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Agro-alimentaire, le royaume du pipeau
Depuis toujours, l’alimentation a été considérée comme la première des médecines. Mais cette qualité n’est plus assurée tant sont nombreux les dysfonctionnements des appareils de santé et des autorités chargées de vérifier la véracité des messages diffusés. Faut-il rappeler que pendant des années, l'industrie du tabac américaine à utilisé comme argument de vente les bénéfices de la fumée du tabac en termes de santé et qu'il a fallu attendre les années 60 pour qu'elle n'ait plus le droit de les employer. Aujourd'hui, au travers de leurs publicités et de tous les messages plus ou moins subliminaux diffusés via les réseaux sociaux, les jeux, les films ou les séries, l'industrie agro-alimentaire a déployé un éventail de moyens pour dire le contraire de la vérité.
Entre les organismes de santé et les GIE, les seconds ont manifestement le pouvoir
Les médias - tout particulièrement la télévision, les réseaux sociaux sur Internet (Facebook [1]) et les advergames - diffusent force publicités pour des produits issus de l’industrie agroalimentaire sans (grand/aucun) intérêt nutritionnel (sodas, colas par ex.). Malgré les nombreux avertissements provenant de la communauté scientifique indépendante, cette situation perdure et perdurera encore, non pas du fait de la destruction d’un nombre considérable d’emplois si l’interdiction de ce type de messages était subitement interdit (ce n’est qu’un spectre brandi par l’industrie !), mais à cause des interminables procédures judiciaires que les firmes internationales n’hésitent pas à mener dès qu’un de leurs intérêts est menacé de quelque façon. Elles le font pour leur propre compte ou par l'intermédiaire de GIE (Groupement d'Intérêts économiques) au sein desquels elles se rassemblent, ce qui multiplie d'autant leurs moyens d'action.
Il n’empêche que les politiques manquent de courage car l’actuelle absence de régulation des messages destinés aux enfants met en péril leur santé de futurs adultes :
- Il est aujourd’hui formellement établi qu’après quelques décennies d’une alimentation à l’américaine (dénommée régime occidental) depuis le plus jeune âge, les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 - entre autres fléaux des temps modernes - frappent de plus en plus tôt[2] de sorte que l’espérance et la qualité de vie qui ne cessaient d’augmenter depuis le début du 20ème siècle, menacent de diminuer.
- Dans le même temps, les enfants - et surtout les plus petits - sont de plus en plus visés par le battage médiatique : aux USA, entre 2009 et 2011, le marketing télévisé a crû de 8,3% pour la classe des 2 à 5 ans pour seulement 4,7% pour ceux de 6 à 11 ans[3].
- La promesse d’un jouet de pacotille crée une appétence pour les produits usinés qui en contiennent[4] (Kinder surprise, Happy Meal de McDonald’s), première étape d’une habituation à une alimentation essentiellement industrielle et, possiblement, d’une véritable dépendance à celle-ci du fait de sa richesse en sucres[5] (notamment rapides), en graisses et en sel[6].
Advergames :
des jeux vidéo sous influence
Produit de la contraction d’advertisement (publicité) et de game (jeu), ce néologisme anglo-américain définit tout jeu vidéo qui contient une publicité pour un produit, un service ou une entreprise. Soit le jeu a été créé par une firme dans le but de se faire de la publicité auquel cas il est distribué gratuitement, soit le jeu est sponsorisé. Ainsi, une quantité innombrable de messages issus de l’industrie de la malbouffe est-elle véhiculée chaque jour à travers le monde, visant particulièrement les enfants [7].
Les GIE utilisent également ces mêmes médias pour mener des campagnes d’information/désinformation. Ex : entre juin 2013 et mars 2014, l’Observatoire du Pain 2013 a placardé des milliers d’affiches à travers la France sur le thème « Coucou ? Tu as pris le pain » afin d’endiguer la vague de sympathie montante pour le régime sans gluten, suite notamment au succès du livre « L’alimentation ou la troisième médecine » du Dr Jean Seignalet.
La politique du miroir aux alouettes
plutôt qu’une politique d’éducation nutritionnelle
Les attrape-nigauds déployés par l’industrie agro-alimentaire ne cessent de croître en nombre et en puissance, d’autant que certains d’entre eux bénéficient du lustre de la bénédiction d’une ou plusieurs agences nationales de santé. Ainsi, « Pour votre santé, mangez au moins 5 fruits et légumes par jour. », le message est partout, même en bas de certaines publi-informations pour des préparations alimentaires industrielles !
D’autres pièges sont aussi efficaces quand ils sont enduits d’une bonne charge d’affects : comment une maman peut-elle résister à la pression de ses enfants quand ceux-ci reprennent en chœur ce qu’ils ont vu et entendu à la télévision ?
- « Mais t’avais dit qu’on ferait des Knackis ! »,
- « Maman, ça fait déjà une semaine !... On ne peut plus tenir là ! Des gnogno, des kiki… Des gnocchis à poêler Lustucru, hm ? Ah OUAIS ! De plus, c’est super facile à faire… »
- « Le samedi, c’est saucisses couscous avec Lustucru ! »
- « Coca-cola, choisis le bonheur ! »
Fi donc de l’alimentation naturelle à base de produits de proximité, frais, biologiques et le moins possible transformés, seule garantie d’une moindre teneur en polluants, d’une plus grande densité en micronutriments essentiels (minéraux, vitamines et paravitamines) et donc d’une meilleure satisfaction des besoins de l’organisme !
Comment résister à la publicité ? Mangez du popcorn en utilisant votre média !
Lors de la première rencontre avec un nouveau spot publicitaire, l’attention est irrésistiblement attirée de sorte que la langue et les lèvres miment automatiquement la prononciation des mots nouvellement entendus : le processus de mémorisation est en marche et de façon d’autant plus efficace que ce qui a été perçu par l’oreille sonne bizarre. De grandes marques doivent leur succès en grande partie à cette seule astuce.
Par contre, mâcher du popcorn ou un chewing-gum au moment même de l’utilisation d’un média détourne l’attention réflexe et le message publicitaire perd de sa puissance. Attention : consommer un produit sucré dans ces circonstances a l’effet inverse ![8]
Est-il encore possible d’échapper à cet enfer quotidien ?
Bien évidemment, l’individu isolé ne peut rien. La force est dans la réunion d’un nombre suffisant de volontés comme la garantie du succès des opérations qu’il convient de mener se trouve dans l’intention ferme et définitive de servir la vérité et le bien-être de tous… même celui des opposants !
Ainsi, l’insurrection citoyenne peut-elle puiser sa légitimité et trouver capacité de conviction auprès du plus grand nombre.
[1] The University of Sydney : « Digital junk: Unhealthy brands using Facebook to target young people », October 22, 2014.
[2] A. C. McClure, S. E. Tanski, D. Gilbert-Diamond, and coll. : « Receptivity to Television Fast-Food Restaurant Marketing and Obesity Among U.S. Youth » dans « American Journal of Preventive Medicine », 2013 ; 45 (5), pp. 560-568.
[3] L. M. Powell, J. L. Harris, and T. Fox : « Food marketing expenditures aimed at youth: putting the numbers in context » dans « The American Journal of Preventive Medicine », October 2013 ; 45(4), pp. 453-461.
[4] A. M. Bernhardt, C. Wilking, A. M. Adachi-Meja, and coll. : « How Television Fast Food Marketing Aimed at Children Compares with Adult Advertisements » dans « PlosOne », August 2013 ; 8(8) : e72479, 6 pages.
[5] M. Lenoir, F. Serre, L. Cantin, and S. H. Ahmed : « Intense Sweetness Surpasses Cocaine Reward » dans « PlosOne », August 01, 2007 ; Issue 8 : e698, 10 pages.
[6] I. Dimitrijevic, N. Popovic, V. Sabljak, and coll. : « Food addiction-diagnosis and treatment » dans « Psychiatria Danubina », March 2015 ; 27(1), pp. 101-106.
[7] L. J. Weatherspoon, E. T. Quilliam, H.-J. Paek, and coll. : « Consistency of nutrition recommendations for foods marketed to children in the United States, 2009-2010 » dans « Preventing Chronic Disease », September 26, 2013 ; 10 : 130099, 8 pages.
[8] S. Topolinski, S. Lindner, and A. Freudenberg : « Popcorn in the cinema: Oral interference sabotages advertising effects » dans « Journal of Consumer Psychology », April 2014 ; 24(2), pp. 169-176.
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