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Syndrome de fatigue chronique après une infection virale : comment l'éviter ou en sortir ?

  • Le citron soutient les surrénales, et la cannelle a une action antiviraleLe citron soutient les surrénales, et la cannelle a une action antivirale
Article paru dans le journal nº 85

Se sentant guéri, on peut être pressé de retrouver ses activités au plus vite, quitte à se « booster » pour surmonter sa fatigue ! Ce n’est pas une bonne idée. La fatigue est un symptôme à ne jamais négliger, surtout pendant et après une infection virale. Quelques conseils pour bien la prendre en charge…

La convalescence a beau être un mot désuet, qui évoque surtout les sanatoriums du siècle dernier ou les maisons de repos pour personnes âgées, « c’est une étape incontournable après toute maladie, d’autant plus lorsqu’elle a été causée par un virus », rappelle Jean-Christophe Charrié, médecin généraliste à La Rochelle qui pratique la réflexion endobiogénique depuis vingt ans.

On le sait bien, toute maladie fatigue. Et d’ailleurs pas forcément pour les raisons que l’on croit. Ce n’est en effet pas le virus qui nous cloue au lit… mais notre organisme qui répond comme il peut à cette agression extérieure qui potentiellement menace sa survie. Autrement dit, le virus est un « stress » et la maladie, la meilleure réponse que l’organisme peut lui faire ! « L’organisme dispose de deux puissantes armes pour se défendre : les cellules que produisent son système immunitaire et sa capacité à monter en température, autrement dit à faire de la fièvre », explique le Dr Charrié. Et tout ceci nécessite beaucoup d’énergie ! L’organisme la puise dans ses réserves, « détourne » même celle qui lui permet de fonctionner au quotidien. « Et comme en plus, quand on est malade, on ne va pas forcément bien se nourrir, complète le médecin, on peut dans le même temps ne pas être en mesure de compenser ses pertes ! »

Pour autant, une fois le virus vaincu, l’histoire n’est pas finie. Comme après tout stress, l’organisme cherche à revenir à son état antérieur. Il lui faut alors calmer le jeu de son système immunitaire, reconstituer ses réserves… Et nettoyer le champ de bataille laissé par les débris de virus et de cellules détruites, alors même qu’il a déjà été « épuisé » par l’infection. Pas étonnant que cette phase de récupération s’accompagne aussi d’une grande fatigue, de maux de tête (la faute au foie, l’organe chargé justement d’éliminer ces toxines) !

Un symptôme à ne pas négliger

Au cours d’une infection, notamment virale, il est donc normal d’être fatigué. « Quand cette fatigue se poursuit après la disparition de l’infection, on parle de la fatigue post-virale, qui peut toucher tout le monde, à tout âge », rappelle le Dr Alaa Ghali, médecin interne au CHU d’Angers.

D’autres manifestations lui sont souvent associées, comme des douleurs musculaires, des troubles du sommeil, de la concentration, de la mémoire et de l’humeur. La fatigue post-virale passe habituellement en une à trois semaines. Mais elle peut durer plus longtemps. Au-delà d’un mois, on ne parle alors plus de fatigue post-virale, mais de syndrome de fatigue post-virale. Ce syndrome se caractérise par un état pseudo-grippal persistant qui se rajoute aux troubles précédents. Il concerne, selon une vaste étude, 12 % des personnes après un épisode infectieux. Dans la plupart des cas, il disparaît en quelques mois. S’il persiste, il peut alors conduire à l’installation d’un syndrome de fatigue chronique.

Or, « des études ont montré qu’en prenant correctement en charge la fatigue et le plus précocement possible, on réduisait le risque qu’un syndrome de fatigue post-virale évolue vers un syndrome de fatigue chronique », précise le Dr Ghali. Les mécanismes de la fatigue post-virale sont encore incertains, mais on en connaît au moins deux : l’organisme manque d’énergie pour fonctionner et son système immunitaire continue d’être très actif, alors que le virus a été éliminé. « On a observé un défaut de production d’énergie dans les mitochondries, ces ­mini-organes intégrés à l’intérieur de chacune de nos cellules et qui produisent normalement toute l’énergie nécessaire à leur fonctionnement, précise le Dr Ghali. On sait aussi qu’il peut y avoir une persistance de cytokines pro-inflammatoires. »

Syndrome de fatigue chronique : la piste virale

Encore peu reconnu, le syndrome de fatigue chronique désigné sous le nom d’encéphalomyélite myalgique ou de syndrome de fatigue chronique (EM/SFC) concernerait entre 150 000 et 300 000 personnes en France. Son diagnostic est posé après élimination des autres causes possibles (anémie, dépression, cancer, autre maladie chronique), en présence de symptômes existant depuis au moins six mois : une fatigue intense, accompagnée de symptômes pseudo-grippaux et autres troubles évoquant une atteinte cérébrale clinique (troubles cognitifs, brouillard cérébral, troubles du sommeil, intolérance à la position debout) et musculaire (fatigue, faiblesse, douleurs musculaires).

L’exacerbation de ces symptômes survient dans les heures qui suivent l’exécution d’une tâche, même en apparence anodine (malaise post-effort). Si les facteurs de risque ne sont pas tous connus, une infection virale initiale est mentionnée par près de la moitié des patients atteints. Certains virus seraient plus à même d’entraîner la maladie que d’autres, parmi lesquels le virus de la mononucléose infectieuse ou certains coronavirus. Ainsi, une étude conduite sur 117 patients ayant eu le virus Sars-CoV en 2003 a montré que 60 % d’entre eux présentaient un syndrome de fatigue chronique après un an…

Pour se remettre : une bonne hygiène de vie

Si ce n’est pas déjà le cas, adoptez une bonne hygiène de vie. Le sommeil peut être très perturbé par l’infection, avec des insomnies, le besoin de beaucoup dormir ou des réveils nocturnes. Continuez à vous coucher et à vous lever à heures fixes. Mais n’hésitez pas à vous programmer une sieste de vingt à trente minutes, à la même heure chaque jour ! Pour un ­sommeil de qualité, exposez-vous à la ­lumière du jour, surtout le matin… Et fuyez la lumière des écrans le soir ! Même si vous n’avez pas faim ou que vous ne vous sentez pas le courage de vous faire à manger, nourrissez-vous bien, avec des repas simples, frais et équilibrés. Et buvez suffisamment d’eau. Surtout, évitez le sucre, le café et l’alcool qui ne font qu’aggraver la fatigue, bien qu’ils puissent donner l’illusion d’un regain d’énergie.

Le Dr Charrié conseille d’instaurer un « régime d’épargne pancréatique » dès que possible. Comme son nom l’indique, ce régime vise à réduire l’activité du pancréas. Il préconise de supprimer sucres, viandes, graisses, produits laitiers ou à base de blé pendant plusieurs ­semaines. Et de ­mastiquer longuement les aliments : réduits et prédigérés par les enzymes ­s­alivaires, ils n’en seront que mieux digérés.

Commencez, par exemple, la journée avec un porridge d’avoine, simple à préparer : deux à trois cuillères à soupe de flocons à faire cuire dans de l’eau ou du lait d’avoine pendant quelques minutes. « Il a en outre des propriétés très intéressantes, puisqu’il permet de soutenir l’activité de la thyroïde (la glande endocrine qui contrôle la montée de la fièvre), et même les surrénales, pour peu que l’on y ajoute quelques fruits rouges secs comme des cranberries, des myrtilles… Il facilite aussi le travail du foie », précise le Dr ­Charrié. N’hésitez pas d’ailleurs, une fois rétabli, à poursuivre cette saine habitude !

Quelques remèdes naturels

Certains aliments, suppléments ou compléments alimentaires sont réputés pour avoir des effets bénéfiques sur un organisme malade ou convalescent, même si aucun n’a donné lieu à une étude clinique sur le syndrome de fatigue chronique.

Le docteur Charrié évoque notamment :

Le citron chaud à la cannelle est une valeur sûre. Le citron soutient les surrénales, et la cannelle a une action antivirale et sur le microbiote intestinal, malmené par l’infection. Il faut prendre un citron bio, le couper en deux et le mettre dans de l’eau avec un bâton de cannelle. Faire bouillir le tout pendant trois minutes, puis écraser le citron dans l’eau de cuisson, filtrer et boire aussi chaud qu’un grog.

Le chlorure de magnésium facilite le métabolisme nerveux et musculaire. Même s’il crée une fausse diarrhée pendant deux à trois jours, en phase aiguë, le jeu en vaut vraiment la chandelle, car son action cytophylactique protège de l’agression virale.

La vitamine C d’origine naturelle (si possible extraite à l’eau, comme Équilibre ­vitamine C de Biophénix, à base de cassis) pour une meilleure assimilation.

Le cassis (Ribes nigrum) et/ou l’églantier (Rosa canina), à prendre sous forme de gemmothérapie (macérat mère de bourgeons). Le cassis stimule la production de l’ACTH par les surrénales, une hormone aux effets anti-inflammatoires (adrénocorticotrophine) tandis que l’églantier a un effet reminéralisant.

L’éleuthérocoque (Eleutherococcus ­enticosus) ou le ginseng (Panax ginseng), à prendre en teinture mère. Ces plantes adaptogènes agissent globalement sur l’activité endocrinienne pour contre­balancer les effets du stress.

La gelée royale, aliment de la ­convalescence, est fabriquée dans la ruche par les abeilles pour nourrir leur reine. Elle est ­réputée stimuler la croissance cellulaire, raison pour laquelle elle est contre-indiquée en cas d’antécédents de cancer. Quant aux plantes adaptogènes, elles sont à éviter pendant la grossesse.

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Et surtout, ne pas faire d’efforts

Connaissez-vous le pacing ? Cette technique de prise en charge de la fatigue (lire ci-dessous) a été validée par des études médicales. « Le pacing repose sur un principe simple : respecter son enveloppe énergétique afin d’y adapter ses activités », note le Dr Ghali. Que ces activités requièrent un effort physique, un effort intellectuel ou soient associées à une charge émotionnelle, qu’il s’agisse de tâches qui vous semblaient anodines avant d’être malade, ne sous-estimez pas leur coût énergétique !

La technique du pacing gagnerait à être mieux connue en France. Surtout à l’heure où l’on commence à évoquer des formes longues de Covid-19… Alors que des centres se déploient dans de nombreux pays à travers le monde, on ne peut que s’étonner qu’ils soient seulement quatre ou cinq médecins en France à l’utiliser ! La logique de la « réadaptation fonctionnelle », celle qui nous donne à croire que nous devons aller au bout de nos limites pour pouvoir ensuite les dépasser, reste malheureusement la norme en rééducation. Et pourtant, « on sait que c’est une hérésie après une maladie virale ! », insiste le Dr Ghali.

Mais au fait, combien de temps doit durer la convalescence ? Cela dépend bien sûr de chacun. Car pour peu que l’infection ait entraîné des destructions irréversibles (lésions pulmonaires par exemple), ou encore qu’elle ait fait décompenser d’une autre maladie qui préexistait auparavant, l’organisme devra évidemment trouver un nouvel équilibre de fonctionnement. Et cette adaptation peut évidemment compliquer d’autant plus la phase de récupération, imposant alors une convalescence plus longue. Dans tous les cas, toute reprise prématurée d’activité risque d’aggraver la fatigue et de freiner le rétablissement.

Pacing, mode d’emploi

1. Reposez-vous avant d’entreprendre toute activité.

2. Procédez par courtes périodes d’activité, en faisant des pauses pour vous reposer.

3. Planifiez-vous suffisamment 
de temps pour terminer l’activité 
et ne pas avoir à vous précipiter.

4. N’essayez pas de tout faire 
en une seule fois, même si vous 
vous sentez un peu mieux.

Arrêtez-vous avant l’épuisement. Essayer de surmonter la fatigue 
ne sert généralement à rien !

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