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Santé de la thyroïde : l’importance de l’intestin et du microbiote
Le microbiote, encore lui ! Eh oui, on continue de lui découvrir de nouvelles sphères d’influence. Cette fois, c’est avec la thyroïde que ça se joue. L’état de l’intestin et du microbiote semble avoir une influence sur le fonctionnement de cette petite glande qui cause tant de tracas à près de 10 % des Français(es).
Intestin et thyroïde, destins croisés
Les observations faites par les chercheurs révèlent que les maladies de la thyroïde et celles de l’intestin coexistent très souvent . Ainsi, les maladies auto-immunes comme Hashimoto ou Basedow se retrouvent-elles souvent associées avec des dommages aux intestins tels l’hyper-porosité, la sensibilité au gluten ou la maladie céliaque. Les différents degrés de dysbiose intestinale ne se limitent d’ailleurs pas aux maladies auto-immunes de la thyroïde ; ils sont également rapportés dans de nombreux cas de cancers de la thyroïde.
Outre le déterminisme génétique, souvent évoqué pour ces maladies, le mécanisme « environnemental » suspecté n’est plus un mystère : devenu enflammé et poreux, l’intestin laisse passer des particules susceptibles d’emballer le système immunitaire et de causer des dommages ciblés à certains organes. Par ailleurs, lorsque la composition du microbiote est altérée, certains micronutriments essentiels au bon fonctionnement de la thyroïde ‒ iode, fer, cuivre, sélénium, zinc, vitamines ‒ sont moins bien ou plus assimilés, favorisant un dérèglement de la fonction thyroïdienne.
Plusieurs études ont établi une corrélation entre dysbiose ‒ assortie d’une prolifération bactérienne déséquilibrée ‒ et hypothyroïdie. Bien que les mécanismes, pour l’instant étudiés principalement sur la souris, ne soient pas clairement élucidés, il semble que le microbiote exerce une influence sur les concentrations des hormones thyroïdiennes, dont la TSH et la T3. En effet, la paroi intestinale contribuerait à la synthèse d’enzymes deiodinases, qui joue un rôle important dans la conversion de la thyroxine (T4) en triiodothyroxyne (T3).
Ce que la thyroïde n’aime pas
Plusieurs études ont relevé une corrélation entre alimentation occidentale typique (dite Western diet , riche en sucre et gras, pauvre en fibres) et dysfonctionnement de la thyroïde , en particulier l’hypothyroïdie. Ce type d’alimentation à tendance pro-inflammatoire est néfaste pour le microbiote comme pour l’épithélium qui constitue la barrière intestinale. Il induit aussi des déséquilibres métaboliques comme la résistance à l’insuline, et des carences en nutriments.
Il est donc préférable d’éviter les produits carnés et laitiers en excès, de les choisir de première qualité et d’alterner avec des produits de la mer, d’augmenter la part des légumes (sources de fibres) et des fruits, sans oublier les légumineuses et les oléagineux. Attention aussi à la cuisson ; celle à l’étouffée préserve mieux les qualités nutritionnelles de vos aliments. Les produits de boulangerie (en particulier industriels) sont à éviter ou à limiter eux aussi, notamment à cause du gluten, qui favorise la porosité intestinale et les maladies auto-immunes.
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Les micronutriments essentiels à la thyroïde, et où les trouver
Les besoins spécifiques de la thyroïde recoupent ceux d’un organisme en bonne santé de façon globale. Rien d’étonnant donc à ce que le régime méditerranéen, caractérisé par une grande diversité d’ingrédients (légumes, poissons, viandes, fruits, huiles, aromates…) et très peu de produits transformés, lui convienne très bien. Une telle alimentation limite l’inflammation, soutient une flore intestinale équilibrée, et fournit les micronutriments essentiels au bon fonctionnement de la thyroïde ;
L’iode : il est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Une alimentation variée, comprenant un apport régulier en produits de la mer (poisson, huîtres, algues, spiruline…) assure largement l’approvisionnement.
Le fer : il est lui aussi nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Haricots, lentilles, spiruline et viande rouge en sont bien pourvus. Les carences en fer et en iode vont souvent de pair.
Le zinc : il est requis au plan enzymatique pour la conversion de l’hormone T4 en T3 et le contrôle de l’intensité métabolisme. Il se trouve dans les huîtres, le foie, le shiitake, les germes de blé, les graines de courges…
Le sélénium : il est également impliqué au niveau enzymatique et conditionne la composition et la colonisation du microbiote intestinal. La thyroïde est le tissu corporel le plus concentré en sélénium. Source : noix du Brésil, huîtres, hareng, sardine…
La vitamine D : elle joue un rôle de régulation de l’immunité et de protection contre l’attaque auto-immune. Prenez donc régulièrement le soleil en été. Hors cette saison, il se trouve dans le jaune d’œuf, le beurre, l’huile de foie de morue, le hareng, la sardine… Une supplémentation est souvent bénéfique en hiver sous nos latitudes.
Les fibres : elles ont un effet prébiotique favorisant une flore bactérienne saine et aident à préserver ou restaurer l’intégrité de la barrière intestinale. Augmentez la consommation de légumes.
D’autres micronutriments sont également recommandés pour la thyroïde, comme les oméga-3, les vitamines E, A et du groupe B, le cuivre, le magnésium et le calcium en particulier.
Il est important de noter que les teneurs des aliments (en particulier des végétaux) susceptibles de fournir ces différents micronutriments sont étroitement corrélées aux conditions des sols sur lesquels ils poussent. Sachant qu’en agriculture conventionnelle, ceux-ci sont notoirement appauvris, et leurs productions souvent carencées en éléments-traces, les produits issus de l’agriculture biologique s’imposent logiquement.
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Références bibliographiques
« Thyroid-gut-axis : how does the microbiota influence thyroid function ? », dans Nutrients, Juin 2020.
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