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N-acétylcystéine (NAC) : bienfaits, utilisation et précautions

  • N-acétylcystéine (NAC) : bienfaits, utilisation et précautions
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La cystéine est un acide aminé soufré semi-essentiel que nous sommes capables de synthétiser, mais dont nous pouvons facilement manquer, pour des raisons nutritionnelles ou à cause de besoins exacerbés, par exemple en cas de fort stress oxydant. Maintenir ses niveaux de cystéine est d’autant plus important avec l’âge, car c’est, entre autres choses, un antioxydant essentiel en tant que précurseur de l’indispensable glutathion.

Article mis à jour le 23/06/2023 par La rédaction

Qu’est-ce que la N-acétylcystéine (NAC) ?

Découverte à la toute fin du XIXe siècle, la N-acétylcystéine (ou NAC ou acétylcystéine, un dérivé synthétique de la cystéine) a commencé à être utilisée en médecine, principalement comme mucolytique , dès sa synthèse chimique vers 1960. Sa déclinaison médicamenteuse la plus connue aujourd’hui est le Mucomyst. Elle a fait son entrée sur le marché des compléments alimentaires à partir des années 1980, à la suite de la médiatisation de différentes publications mettant en avant une série de bénéfices remarquables pour la santé : anti-inflammatoire, antioxydante, hépatoprotectrice, cardioprotectrice, soutien dans les troubles psychiques…

L’acétylcystéine a même intégré, depuis 1999, la « Liste modèle des médicaments essentiels » de l’OMS pour ses propriétés d’antidote en cas d’empoisonnement, notamment par surconsommation d’analgésiques, d’antipyrétiques ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens – le paracétamol 1 étant le premier concerné. Elle est aussi utilisée contre les effets secondaires liés à certains produits de chimiothérapie (la cisplatine par exemple) et aux rayons X. Des travaux ont également mis en avant sa capacité à lutter contre l’intoxication à certains pesticides et métaux lourds (plomb, mercure…).

Si l’acide aminé cystine (composé de deux cystéines) se trouve à l’état naturel dans de nombreux aliments (protéines animales, ail, noix, germes de blé, spiruline…), la N-acétylcystéine est purement synthétique, mais elle présente l’avantage d’un pouvoir antioxydant élevé, d’une vaste panoplie d’effets physiologiques et d’une innocuité à doses élevées dont ne peut pas se prévaloir la cystine.

Soulager l’encombrement des bronches

L’un des mécanismes de défense du système respiratoire consiste en la production, souvent conjointe, de peptides antimicrobiens appelés « défensines » et de mucus. C’est un phénomène naturellement induit par des pathologies inflammatoires comme la bronchite (aiguë ou chronique), la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et la mucoviscidose (ou fibrose kystique).

Dans ces cas, la NAC est indiquée pour ses propriétés mucolytiques et anti-inflammatoires abondamment documentées2. Son groupe sulfhydryle (-SH), très réactif, sert aussi bien à interagir avec les radicaux libres (espèces réactives de l’oxygène ou ERO) qu’à casser les liaisons disulfures des mucoprotéines. La NAC, sous forme orale ou en nébulisation, facilite ainsi la fluidification et l’expectoration du mucus , et réduit l’inflammation, même dans les structures les plus petites de l’arbre respiratoire que sont les capillaires et les alvéoles.

Les études ayant porté sur ces indications font mention d’une supplémentation de 400 à 1 200 mg/jour pendant trois à douze mois. Les résultats obtenus sont un amoindrissement significatif des symptômes et des complications, et une amélioration notable du confort de vie grâce à la réduction du nombre et de la durée des crises qui ponctuent l’évolution de ces maladies. Les études relatives à la fibrose kystique (19) se basent sur des durées plus longues allant de six à vingt-quatre mois de supplémentation.

Chez les sujets atteints de BPCO, la NAC améliorerait l’oxygénation3 , augmentant l’endurance des malades à l’effort physique, mais ne semble pas avoir d’influence positive sur la capacité pulmonaire.

Propriétés anti-inflammatoires

L’inflammation fait partie du processus global de défense de l’organisme au niveau cellulaire et tissulaire. Elle inclut une dilatation des capillaires, un échauffement et une concentration en cellules immunitaires (comme les leucocytes et les cytokines). Différents travaux de recherche 4 ont montré que la NAC est capable de réduire les niveaux de leucocytes et de cytokines et interleukines proinflammatoires , ainsi que ceux d’autres régulateurs de la réponse immunitaire comme le nuclear factor kappa B (NF-kB).

Contre le Covid-19 et ses complications, la NAC pourrait, selon des études de petite ampleur, contribuer à limiter l’évolution vers les formes graves5 en complément des traitements habituels ; elle aiderait en effet à mieux contrôler le risque d’orage cytokinique ainsi que la chute de la saturation en oxygène et réduirait les niveaux sanguins de protéine C-réactive (CRP), un important marqueur de l’inflammation. La durée d’hospitalisation s’en trouverait réduite.

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Antioxydant et précurseur du glutathion

La NAC possède une action antioxydante directe du fait de sa capacité à lier des ERO. Mais son potentiel maximum s’exprime en priorité au travers de sa conversion en cystine et la contribution majeure de cette dernière à la synthèse de glutathion .

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Protectrice du foie

La NAC a, vis-à-vis des cellules hépatiques, les mêmes propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires6 que sur les tissus pulmonaires, tout en contribuant, de surcroît, à remonter les niveaux de glutathion, dont le foie est un des premiers utilisateurs pour ses fonctions « d’ébouage » du sang.

Dans les pathologies du foie comme l’hépatite B ou la stéatose hépatique, des travaux7 ont montré que la prise au long cours de NAC réduisait les dommages tissulaires et améliorait la fonction hépatique , mieux d’ailleurs que ne le fait la prise directe de glutathion. Chez les personnes en situation d’obésité ou diabétiques, la prise de NAC, conjointement au traitement classique par metformine, limiterait l’accumulation de graisse ou la fibrose caractéristiques de la stéatose hépatique (NAFLD/NASH8) ainsi que l’inflammation associée.

Maladies neurodégénératives et conditions psychiques

La NAC pourrait bénéficier à certaines maladies neurodégénératives 9 telles qu’Alzheimer et Parkinson, qui sont notamment associées à une dysfonction des mitochondries sous l’effet de dommages oxydatifs allant croissant avec les années. Ces derniers épuisent les niveaux de glutathion dans les cellules du système nerveux central (SNC). Or le glutathion en supplémentation orale n’augmente pas ces niveaux (contrairement au spray intranasal), probablement parce qu’il ne passe pas la barrière hémato-encéphalique.

Des études animales indiquent que la NAC traverse cette barrière et permet de limiter le stress oxydatif qui touche les mitochondries. Des essais préliminaires de petite ampleur, menés auprès de personnes atteintes de Parkinson, ont permis de constater qu’une supplémentation en NAC remontait effectivement les niveaux cérébraux de glutathion et pourrait améliorer la transmission synaptique10.

Dans le même ordre d’idée, la NAC contribuerait à atténuer, pendant la durée de son usage, certains symptômes associés aux troubles psychiatriques 11 tels que la dépression, les troubles bipolaires ou la schizophrénie (en parallèle des traitements préconisés). Cet effet passerait notamment par une amélioration du système dopaminergique et un équilibrage de l’homéostasie du glutamate au sein du cerveau. Le glutamate y joue un rôle à la fois de neurotransmetteur, de fournisseur d’énergie et de composant dan la synthèse de glutathion.

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Un intérêt discutable contre le cancer

Les antioxydants comme la NAC se voient volontiers attribuer des propriétés protectrices vis-à-vis du processus carcinogène , confirmées par certaines études animales12. Leur capacité à séquestrer les ERO (radicaux libres) pourrait préserver en partie les cellules des dommages connus pour initier les cancers.

Cependant, ces mêmes antioxydants seraient également susceptibles de promouvoir la survie de cellules cancéreuses ou précancéreuses, voire de faciliter leur migration, comme l’ont démontré des travaux sur des mélanomes ou des cancers du poumon notamment. La littérature scientifique incite donc, pour l’heure, à la prudence13 quant aux éventuels bénéfices de la NAC, et plus généralement des antioxydants, en oncologie.

Santé cardiovasculaire

Des travaux attribuent à la NAC des bienfaits sur la santé du cœur, en particulier après une crise cardiaque : selon une étude randomisée en double aveugle contre placebo de 2014 14 portant sur 98 patients, elle permettrait un rétablissement plus rapide et préviendrait d’éventuelles complications ultérieures . Chez les sujets diabétiques, la NAC limiterait les lésions causées au muscle cardiaque par le stress oxydatif.

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Performance sportive

Le sport et l’activité physique soutenue amplifient la production de radicaux libres par l’organisme. Certaines études ont montré une amélioration des performances athlétiques durant des exercices répétés (+ 50 %), en particulier chez les sportifs les plus « producteurs » de ERO au niveau musculaire. L’intérêt de la NAC chez le sportif est plus marqué lorsque la production de ERO dépasse la capacité neutralisante du système antioxydant endogène . Cependant, les protocoles de supplémentation des études diffèrent énormément (de 1,2 à 20 g, pris de huit jours à quelques minutes avant l’effort), si bien qu’il est difficile d’en dégager des recommandations ciblées. D’autres travaux suggèrent que la NAC protège le muscle pendant l’effort et accélère la récupération.

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Et encore tout ça…

Différents travaux suggèrent que des cures de N-acétylcystéine (en l’occurrence 1 200 mg/jour) contribueraient à réduire la résistance à l’insuline et, par le biais de la restauration des stocks de glutathion, à dispenser une certaineprotection contre les complications circulatoires 15 inhérentes au diabète de type 2.

Le stress oxydatif étant l’un des principaux responsables de l’infertilité masculine, une supplémentation en NAC s’est avérée capable d’améliorer la qualité du sperme 16 et d’augmenter les chances de concevoir. D’après une méta-analyse de 201517, chez les femmes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les propriétés mucolytiques de la NAC permettraient de réduire l’épaisseur des kystes , favorisant une ovulation susceptible d’aboutir à une grossesse.

Sur le plan intestinal, la NAC contribuerait, en complément d’un traitement classique de type Oméprazole, à réduire les désagréments liés aux reflux gastriques18.

Forme, posologie, précautions

La forme à laquelle font référence les études est généralement la gélule (quelques fois la forme injectable et la nébulisation). Quant aux doses, elles varient principalement entre 600 et 2 400 mg/jour, certaines allant jusqu’à 4 000 mg/jour, voire davantage. Dans le cadre d’une supplémentation hors prescription médicale, il est préférable de s’en tenir à la fourchette 600-1 200 mg/jour en fonction de la situation qui motive la prise et de la fractionner en fractionnant en deux ou trois fois.

Il n’y a que très peu de contre-indications à la consommation de N-acétylcystéine ; elles concernent avant tout les personnes hypersensibles à la molécule et celles prenant un traitement anticoagulant – la NAC semblant avoir elle-même un tel effet.

Des effets indésirables peuvent se manifester à des doses relativement élevées (à partir de 4 000 mg/jour) ; ils consistent alors principalement en symptômes gastro-intestinaux tels que des gaz, de la diarrhée ou des nausées.

En tout état de cause, gardez à l’esprit que les processus d’oxydation/réduction sont indispensables à la vie et qu’ils doivent se dérouler dans un équilibre dynamique. En dehors d’une indication médicale, le recours à un antioxydant comme la NAC devrait donc rester ponctuel ou se faire par cures régulièrement espacées.


Références bibliographiques

1. « N-acetylcysteine overdose after acetaminophen poisoning », International Medical Case Reports Journal, février 2015.

2. « Influence of N-acetylcysteine on chronic bronchitis or COPD exacerbations: a meta-analysis », European Respiratory Society, septembre 2015.

3. « Effect of N-acetylcysteine on air trapping in COPD: a randomized placebo-controlled study », Chest Journal, août 2009.

4. « Biological Activities and Potential Oral Applications of N-Acetylcysteine: Progress and Prospects », Oxidative Medicine and Cellular Longevity, avril 2018.


5. « N-acetylcysteine for the treatment of Covid-19 among hospitalized patients », Journal of Infection, juillet 2021,

6. « Oxidative Stress and Inflammation in Hepatic Diseases: Therapeutic Possibilities of N-Acetylcysteine », International Journal of Molecular Sciences, décembre 2015.

7. « A clinical study of N-acetylcysteine treatment in chronic hepatitis B patients », 2088.

8. « Combination of N-acetylcysteine and metformin improves histological steatosis and fibrosis in patients with non-alcoholic steatoshepatitis », Hepatology Research, 2008.

9. « Overview on the Effects of N-Acetylcysteine in Neurodegenerative Diseases », Molecules, décembre 2018.

10. « N-Acetyl Cysteine May Support Dopamine Neurons in Parkinson’s Disease : Preliminary Clinical and Cell Line Data », Plos One, Juin 2016

11. « N-Acetylcysteine in psychiatry: current therapeutic evidence and potential mechanisms of action », Journal of Psychiatry & Neuroscience, mars 2011.

12. « N-acetyl-cysteine promotes angiostatin production and vascular collapse in an orthoptic model of breast cancer », The American Journal of Pathology, mai 2004.

13. « The Role of Antioxydants in Cancer, Friends of Foes? », Current Pharmaceutical Design, 2018.

14. « Effects of N-acetylcysteine on the cardiac remodeling biomarkers and major adverse events following acute myocardial infarction: a randomized clinical trial », American Journal of Cardiovascular Drugs, février 2014.

15. « N-acetylcysteine attenuates systemic platelet activation and cerebral vessel thrombosis in diabetes », Redox Biology, avril 2018.

16. « Effects of N-acetylecysteine on semen parameters and oxidative/antioxidant status », Urology, juillet 2009.

17. « N-acetylcysteine for polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled clinical trials », Obstetrics and Gynecology International, 2015.

18. « The effect of N-acetyl cysteine on laryngopharyngeal reflux », Acta Medica Iranica, 2013.

19. « Systematic review of N-acetylcysteine in cystic fibrosis », Acta Paediatrica, 1999.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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