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Hyperthyroïdie : calmer l’emballement
Moins courante que l’hypothyroïdie, l’hyperthyroïdie se caractérise par un excès de production d’hormones thyroïdiennes entraînant l’accélération de certaines fonctions métaboliques. Elle se traduit par des désagréments comme les palpitations, l’agitation, la transpiration, la fatigue musculaire ou encore de fréquentes diarrhées. Bien que l’hyperthyroïdie nécessite souvent une réponse médicamenteuse, on peut parfois la modérer de façon naturelle.
L’hyperthyroïdie accélère le métabolisme
On doit la découverte de l’hyperthyroïdie à un médecin irlandais du début du XIXe siècle, Robert James Graves (1797-1853), qui fut le premier à en identifier les symptômes caractéristiques. Son contemporain allemand Carl von Basedow (1799-1854) en affina la compréhension, et c’est son nom – quelques fois leurs deux noms associés – qui sert aujourd’hui à la dénomination de près des trois-quarts des hyperthyroïdies considérées comme étant d’origine auto-immune.
L’hyperthyroïdie se caractérise par un fonctionnement en surrégime de la glande thyroïde. Elle touche un public généralement plus jeune que celui concerné par l’hypothyroïdie, majoritairement féminin, entre 30 et 40 ans, mais elle peut concerner aussi des profils très différents. La manifestation la plus courante d’une hyperthyroïdie est l’accélération du rythme cardiaque. Qu’il s’agisse de palpitations, de tachycardie, d’extrasystoles ou d’un pouls constamment au-dessus de la normale, ces anomalies doivent mettre la puce à l’oreille, en particulier lorsqu’elles sont accompagnées d’une ou plusieurs des manifestations suivantes :
- une perte de poids alors que l’appétit reste normal (mais des sujets en surpoids peuvent aussi connaître une hyperthyroïdie) ;
- une sensibilité au stress exacerbée (troubles de l’humeur, irritabilité, sommeil perturbé, anxiété…) ;
- de l’agitation, des tremblements, en particulier des mains ;
- une fatigue musculaire récurrente ;
- une transpiration excessive;
- des diarrhées fréquentes ;
- une augmentation de la libido ;
- les yeux exorbités;
- des troubles de la mémoire et/ou de la concentration;
- un gonflement au niveau de la gorge, précurseur du goitre.
Une prise de sang permet de lever le doute avec le dosage de la TSH ‒ la thyréostimuline, sécrétée par l’hypophyse, dont le rôle est de stimuler la glande thyroïde.
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Les causes de l’hyperthyroïdie
Les origines de l’hyperthyroïdie sont encore mal connues. La médecine considère que près de 70 % des cas (certaines sources avancent même 90 %) relèvent de la maladie de Graves-Basedow dans laquelle des anticorps auto-immuns neutralisent les récepteurs de la TSH, stimulant ainsi continuellement la production d’hormones thyroïdiennes.
La thyroïde produit fréquemment des nodules, en nombre et grosseur variables, dont certains (appelés « nodules toxiques ») produisent des hormones pouvant entraîner une hyperthyroïdie. Elle peut aussi développer un adénome (tumeur bénigne), facteur favorisant l’hyperthyroïdie.
Des thyroïdites (inflammation des tissus thyroïdiens) peuvent survenir à la suite d’infections, quelquefois après une grossesse. Elles sont en général passagères et « s’éteignent » d’elles-mêmes au bout de quelques mois, sans aucune intervention. Il existe cependant un risque d’évolution en hypothyroïdie permanente dans un cas sur dix.
Quelques autres causes possibles :
- Une surcharge en iode due à certains médicaments ou à l'injection de produits de contraste iodés, dans le cadre d'un examen d'imagerie médicale.
- L’intoxication aux métaux lourds (mercure, plomb, aluminium…) est soupçonnée de favoriser les maladies auto-immunes et de nuire aux glandes endocrines comme la thyroïde
- Les conflits psychoaffectifs, et toute forme de stress chronique.
- Une insuffisance fonctionnelle du foie ou des reins.
- Un terrain familial héréditaire.
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La thyroïde, outil principal de l’adaptation
L’organisme dispose essentiellement de deux glandes à visée adaptative :
- les surrénales qui nous aident à gérer notre « survie » dans l’instant avec la production d’adrénaline, de cortisol, d’aldostérone et de DHEA ;
- la thyroïde qui, elle, est plutôt tournée vers l’adaptation aux changements de rythmes liés à l’environnement comme les saisons, les changements de température, des horaires de travail décalés… Elle régule de nombreux aspects de notre métabolisme : dépense énergétique, poids, rythme cardiaque, tonus musculaire, émotions, cognition, température corporelle, digestion, immunité, etc.
Des études ont mis en évidence qu’un dysfonctionnement de la glande thyroïde peut être associé à une situation de stress intense ou chronique. Se sentir sous pression, être constamment préoccupé, ressentir de l’angoisse ou de la peur sont autant de contextes propices à des états d’hypervigilance ou d’hyperactivité. Ils entraînent un niveau anormalement élevé de sécrétion de cortisol, susceptible d’accélérer durablement la fonction thyroïdienne.
Un équilibre complexe avec l’axe hypothalamus-hypophyse
La thyroïde ne fonctionne pas en totale autonomie . Elle est sous l’influence du binôme hypothalamus-hypophyse. L’hypothalamus commande à l’hypophyse pour la production de l’hormone TSH (thyroid stimulating hormone), celle-ci induisant la synthèse des hormones thyroïdiennes, notamment laT3 (triiodothyronine) et la T4 (tétraiodothyronine ou thyroxine).
Lorsque la thyroïde a tendance à s’emballer, l’hypophyse restreint la libération de TSH pour tenter de la « calmer », c’est pourquoi l’hyperthyroïdie est associée à un taux bas de TSH dans le sang. Le foie intervient également dans la régulation des hormones hypophysaires et thyroïdiennes en les stockant et en les métabolisant. Les reins, eux, ont un rôle essentiel dans leur élimination. En médecine traditionnelle chinoise, le foie est associé à la colère et à l’irritabilité, tandis que le rein est censé régir la peur et l’angoisse, des émotions souvent liées, justement, à une hyperthyroïdie…
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S’apaiser pour éviter le surrégime thyroïdien
Les situations de stress chronique favorisant l’hyperthyroïdie, il serait évidemment salutaire de supprimer les facteurs de stress, ou au moins de les rendre plus vivables. Il peut donc être opportun, le cas échéant, de se faire aider (psychothérapie, coaching…) pour créer des conditions de vie plus sereines.
Les troubles du sommeil étant souvent associés à l’hyperthyroïdie, c’est un aspect auquel il convient d’accorder l’importance qu’il mérite afin que la fatigue ne nourrisse pas le cercle vicieux de la suradaptation : bien identifier l’heure à laquelle le sommeil appelle et se coucher en fonction, s’aider si besoin d’une tisane apaisante comme celle de mélisse.
Pratiquer une activité physique peut paraître antinomique avec le fait de s’apaiser, mais c’est pourtant salutaire (aussi) contre l’hyperthyroïdie. Si les troubles du rythme cardiaque constituent un frein, se contenter, pour commencer, d’activités douces comme le yoga, le taï-chi, ou tout simplement la marche. Une fois le rythme cardiaque revenu à la normale, la plupart des activités sont possibles – et même recommandées –, d’autant plus que l’hyperthyroïdie est souvent associée à un risque accru d’ostéoporose, un phénomène que prévient l’activité physique.
Les aides naturelles
Les réponses naturelles peuvent être d'un grand secours pour réguler l'activité de votre thyroïde. Toutefois, étant donné la complexité de la fonction thyroïdienne et l'importance de suivre au plus près les modifications subtiles des équilibres hormonaux, il est préférable de se faire accompagner par un professionnel de santé sensibilisé à ces questions. Une approche sur-mesure, couplée à des dosages réguliers, est la plus à même de vous aider à surmonter votre hyperthyroïdie. Ceci étant posé, voici un petit tour d'horizon des remèdes naturels ayant montré leur efficacité.
Phytothérapie :
- Le lycope (Lycopus europaeus) est indiqué dans la prise en charge des hyperthyroïdies modérées et des troubles cardiaques associés (tachycardies). Il permet de réduire la quantité d’hormones produites par les cellules thyroïdiennes. Il se consomme sous forme de tisane de feuilles (5 g par tasse, deux fois par jour), de teinture mère (50 à 100 gouttes, trois fois par jour, en fonction de vos dosages hormonaux et des préconisations de votre thérapeute).
- La mélisse (Melissa officinalis) peut être consommée conjointement au lycope. Outre son effet calmant, elle aurait, d’après des essais in vitro, un effet ralentisseur sur la thyroïde (récepteurs de la TSH, moindre conversion de T4 vers T3). Infusez 5 g de sommités fleuries pour une tasse, à consommer deux fois par jour.
- La brunelle (Prunella vulgaris) est calmante pour les nerfs, elle aidera donc à mieux gérer le stress, facteur aggravant de l’hyperthyroïdie. Elle contient, à l'instar de la mélisse, de l’acide rosmarinique (près de 5%) qui aurait une action inhibitrice sur la TSH. Son fort pouvoir antioxydant la rend particulièrement indiquée contre le stress oxydatif sévère, notamment en cas de maladie auto-immune comme Graves-Basedow. Elle se consomme en infusion de sommités fleuries ou en teinture mère. En médecine traditionnelle chinoise, elle « nourrit » aussi le foie et les reins, souvent dysfonctionnels dans le cadre d’une hyperthyroïdie. En tisane, infusez 10 g par tasse à boire trois fois par jour, ou prenez-la en teinture mère.
- L’agripaume (Leonurus cardiaca) a aussi un effet calmant et rassurant. De plus elle « rafraîchit » les sudations intempestives. Elle est également modulatrice cardiaque et gagne donc à être associée au lycope. À consommer en infusion de sommités fleuries, en teinture mère ou en extrait de plante fraîche.
Gemmothérapie :
- Le figuier (Ficus carica), bourgeon antistress par excellence, agit sur l’axe cortico-hypothalamique, lequel commande toute la sphère des émotions, des peurs, des angoisses et des obsessions. Il harmonise aussi la sphère digestive.
- L’aubépine (Crataegus laevigata) aide à réguler le rythme cardiaque, améliore la circulation sanguine cérébrale et favorise un sommeil plus réparateur.
- Le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) équilibre le sang, régularise le rythme cardiaque et « rafraîchit » les bouffées de chaleur d’origine hormonale.
- La viorne lantane (Viburnum lantana) aurait une action calmante et régulatrice sur le système parasympathique qui se répercuterait sur l’activité de la thyroïde.
Alimentation :
S’il n’existe pas un aliment ou un régime en particulier pour soigner l’hyperthyroïdie, certains nutriments peuvent tout de même exercer une influence significative.
- L’iode joue un rôle clé dans la synthèse des hormones thyroïdiennes. Une alimentation faiblement pourvue en iode aura tendance à modérer cette synthèse, tandis qu’un apport élevé tendrait à la stimuler.
- Le zinc semble aussi jouer un rôle important dans la santé de la thyroïde.
- Le sélénium est également indispensable pour des tissus thyroïdiens en bonne santé.
- Une carence en fer est souvent associée à l’hyperthyroïdie.
- On retrouve fréquemment de faibles niveaux en vitamine D chez les personnes atteintes d’hyperthyroïdie.
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Plus largement, sur le plan alimentaire, l’Adventist Health Study-2 (une recherche médicale de longue durée auprès de plus de 100 000 membres de l’Église adventiste du septième jour au Canada et aux USA) indique que la prévalence de l’hyperthyroïdie est inférieure de 52 % chez les véganes par rapport aux omnivores, de 35 % chez les lacto-ovo-végétariens et de 26 % parmi ceux qui ne mangent d’autre chair animale que le poisson. Ces résultats doivent toutefois être relativisés : en Amérique du Nord, on enrichit en iode aussi bien les produits laitiers que les compléments alimentaires donnés au bétail, lequel consomme par ailleurs davantage de médicaments et de stimulants qui n’entrent pas dans les pratiques actuelles de l’Europe. Il semble cependant probable que la tendance de fond consistant à manger moins de viande et plus de végétaux soit pertinente en cas d’hyperthyroïdie.
Avant d’entreprendre toute modification de vos habitudes par rapport à votre hyperthyroïdie, parlez-en avec votre médecin.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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