûne. Il n'existe que très peu d’études cliniques se penchant sur les potentiels avantages en cas de SEP de toutes ces diètes, juste des retours d’expériences de cliniciens convaincus de leurs intérêts. Reste qu’une étude clinique est en cours sur le régime Swank et Wahls, alors que le régime méditerranéen – déjà partiellement étudié – semble avoir un impact significatif et positif sur la SEP. Tandis que les résultats de recherches datant de 2022 sur le régime cétogène semblent prometteurs*.

Régime Swank : Ce régime établi par le Dr Swank consiste à limiter drastiquement les matières grasses saturées dont les viandes. Il a fait l’objet d’une étude controversée, dirigée par le Dr Swank lui-même, sur 144 personnes pendant 30 ans (dont 15 pendant 50 ans) chez qui la progression de la maladie et la mortalité auraient été réduites.

Régime Wahls™ : Ce régime, également décrit comme “paléo modifié” a été conçu par le Dr Terry Wahls. Il se concentre essentiellement, à fournir au corps les nutriments indispensables à une bonne santé neuronale. Reste qu’il inclut également l'élimination de certains aliments qui peuvent augmenter la perméabilité intestinale et l'inflammation du système nerveux central comme les aliments riches en lectines tels que l'aubergine ou la tomate et certaines céréales. Ce régime recommande également la pratique d’activités physiques ainsi que la méditation et l'automassage.

Régime méditerranéen : Ce régime est connu pour être le meilleur des régimes traditionnels à appliquer du fait de sa polyvalence et de son impact avéré sur un ensemble de pathologies et paramètres de santé. Le peu de graisse et de viande présents dans ce mode d’alimentation pourrait convenir aux patients atteints de sclérose en plaques. La consommation de légumineuses et de fruits apporterait aussi les nutriments nécessaires à éviter certaines carences qui peuvent exacerber les symptômes de la SEP. Dans d’autres contextes, le régime méditerranéen a largement montré son intérêt dans la santé neuronale, la réduction du stress oxydatif, la baisse de l’inflammation ou la régulation de l’immunité.

Régime cétogène : Dans son application la plus stricte, ce régime est basé sur une alimentation riche en graisses (60 à 80 %), modérée en protéines (10 à 15 %) et très pauvre en glucides (5 à 15 %). Ainsi, les céréales, les graines, les fruits et légumes riches en glucides et même les produits laitiers sont typiquement évités. Ainsi, une récente étude américaine a porté sur 65 patients atteints de sclérose en plaques récurrente-rémittente (forme la plus courante de la maladie), et durant une période de six mois. Les premiers résultats montrent que les 80% des particpants ayant adhéré à une forme de régime « keto » marchaient plus loin et plus vite qu’avant la diète. D’autres avantages ont également été mis en exergue tel que des améliorations significatives au niveau de la vitesse de la “motricité fine” (précision des gestes), des scores de fatigue, de dépression, de qualité de vie et enfin des changements bénéfiques dans les marqueurs sanguins pro-inflammatoires. La présentation détaillée de l’étude lors de la 74e réunion annuelle de l’Académie américaine de neurologie à Seattle, pour connaître les paramètres ainsi que les résultats définitifs de la recherche.

Lire aussi Paléo, cétogène, Fodmap, Seignalet, Gaps, Wahls… Principes et intérêts des différents « régimes d’exclusion »

Micronutriment des études prometteuses

Les antioxydants et les anti-inflammatoires contenus dans certaines plantes ou compléments alimentaires peuvent, selon ces études observationnelles et animales, aider à lutter contre le stress oxydatif, et diminuer les inflammations engendrées par la sclérose en plaques. Notre connaissance actuelle du statut nutritionnel des patients souffrant de SEP montre clairement une grande prévalence de carences en vitamines A, B12 ou D3 par exemple, pointant leur probable intérêt en complémentation. Reste que peu d'études cliniques, là encore, ont été menées et ceci malgré des premiers résultats encourageants et prometteurs. On ne peut que déplorer le retard pris dans de telles directions de recherche, et l’absence d’approche plus intégrative de cette pathologie, tant les traitements médicamenteux actuels donnent lieu à des effets iatrogéniques nombreux et, de ce fait, à des problèmes d’observance. Tour d’horizon des micronutriments qui pourraient peut-être trouver demain leur place dans une nouvelle approche de la maladie au côté des traitements classiques (à ce stade, les interactions avec certains des médicaments prescrits étant possible, il est vivement recommandé d’obtenir l’aval de son médecin traitant).

  • La vitamine D : Des études sur la SEP ont démontré que la vitamine D3 agit sur l'inflammation et le stress oxydatif. De plus, une carence de cette vitamine semble pouvoir entraîner une progression plus rapide de la maladie, selon plusieurs études observationnelles. Cependant une supplémentation à haute dose serait nécessaire afin de constater des effets significatifs, générant des risques d’hypercalcémie pointés du doigt par les chercheurs. Il s’agit dès lors aujourd'hui de déterminer la dose idéale pour pencher du bon côté de la balance bénéfice-risques.
  • La vitamine A : remplit diverses fonctions essentielles de l'immunité grâce à son métabolite le plus actif, l'acide rétinoïque. Des études ont constaté qu'il existe une corrélation négative entre le taux de vitamine A et le développement de la SEP, et que les patients atteints de SEP présentent un taux de vitamine A plus faible. La vitamine A contribue à rééquilibrer le système immunitaire altéré avec la maladie et possède également des propriétés anti-inflammatoires. Des études cliniques à grandes échelles sont attendues afin que la prise de vitamine A puisse enfin être considérée comme un traitement à part entière.
  • La mélatonine : produite par l’organisme dans la régulation du cycle veille-sommeil et synthétisée la nuit, cette hormone est également antioxydante et neuro-protectrice. Les personnes travaillant en horaires décalés et connaissant des troubles du rythme circadien semblent plus à risque de contracter la SEP. Beaucoup d’études montrent que la mélatonine régule positivement l’immunité, l’oxydation et l’inflammation neuronale. Les résultats de 5 études animales montrent que la mélatonine pourrait diminuer la sévérité des symptômes cliniques de la SEP mais d’autres éléments probants manquent à ce jour pour en conseiller l’usage chez les personnes malades.
  • La curcumine : que l'on retrouve dans le curcuma mais également de nombreux compléments alimentaires, est connue pour ses vertus variées. Pour la sclérose en plaques, de nombreuses études sur animaux mais également ex-vivo ont démontré son efficacité anti-inflammatoire, anti-cytokine pro-inflammatoire ainsi que sa capacité à augmenter l’expression des gènes anti-inflammatoires. De plus, la curcumine possède également des effets neuro-protecteurs.
  • Les flavonoïdes : également appelés bioflavonoïdes, ils joueraient un rôle important dans la gestion de la sclérose en plaques. Il s'agit de polyphénols colorés aux propriétés antioxydantes que l'on trouve dans de nombreux fruits et légumes colorés mais également des plantes, comme notamment le thé vert (riche en EGCG, quercétine et kaempferol). En plus de posséder des propriétés anti-inflammatoires, les flavonoïdes réduisent la production de certaines cytokines inflammatoires, piègent les radicaux libres et neutralisent des enzymes pro-oxydantes. Enfin, ils sont également neuroprotecteurs et modulent les fonctions des cellules immunitaires, améliorant le terrain auto-immun. Reste que des études cliniques spécifiques sont en attente.
  • Le resveratrol : ce polyphénol de la famille des stilbènes est contenu dans plus de 70 plantes, les plus connues étant le raisin (et vin rouge), la renouée du Japon, la canneberge ou les cacahuètes. Neuro-protecteur, anti-inflammatoire et antioxydant, il pourrait aider les patients atteints de SEP. Dans des études sur des souris, un resvératrol de qualité pharmaceutique (SRT501) a par exemple prévenu la perte neuronale consécutive à névrite optique, une inflammation du nerf optique courante dans la SEP.

Des remèdes pour les symptômes psychiques à manier avec prudence

La sclérose en plaques conduit souvent les patients à ressentir des fortes fatigues, des troubles du sommeil, voire des dépressions. La baisse du flux neuronal peut également être la cause de troubles de la mémoire, de la baisse des capacités d’apprentissage verbal et du ralentissement dans le traitement des informations. Certaines études se penchent même sur la possibilité que les émotions fortes et le stress puissent influencer la maladie. Pour pallier ces symptômes quelques plantes peuvent aider :

  • La valériane aide à retrouver le sommeil, et allégerait la fatigue. À ne pas cumuler avec des antidépresseurs (risques d’interaction).
  • Le ginseng source de vigueur grâce à ses qualités adaptogènes, il contribue à retrouver de l’énergie et à lutter contre la fatigue (attention aux interactions avec les médicaments cardiaques).
  • Le ginkgo aide à contrôler et lutter contre les différents troubles cognitifs. Attention aux risques d’interaction avec les médicaments (le plus connu étant avec les anticoagulants).
  • Le millepertuis, en plus d’être un bon antidépresseur, agit également en tant qu'anti-inflammatoire et antioxydant ce qui semblerait en faire un bon candidat pour l’accompagnement des symptômes dépressifs de la SEP. Attention toutefois, l’hyperforine du millepertuis interagit avec une enzyme du foie responsable de l’élimination de nombreux médicaments, générant ainsi des interactions avec plus de 70 familles de substances médicamenteuses (y compris des médicaments utilisés pour traiter les maladies auto-immunes). À manier donc avec extrême précaution.

Ainsi, comme pour la plupart des maladies, notre alimentation et nutrition jouent un rôle important dans le traitement des symptômes physiologiques et psychiques. La sclérose en plaques n’échappe pas à la règle et mériterait de ce fait d’être abordée de manière globale et intégrative, pour le bien-être des patients.

 

Sources :

 

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