Pour consulter le site sans publicités inscrivez-vous

Bains froids : le plein de tonus

  • L’immersion en eau froide stimule la circulation sanguine.L’immersion en eau froide stimule la circulation sanguine.
Article 100% numérique
Eau

Pratiqués de longue date en Europe du Nord ou en Russie, et remis depuis quelques années à l’honneur par Win Hoff (le Néerlandais surnommé l’« Homme de glace »), les bains froids ont aujourd’hui la cote, aussi bien auprès du grand public que des chercheurs. Bénéfiques pour le système cardiaque, immunitaire ou respiratoire, ils auraient également une influence sur notre santé mentale et notre tolérance à la douleur. De quoi donner envie de tenter le grand plongeon !

Article mis à jour le 08/03/2023 par Nihel Amarni

Pendant les vacances, bon nombre d’entre nous irons nous baigner, en bord de mer, dans un lac ou une rivière, milieux dont les eaux ne sont pas toujours à température tropicale. Mais ne vous en désolez pas, car s’immerger en eau froide présente de nombreuses vertus pour la santé, comme en témoignent des milliers de personnes adorant se baigner en extérieur, dans des eaux dont la température oscille entre 0 et 15 °C selon les latitudes. Au Royaume-Uni, dans les pays scandinaves, en Russie ou aux États-Unis, ces baigneurs un peu « frappés » ne tarissent pas d’éloges sur les bénéfices pour la santé de leur activité favorite qui fait l’objet, d’ailleurs, d’un nombre croissant d’études, ainsi que de nombreux reportages dans les médias.

Ainsi en Grande-Bretagne, une étude de cas s’est retrouvée dans un épisode d’une série documentaire de la BBC intitulée The Doctor Who Gave Up Drugs ; il s’agissait d’une jeune femme (Sarah) alors âgée de 24 ans, dépressive depuis l’âge de 17 ans, et dont les symptômes s’étaient avérés résistants à la fluoxetine (principe actif du fameux Prozac) puis au citalopram. Après la naissance de sa fille, désireuse de se libérer à la fois de sa dépression et de ses médicaments, Sarah a accepté d’expérimenter un programme de nage en eau froide et en plein air. Après trois mois (sur un programme de six au total) à raison d’un ou deux bains hebdomadaires, elle ne répondait plus aux critères officiels de la dépression et n’avait plus besoin de médicaments, situation toujours stabilisée un an après le début de l’expérience.

 

Lire aussi Thalassothérapie et santé : la mer pour partenaire

L'immersion en eau froide : quels effets sur la santé ?

Les témoignages relatifs à des effets similaires sur la dépression et d’autres désordres cognitifs sont nombreux. D’ailleurs, les auteurs de l’étude initiale dont Sarah a fait l’objet ont, par la suite, lancé un appel auprès de l’Outdoor Swimming Society (une communauté de nageurs en extérieur) afin de poursuivre ses investigations sur un public plus large. Espérant une quarantaine de candidats, l’initiative a collecté plus de 600 contacts désireux de partager leurs expériences sur l’anxiété, la dépression, l’addiction, la migraine ou encore l’arthrite.

Ces activités, allant de la simple immersion de quelques minutes au bain froid érigé en tant que sport en passant par la plongée, sont organisées de plus en plus souvent au sein d’associations, de clubs et autres groupes comme le Coney Island Polar Bear Club, près de New-York, la plus ancienne organisation de bains hivernaux aux États-Unis.

La gestion du stress est l’une des motivations citées le plus souvent par ses membres. D’après les scientifiques qui s’intéressent au phénomène, l’immersion en eau froide stimule la réponse combat-fuite au stress extrême, qui court-circuite complètement notre cerveau conscient, pour ne faire appel qu’à la réponse réflexe pure. Ce processus déclenche une décharge immédiate de différentes hormones (adrénaline, cortisol) et neurotransmetteurs (noradrénaline, dopamine), avec un impact rapide sur la circulation sanguine, le rythme cardiaque, mais également sur le cerveau. Cette réaction « centripète » génère notamment une oxygénation massive des muscles et du cerveau, et mobilise drastiquement les réserves énergétiques (pour lutter contre le froid). Au niveau du système nerveux, la stimulation initiale par le froid mobilise le système sympathique de manière forte, à la manière d’un stress imprévu, avant que le système parasympathique ne reprenne la main, et encourage à la libération de bêta-endorphines qui accentuent la sensation de bien-être. La libération d’endorphines n’est pas le seul impact des bains d’eau froide sur le cerveau. Certaines études animales suggèrent que la libération de protéines de choc, induites par l’exposition au froid, pourrait avoir un effet de protection et de régénération de nos synapses.

En outre l’immersion courte, mais régulière, en eau froide favoriserait notre plasticité cérébrale, selon une récente étude anglo-saoudienne. En effet, les résultats d’IRM de 33 participants auraient révélé que chaque bain en eau froide (20 °C pendant 5 minutes) générait des interconnexions neuronales positives entre le cortex préfrontal médian et le cortex pariétal. Or, comme l’explique le Dre Ala Yankouskaya, auteure principale de l’étude « Ce sont les parties du cerveau qui contrôlent nos émotions et nous aident à rester attentifs et à prendre des décisions ». Les participants ont d’ailleurs exprimé à travers leurs questionnaires le sentiment d'être plus actif, alerte, attentif, fier et inspiré. En outre, la stimulation de ces zones particulières aurait contribué à diminuer l’importance d’autres interconnexions neuronales, celles-ci liées à des affects plus négatifs comme les sentiments de nervosité et de détresse. D’autres recherches ont par ailleurs montré que les bains froids permettaient également de réduire la production d’hormone adrénocorticotrope (ACTH). Fabriquée par l’hypophyse, elle a pour rôle de stimuler les glandes surrénales pour sécréter du cortisol. La fameuse hormone du stress.

Ainsi, il n’y a rien d’étonnant à ce que de nombreux pratiquants relatent leur capacité accrue à relativiser et mieux gérer les situations de stress grâce aux bains froids. Ce contact avec un élément naturel sous une forme extrême, témoignent-ils, les reconnecte à eux-mêmes, à leurs sensations et à leurs ressources intérieures, biologiques comme psychiques. Ils éprouvent une meilleure condition physique, mais aussi une confiance en soi plus solide, et finalement une meilleure qualité de vie au quotidien. D’autant que les effets ne s’arrêtent pas là : l’immersion en eau froide contribuerait aussi à réduire considérablement l’inflammation et la douleur. Des études mettent ainsi en exergue le potentiel de cette pratique pour soulager les symptômes douloureux notamment des rhumatismes, de fibromyalgies ou encore de l’asthme.  Enfin, parmi les nageurs les plus assidus, certains rapportent ne plus souffrir de leurs douleurs lombaires, auparavant chroniques.

 

Lire aussi Froid et vibration contre la sclérose en plaque

Immersion en eau froide : risques et précautions à prendre

Attention cependant, car si les pratiquants réguliers ne prennent quasiment aucun risque à se frotter aux températures les plus basses, il n’en va pas de même quand on débute ou qu’on s’essaye à l’eau froide, à l’occasion des vacances, par exemple. Les risques principaux résident dans des phénomènes de choc thermique en cas d’entrée trop rapide dans l’eau, et d’hypothermie si la baignade est prolongée au-delà des capacités physiques du sujet. Mais de nombreux autres incidents peuvent survenir ‒ a fortiori lorsqu’existent certains problèmes de santé ‒ tels des convulsions, des troubles du rythme cardiaque ou carrément un arrêt cardiaque, ou un accident vasculaire cérébral. Ce n’est donc pas du tout une pratique qui s’improvise et il est fortement recommandé d’évaluer en amont d’éventuelles contre-indications, de commencer de manière accompagnée et de suivre des conseils de bon sens : commencer avec une température autour des 13 à 15 °C, entrer doucement dans l’eau, être plusieurs de préférence, rester près des berges et limiter les premiers bains à moins d’une dizaine de minutes, notamment. Enfin, on peut également débuter avec des bains de sièges froids ou dérivatifs qui feront profiter votre organisme des vertus du froid avec notamment la stimulation des graisses brunes.

Lire aussi Sauna : la chaleur salvatrice des infrarouges

Pour ceux qui préfèrent le chaud

Tout le monde n’a pas la possibilité, ni forcément le courage, de s’astreindre à des bains réguliers en eau « sauvage », encore moins en hiver ! Bonne nouvelle, un « simple » bain chaud dans votre baignoire vous apportera aussi son lot de bienfaits : une vaste étude japonaise auprès d’un panel d’un peu plus de 30 000 participants âgés de 40 à 59 ans, suivis de 1990 à 2009, suggère que la fréquence à laquelle les sujets prennent un bain chaud (de une fois par semaine jusqu’à un par jour) est inversement associée au risque de développer une maladie cardiovasculaire. Ce résultat confirme, à grande échelle, des constats de recherches antérieures qui montraient que les bains chauds ‒ de même, d’ailleurs, que la chaleur sèche des saunas finlandais ou infrarouges ‒ étaient bénéfiques à la santé cardiovasculaire par leur effet stimulant sur la circulation sanguine.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


Pour consulter le site sans publicités inscrivez-vous