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Booster son potentiel avec le Brain Gym

  • Le Brain Gym montre que plus de liberté dans les mouvements amène à plus de liberté dans la tête.Le Brain Gym montre que plus de liberté dans les mouvements amène à plus de liberté dans la tête.
Article paru dans le journal nº 99

Mis au point au départ pour aider les enfants à apprendre plus facilement en s’amusant, le Brain Gym utilise des exercices de motricité pour mieux se connaître et développer ses compétences tout au long de la vie. Ludique et anti-stress, cette technique, qui aide à renforcer l’estime de soi en relaxant le corps et l’esprit, s’est adaptée aux besoins du monde du travail.

La sédentarité causait déjà beaucoup de tort dans notre époque débordée. Le télétravail est venu achever le boulot. Stress, lombalgies, troubles musculo-squelettiques, risque accru d’accidents cardiovasculaires, états anxio-dépressifs… La perte de mobilité induite par la pandémie a exacerbé les symptômes d’un mal-être global. D’après une étude de l’Ugict-CGT1, 26 % des travailleurs estiment que leur anxiété est plus importante en télétravail qu’en présentiel, et 39 % rapportent des douleurs inhabituelles. L’équipe du professeur Jeremy Bailenson du Virtual Human Interaction Lab de l’université de Stanford (Californie) a quant à elle mis en évidence les principaux dangers dus à l’utilisation exclusive de la visio au quotidien. Parmi eux : l’immobilité, qui réduit la capacité à penser correctement. En effet, la vue par webcam rétrécit le champ de vision et atrophie en quelque sorte le raisonnement. Les conséquences chez les salariés mais aussi chez les enseignants et les étudiants sont telles que les experts veulent faire du retour de l’activité physique une grande cause nationale. C’est l’objet de Pour une France en forme, un collectif de médecins du sport et de champions olympiques qui déclinent onze propositions, dont l’instauration dans les écoles, collèges et lycées de cinq minutes par jour de mise en forme avec quelques gestes simples. Développé dans les établissements scolaires américains il y a déjà quarante ans, le Brain Gym avait ouvert la voie en utilisant le mouvement pour amener les plus jeunes à apprendre avec plaisir.

26 mouvements de base

Au début des années 1980, Paul Dennison, docteur en sciences de l’éducation, cherche à aider les écoliers qui présentent des difficultés de lecture. Avec Gail, son épouse danseuse, ils développent l’éducation kinesthésique, une approche éducative par le mouvement. Inspiré par les pédagogies alternatives Steiner et Montessori, par la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et par l’optométrie comportementale, qui s’intéresse aux problèmes de vision de manière holistique, le couple fait le lien entre le blocage d’un élève et les tensions qui crispent son corps, notamment son regard, et verrouillent son apprentissage. Ils mettent au point 26 mouvements nommés « Brain Gym » pour défaire les tensions, favoriser l’ancrage de l’enfant et améliorer son bien-être. Basée sur des balancements et des exercices de coordination pour faire communiquer l’hémisphère droit avec l’hémisphère gauche, cette gymnastique cognitive pourrait se résumer par : j’apprends en bougeant. Largement adoptée au Royaume-Uni, elle s’est vite déployée en France, auprès des personnes âgées et dans le monde de l’entreprise pour permettre à ceux qui le souhaitent d’optimiser naturellement leurs connaissances, leurs compétences et leurs performances au quotidien.

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Bouger pour mieux penser

« Ce que ces mouvements permettent, c’est se demander : comment est-ce que je peux faire les choses autrement », indique Céline Sorin, formatrice et présidente de l’association Brain Gym France2. Bien qu’il n’existe pas de preuves scientifiques validant une action du Brain Gym sur le cerveau dans un dispositif d’apprentissage, on sait que bouger aide à apprendre. Aristote l’avait déjà compris, lui qui dispensait ses cours de philosophie au cours de lentes marches. Une étude menée auprès de 500 enfants aux Pays-Bas a d’ailleurs démontré que ceux qui s’activaient pendant les cours de mathématiques et d’orthographe intégraient mieux les connaissances que ceux qui restaient assis sur une chaise. L’approche kinesthésique reprend cette idée et y greffe la notion de potentiel, c’est-à-dire la capacité de chaque individu à continuer d’apprendre tout au long de sa vie. Pour Céline Sorin, qui ajoute la danse, le dessin, l’écriture et les jeux de rôle à sa pratique, « le Brain Gym n’est pas une thérapie mais un moyen de prendre conscience de ses modes de fonctionnement ». S’il est enseigné dans les maisons de retraite à des résidents qui veulent faire travailler leur mémoire, le Brain Gym s’applique très bien aux salariés, aux enseignants et aux soignants, tous soumis à un stress important.

Observer nos blocages

Paradoxalement, cette méthode par le mouvement propose un arrêt sur image des blocages. Au salarié en télétravail, désorganisé, au professeur épuisé – en classe comme en visio –, le Brain Gym sert de loupe grâce à l’observation 7D (en sept dimensions). Influencé par le yoga dans les allongements musculaires et le souffle, par la MTC à travers la stimulation de certains points du corps, par la psychologie via l’identification d’objectifs d’amélioration, le Brain Gym explore la respiration, le rythme, la motivation, l’autogestion et trois dimensions spatiales : la latéralité pour la communication, le centrage pour l’organisation, et la focalisation pour la participation. Les exercices sont simples et visent à développer cette qualité d’observation, enracinée dans les ressentis. « Je sais où je suis par rapport aux autres et aux choses », résume Céline Sorin. « Prenons un enseignant fatigué dans sa vie. Sa classe est bruyante, il perd facilement son sang-froid, il est dans l’affect. Balayer sa classe du regard lui demande beaucoup d’effort, ses yeux tirent et ça l’empêche d’aller chercher de l’information chez ses élèves. Le Brain Gym va aider à mettre plus de mouvement dans le regard, à récupérer une attitude plus tranquille, à trouver des ressources, à mettre plus de perspective dans son expérience. »

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Liberté dans le corps et la tête

Il n’y a rien à corriger, seulement de nouveaux objectifs à poser, car le Brain Gym aide à redéfinir ses priorités. « Un salarié qui n’a plus de motivation, c’est la seule manière qu’il a de gérer son stress. Idem pour un enfant qui ne tient pas en place sur sa chaise. Son agitation est la seule manière qu’il a trouvée de composer avec une situation qui ne lui convient pas. On ne va pas rajouter de la culpabilisation là où il y a déjà des problématiques difficiles », tempère la formatrice. « Le Brain Gym cherche justement à développer la responsabilisation et l’autogestion pour sortir de l’idée que les autres savent à votre place. » Complémentaire du coaching, de l’art-thérapie ou de séances d’orthophonie pour les enfants, le Brain Gym aide à donner du sens aux dysfonctionnements et montre que plus de liberté dans les mouvements amène à plus de liberté dans la tête. Cette technique, pratiquée principalement par des kinésiologues, ainsi que toute la philosophie kinesthésique, seront à l’honneur au congrès international du Brain Gym, à Lacanau (Gironde) en septembre prochain.

Sous les auspices de la médecine chinoise

Le Brain Gym puise dans les connaissances ancestrales de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Il utilise la stimulation de points d’équilibre et d’enracinement, ou encore le bâillement énergétique pour faciliter l’ancrage ici et maintenant. Véritable écologie personnelle pour ceux qui l’ont adopté, on y retrouve aussi, comme dans la MTC, la Roue des 5 éléments, l’importance de l’alimentation et la gestion émotionnelle pour une meilleure conscience de soi.

Des techniques voisines

D’autres solutions permettent de se connecter aux sensations corporelles pour détendre le mental et être plus efficace. Les adultes ayant besoin de se concentrer dans leur vie professionnelle pourront essayer le Training autogène de Schultz. Technique de relaxation proche de l’hypnose ou du rêve éveillé, l’entraînement se pratique assis ou allongé, les yeux fermés, guidé par la voix du praticien. Il propose une plongée en soi et s’appuie sur des exercices centrés sur une sensation de pesanteur dans certaines parties du corps, des visualisations ainsi que des affirmations positives. Le Training autogène de Schultz aide à contrôler les pensées récurrentes responsables de fatigue, d’anxiété et de surmenage tout en évitant les pertes d’énergie inutiles au travail.

De plus en plus demandés par les équipes enseignantes et les éducateurs, les ateliers de découverte de la méditation de pleine conscience s’adaptent eux aussi aux besoins de retour au calme des enfants. Cette pratique laïque utilise des mouvements simples et des exercices de respiration. Elle favorise la présence attentive à l’instant, améliore les capacités d’attention et aide à mettre à distance les émotions négatives envahissantes. La méditation de pleine conscience, initialement développée pour aider à gérer le stress des patients dans les hôpitaux américains, permet aux enfants de se recentrer sur leurs activités en classe et aux enseignants formés d’installer un climat de disponibilité pour les apprentissages.

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La sophrologie quant à elle, utile aux adultes stressés comme aux étudiants en période d’examen, invite à réaliser un scan corporel complet pour relâcher une à une les tensions du corps et des pensées. Cette discipline, que l’on pratique seul ou avec un sophrologue, permet de prendre conscience de ses émotions en les localisant dans le corps puis de les apaiser grâce à la combinaison de profondes respirations et de visualisations. La sophrologie aide à accueillir et accepter ce qui est là, au lieu de lutter contre. Elle offre de nombreux exercices pour renforcer son attention sur une tâche, créer une bulle de calme, éliminer les tensions responsables de troubles fonctionnels comme les troubles digestifs, renforcer la confiance, favoriser l’endormissement et la préparation mentale.

Trois mouvements clés

  • Les mouvements croisés : debout, le genou droit vient toucher le coude gauche et inversement, plusieurs fois, avec des variantes, pour coordonner les mains, les yeux et les oreilles.
  • La pompe du mollet : une jambe est fléchie, l’autre tendue dans une posture qui ressemble à une fente basse en yoga, pour défaire les tensions à l’arrière des jambes. En effet, la sédentarité et le stress ont tendance à crisper les muscles à l’arrière du corps, comme le réflexe tendineux de protection qui raccourcit les muscles afin de pouvoir réagir à une menace.
  • Les points du cerveau : massage des points sous les clavicules, de chaque côté du sternum, pour aider les yeux à revenir dans le champ médian et avoir une meilleure conscience du centre du corps (face au cahier, au tableau, à l’ordinateur).

Référence :

 

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