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Taï chi assis, des bénéfices surprenants

  • Le taï chi, ou taï chi chuan, est une discipline venue de Chine aux origines presque mythologiques.Le taï chi, ou taï chi chuan, est une discipline venue de Chine aux origines presque mythologiques.
Article paru dans le journal nº 111

Si l’on commence à bien connaître le taï chi en Occident, on connaît moins ses adaptations à des publics souffrant de handicaps ou de difficultés motrices. Le taï chi assis est une version dérivée du taï chi classique, les mouvements se concentrent alors sur le haut du corps. Les bénéfices de cette pratique sur le corps et l’esprit sont pourtant remarquables.

Une étude récente de l’American Heart Association* s’est penchée sur les bénéfices du taï chi assis pour les personnes victimes d’AVC. Les effets de cette forme modifiée de l’art du taï chi étaient étudiés pour la première fois sur des victimes de ce type de pathologie. Il est apparu, après trois mois, que les personnes ayant pratiqué cette discipline avaient amélioré la fonction de leurs mains et de leurs bras, leur équilibre en position assise, leur santé mentale et leur qualité de vie, par rapport aux survivants d’un AVC ayant participé à un programme standard d’exercices de réadaptation après un AVC. " Ça ne m’étonne pas, réagit Astride Christen-Bernon, responsable de l’association Arts calisthenics - tai chi et chi gong adaptés, basée à Strasbourg. J’ai une élève qui avait malheureusement fait un AVC et qui avait été très impactée, avec de grosses séquelles sur le côté droit du corps. Elle a pratiqué une rééducation avec un kinésithérapeute, qui fait un travail formidable, mais elle a très vite pratiqué du taï chi, des exercices de respiration, et ça l’a aidée, elle a beaucoup récupéré ", indique la formatrice.

Une discipline aux vertus impressionnantes, d’après des études et les dires des personnes qui la pratiquent, mais concrètement qu’est-ce que c’est ? Le taï chi, ou taï chi chuan, est une discipline venue de Chine aux origines presque mythologiques, d’après Astride Christen-Bernon : " Selon la légende, le taï chi remonte au XIIIe siècle et a été créé par un moine qui aurait compris la complémentarité du principe féminin et masculin en regardant le combat d’une grue et d’un serpent. " Dans les faits, le taï chi a plusieurs visages. Il s’agit d’un art martial – qui selon certains théoriciens serait à l’origine de tous les arts martiaux – mais c’est aussi une méthode de relaxation, une pratique physique douce basée sur des mouvements lents, amples, qui met l’accent sur l’ancrage du corps. Le taï chi a aussi un aspect philosophique puisqu’il a été développé à partir des principes taoïstes du yin (énergie féminine) et du yang (énergie masculine). Il porte une compréhension du corps et des énergies vitales qui s’étend à notre environnement ; cette discipline est d’ailleurs souvent pratiquée en extérieur. Plus communément travaillé debout, le taï chi est parfois adapté, pour des publics spécifiques, en une version assise. Le taï chi assis se concentre alors sur le haut du corps et privilégie des mouvements des bras.

Un peu de sémantique

Pour la Dre Luce Condamine, également autrice d’un livre Initiez-vous au tai chi : le tai chi pratique et sa philosophie, comprendre cette discipline passe par un détour sémantique. Taï chi signifierait en effet en chinois « extrême polarité », mais peut également faire référence à la poutre située au faîte d’un toit. « Les premiers traducteurs jésuites ont donc traduit taï chi chuan comme “la boxe du faîte suprême” », détaille-t-elle. En parallèle, il y a le qi gong. « Gong » se traduirait par « le travail » tandis que le « qi » pose problème, selon Luce Condamine : « C’est intraduisible. Cela évoque la vapeur, le souffle ou l’énergie vitale. » En Chine, le qi gong est utilisé comme traitement dans la médecine chinoise, avec un médecin qui pose un diagnostic et propose des mouvements adaptés, car le travail du qi serait thérapeutique. Cependant, le taï chi posséderait cette vertu intrinsèquement : « Dans le taï chi, chaque posture travaille le qi. »

Lire aussi Yves Réquéna : Le qi gong, un art du corps thérapeutique

Une discipline ouverte à tous

Le taï chi séduit beaucoup, et en Chine il est pratiqué à tout âge. Il est possible d’adapter le taï chi en fonction de ses envies ou de son état physique, en choisissant de pratiquer une version plus dynamique, plus proche d’un art martial, ou plus méditative. Le taï chi est d’ailleurs souvent couplé au qi gong, qui fait travailler la respiration ou le souffle. La Dre Luce Condamine, à l’origine d’un diplôme universitaire de taï chi au sein de la faculté de médecine de Paris Est, fait pratiquer le taï chi à des patients depuis de nombreuses années. Elle a eu l’occasion de l’adapter pour des personnes à mobilité réduite atteintes de troubles de l’équilibre, ou bien à des personnes en fauteuil. " Dans le taï chi, il y a tellement de mouvements que l’on peut l’adapter à chaque personne ", témoigne-t-elle. Même si certains puristes soutiennent qu’une forme adaptée du taï chi n’en est plus réellement, les personnes qui pratiquent le taï chi assis ne sont pas de cet avis. " Même si on est sur une chaise, on travaille des appuis, du côté droit et du côté gauche, affirme Astride Christen-Bernon. Si l’on peut se maintenir debout, sachant que le taï chi se pratique beaucoup les genoux pliés, c’est la personne qui va sentir s’il y a une difficulté. Quelqu’un qui va ressentir une douleur aura peut-être un taï chi moins intense, mais l’énergie va quand même circuler. "

Des effets sur la santé physique…

Ces dernières années, des travaux scientifiques ont été menés sur le taï chi assis, qui mettent en avant d’importants bénéfices pour la santé. En 2015, un groupe de chercheurs de Hong Kong a révélé les effets positifs de la pratique du taï chi assis sur la force musculaire et le contrôle de l’équilibre de personnes atteintes d’une lésion de la moelle épinière. Cette notion de douleur est particulièrement importante pour la Dre Luce Condamine, qui a opéré auprès d’un public de personnes atteintes de douleurs chroniques.

À partir des années 2010, elle a commencé à travailler dans un service de rééducation au sein duquel elle s’est formée comme médecin de la douleur. C’est dans ce cadre qu’elle a eu l’occasion de travailler avec des patients atteints de douleurs chroniques ou en rééducation. " Quand on est douloureux chronique, tout est une agression. Quand on fait faire du taï chi aux gens, on change ce système du corps qui était centré sur la douleur, on va aussi être conscient de choses agréables. Pour les maladies chroniques, quand je fais faire du taï chi aux patients, d’un coup ils deviennent acteurs et ça change complètement leur attitude. Parfois, j’ai vu des transformations en une séance ", témoigne-t-elle.

En tant que médecin, la Dre Condamine a eu une approche critique de sa pratique du taï chi. C’est une discipline qu’elle a commencé à faire pratiquer à des patients dès les années 2000, ayant constaté des bénéfices à travers sa propre expérience. " Ma spécificité, c’était le taï chi, mais je ne leur disais pas à l’époque, je leur disais seulement de mimer mes gestes, se remémore-t-elle. Les patients revenaient ensuite et ceux qui étaient fatigués étaient moins fatigués, les articulations raides l’étaient moins, et ceux avec de l’hypertension revenaient avec des messages de leurs cardiologues étonnés, leur demandant ce qui avait changé dans leur vie. J’ai même vu des diabétiques baisser leurs doses d’insuline. " Elle décrit une pratique complète qui permet de faire travailler les étirements, le renforcement musculaire et la perception du corps dans l’espace. Au fil de ses années de travail avec les patients, elle a eu l’occasion de faire pratiquer le taï chi à un public très large, des personnes en fauteuil en raison d’un handicap ou d’un accident, mais aussi des personnes très âgées, incapables de se lever de leur lit d’hôpital. " Même si les mouvements que font les gens sont infimes, c’est déjà bien ", décrit-elle.

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Les bénéfices de la prévention

Au sein de son association Arts calisthenics - taichi et chigong adaptés, Astride Christen-Bernon travaille avec des publics très divers. Elle donne en effet un cours « tout public », ouvert à tous les âges. Elle insiste sur la dimension prévention du taï chi, qu’il soit assis ou plus traditionnel. « Le sport en général est bon pour la santé physique et mentale, et il y a de nombreuses études qui montrent l’impact négatif du stress sur le système immunitaire », rappelle-t-elle. Selon elle, le taï chi pourrait être bénéfique aux jeunes, dont la santé semble très impactée depuis la crise du Covid.

… et la santé mentale

Pour la Dre Condamine, l’effet positif du taï chi assis sur les personnes victimes d’AVC n’est pas non plus étonnant : " Dans les AVC, on constate une perte de la commande musculaire, des effets sur la pression artérielle mais aussi des gens souvent abattus parce qu’ils se voient diminués. Le taï chi joue sur tout puisqu’il harmonise la pression artérielle, apaise le corps mais va également améliorer l’humeur et la conscience de soi. " À propos du taï chi, la Fédération française des arts énergétiques et martiaux chinois évoque une discipline corps-esprit qui permet de " mieux prendre conscience du corps et de son environnement " avec un impact positif sur le stress. Avec son association, soutenue par Alsace contre le cancer, Astride Christen-Bernon travaille auprès de personnes atteintes de cancer ou des personnes âgées, en partenariat avec les hôpitaux universitaires de Strasbourg, l’université de Strasbourg et la région Alsace. Elle témoigne d’un effet important sur le mental des patients. " Le taï chi repose sur la détente et cela a des effets sur l’angoisse, la dépression ou les pensées difficiles dans ce genre d’épreuves, qui amènent souvent des soins intenses causant quand même des séquelles ", indique-t-elle.

La pratique du taï chi assis, pour les malades, aurait également un effet sur la socialisation. Astride Christen-Bernon a mené en 2010 une expérience avec des malades atteints d’Alzheimer à l’hôpital gériatrique de Strasbourg. Après les séances, ces personnes habituellement très isolées, qui ne communiquent pas entre elles, sont restées ensemble. " Le taï chi est un art martial où on travaille avec un partenaire, donc ça a aussi un effet sur les relations sociales ", précise la Dre Condamine. Un élément qui pourrait également contribuer à l’impact bénéfique du taï chi assis, en permettant à des personnes parfois isolées de se trouver partie prenante d’un groupe, avec ses effets positifs sur le moral.

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