Accueil Conseils santé La psychologie en médecine chinoise
La psychologie
en médecine chinoise
La psychologie traditionnelle chinoise, xin li, puise ses origines dans la sagesse taoïste. Elle représente un art de vivre en équilibre avec soi-même et ce qui nous entoure. Une fois que l’on a percé ses secrets, elle offre des ressources efficaces.
Nommée xin li, la psychologie traditionnelle chinoise, encore peu répandue en Europe, fait partie des piliers de la médecine traditionnelle chinoise (MTC). Le praticien met en œuvre des actions adaptées à chaque patient afin d’obtenir une transformation mentale positive. Discipline précise, elle décortique de manière subtile les liens entre le corps et le psychisme, tente de restituer la fluidité de la pensée et de libérer les émotions fondamentales. Pour ses adeptes, la compréhension des mécanismes mentaux selon les principes du dao (« voie », « chemin ») – ces lois qui régissent les relations du corps et de l’esprit selon les principes énoncés par la MTC – est indispensable pour trouver sa juste place dans la vie.
Un suivi personnalisé
Il est faux de dire qu’un déséquilibre physiologique explique à lui seul une pathologie mentale. Il faut creuser la question. Le praticien va donc, en premier lieu, faire une évaluation de l’état général du psychisme de son patient (souffrances, dépendances ou altérations mentales), de ses outils (facultés, émotions, instincts) et de ses relations avec le temps et l’espace. Il enchaînera ensuite avec l’évaluation des facteurs pathogènes mentaux. Ce travail long et d’une grande finesse est doublé d’un diagnostic physiologique afin de dégager les relations entre corps et psychisme. L’approche du patient dans sa globalité est indispensable : on l’interroge sur le présent, le passé, le futur, ses rapports humains, sa sexualité, son hygiène de vie, ses souffrances, ses chocs, ses plaisirs, ses émotions, sa famille, son parcours de santé… et l’on observe aussi son regard, ses réactions spontanées, sa gestuelle et son comportement général. Chaque détail a son importance et sera pris en compte dans le diagnostic énergétique appliqué aux troubles psychologiques.
La stratégie thérapeutique met en œuvre un ensemble de moyens pour guider le patient vers la découverte de soi, la libération du psychisme et sa réappropriation, et l’éveil de la sagesse. L’idée est d’éliminer les éléments perturbant l’équilibre psychique et de retrouver l’éclat de la personnalité grâce à une reconstruction progressive faisant appel aux émotions et aux pensées. L’idéal du traitement comprend une action physiologique et une action psychothérapeutique. Cet idéal ne peut être atteint que si le thérapeute maîtrise à la fois la médecine et la psychologie traditionnelle chinoise. Des siècles d’observation ont montré sans ambiguïté que l’amélioration de la fonction d’un organe permet dans de très nombreux cas de réguler émotions et psychisme. Les pathologies corporelles affectent toujours le mental à un moment donné, d’où l’intérêt d’un suivi préventif.
Une cure par étapes
Si la prise en charge est complétée d’une psychothérapie, d’acupuncture ou d’acupressure (pression manuelle sur les points), de pharmacopée chinoise, d’exercices corporels et d’une bonne hygiène de vie, les chances d’amélioration et de guérison sont optimales. Cependant, des étapes thérapeutiques sont nécessaires pour aboutir à une transformation mentale : acceptation de son histoire, de son passé et de ses expériences douloureuses ; exploration et compréhension de sa personnalité ; élargissement de son champ mental par la méditation (qui recentre, apaise, nettoie et régénère) ; nettoyage respiratoire (relance du qi) pouvant s’accompagner de gestuelles de qi gong ou taï-chi ; culture de la pensée positive et autres philosophies ouvrant la voie au mieux-être. La sagesse serait la clé pour servir et nourrir les vertus que sont l’humilité, la bonté, la compassion, le respect, la justice, le pardon, la contemplation, la gratitude, le courage, la curiosité, l’humour et la confiance. Le programme de toute une vie !
La psychologie traditionnelle chinoise met à nu les échanges permanents entre corps, esprit et conscience afin de trouver le juste équilibre, la fluidité émotionnelle et intellectuelle. Elle décortique les mécanismes mentaux tels que l’intelligence, la mémoire, la pensée, le réalisme, l’imagination, la créativité, l’espoir, la volonté, la prise de décision, la concentration ou les instincts. Elle nous éclaire sur ce qu’est la psychopathologie énergétique, la santé mentale et la conscience.
Longtemps mise de côté, cette approche refait son apparition au XIXe siècle avec les recherches de Georg Groddeck en médecine psychosomatique. Depuis une quarantaine d’années, des pionniers en psycho-neuro-immunologie s’inspirent de ses travaux et étudient les échanges complexes entre psychisme, système nerveux et système immunitaire. Un domaine passionnant, qui mériterait plus de moyens et d’attention. Des précurseurs comme le psychoénergéticien Michel Odoul ou le psychothérapeute formateur en décodage psychobiologique Christian Flèche proposent des parallèles et des interprétations intéressantes des liens entre organes, symptômes, cerveau et psychisme – une démarche dont s’inspirent nombre de thérapeutes aujourd’hui, et des questions que la Chine explore depuis des millénaires.
Le qi, c’est la vie
Du temps où la médecine chinoise était enseignée à l’Académie impériale, les méthodes thérapeutiques officielles côtoyaient sans problème la branche spécialisée dans les incantations et les talismans. Le médecin faisait appel aux ressources émotionnelles, mentales et spirituelles pour venir en aide aux malades. À l’époque dite des Royaumes combattants (453-221 av. J.-C.), la médecine chinoise acquiert ses titres de noblesse en élaborant la plupart des grands concepts théoriques (qi, yin-yang). Au fil des siècles, cette branche a suivi l’évolution des croyances, des comportements psychologiques et spirituels, et s’est muée en branche de l’esprit (xin li) ou psychologie traditionnelle chinoise. Elle navigue à présent entre acupuncture, massage et pharmacopée pour traiter le psychisme.
Vers l’équilibre idéal
Le qi et le yin-yang seraient responsables du bon fonctionnement du corps et de l’esprit. Plus précisément, l’état de santé serait le résultat de l’équilibre entre les énergies du corps, de l’esprit, de la nature, du cosmos et d’autrui. Si l’équilibre idéal est atteint, on peut alors parler d’harmonie. Dans la philosophie taoïste, le chaos primordial, aussi appelé vide absolu ou néant, précède tout. C’est le monde non manifesté, un océan immobile de potentialités infinies, la source de la création. Puis le monde se manifeste et se met en mouvement. Le qi apparaît et se différencie en yin et en yang. Ces deux pôles coexistent, se repoussent et s’attirent simultanément, ils expriment le mouvement cyclique qui conditionne la vie. Rien n’est jamais totalement yin ou totalement yang, tout est en mouvement. Par exemple, le yin est froid comme l’hiver, immobile, interne, foncé et lourd, alors que le yang est chaud comme l’été, en mouvement, externe, clair et léger.
L’énergie mentale et l’énergie corporelle évoluent toutes les deux selon un mouvement ondulatoire perpétuel, et communiquent entre elles en permanence. Elles baignent le moindre recoin de notre être, circulant dans les méridiens, les organes vitaux et sensoriels. Le qi mental est la substance qui permet le passage de l’énergie corporelle dans l’esprit et vice-versa. Aimer, croire, espérer, désirer, imaginer, penser ou ressentir mettent en œuvre le qi mental, élaboré à partir du qi corporel (énergie vitale et des organes). Poumons, rate, foie, reins et cœur participent activement à cette énergie.
Le cœur joue le chef d’orchestre des opérations, comme un véritable porte-parole du psychisme. Imaginez que vous ayez un problème à résoudre : votre cerveau, tel un muscle, va utiliser la quantité nécessaire de qi mental puisée dans le sang pour trouver les solutions à votre problème. Le qi mental alimente les cellules nerveuses via les méridiens. Il va partout dans le corps, mais son « nid » est tout naturellement dans le cerveau.
Gardons à l’esprit que tout déséquilibre d’un organe déclenche très souvent un déséquilibre psychologique plus ou moins marqué en raison des connexions complexes entre méridiens transportant de l’énergie corporelle, des liquides organiques, du sang et du qi mental. Le qi mental dynamise à la fois la matière cérébrale et l’ensemble de l’organisme, il est nécessaire pour les émotions, la pensée, l’imagination, il nourrit et recharge l’organisme. L’activité psychique est donc primordiale pour la santé, d’autant plus si elle est positive. Ressasser le négatif l’affaiblit considérablement.
Nos organes jouent sur la vie psychique
La médecine occidentale, avec les travaux qui se sont multipliés sur le microbiote, a fait un énorme bond en avant et s’ouvre doucement aux liens entre cerveau et organes. Vus par la MTC, les organes – outre leurs fonctions respectives déjà immenses –, sont aussi responsables d’une partie de la vie psychique et affective. Chacune des opérations mentales affectives et intellectuelles est reliée à un organe. Le psychisme agit bel et bien sur le corps, et un examen psychologique donne des informations précieuses sur la santé des organes.
La MTC, et plus spécifiquement la psychologie traditionnelle chinoise, est très attentive à la vie émotionnelle, qui permet à tout individu d’élaborer des représentations du monde extérieur. Toute émotion est à analyser dans son environnement : qu’est-ce qui l’a déclenchée ? Quelles sont les sensations qu’elle procure, leur intensité ? Toute émotion, à condition qu’elle soit d’intensité normale et de durée limitée, tonifie l’organe auquel elle est reliée ; toute carence ou excès lui sera néfaste. Les cinq émotions de base sont la colère (liée au foie et à la vésicule biliaire), la joie (cœur et intestin grêle), le souci (rate et estomac), la tristesse (poumons, gros intestin) et la peur (reins et vessie). Ceci est évidemment très simplifié, dans la réalité la lecture de ces émotions est bien plus complexe, car les combinaisons entre elles sont bien nombreuses. l
Les études de psychologie traditionnelle chinoise
En Chine, la psychologie xin li est enseignée comme un outil thérapeutique à la disposition du médecin traditionnel qui doit pouvoir tenir compte des causes psychiques des symptômes. En France, un enseignement de niveau universitaire unique dans toute l’Europe est apporté par le Collège des sciences orientales. Cette formation est la seule à offrir un cursus long dans ce domaine. Son contenu est fidèle à l’esprit de compréhension universelle insufflé dans le taoïsme originel.
Aller plus loin :
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Prévenir le cancer avec la médecine traditionnelle chinoise (Jean Pélissier)
Les ventouses pour stimuler
la circulation de l’énergie
Secrets de centenaires (Jean Pélissier, éd. Albin Michel)
Stress et foie : la grande crise
Chercher ses symptômes sur Internet : bonne ou mauvaise idée ?
Dr Kunlin Zhang : Qi Gong, énergie et médecine chinoise (1ère partie)