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Soyons des héros !

Article paru dans le journal nº 41

Le cinéma met à l’honneur Irène Frachon. On ne peut que s’en réjouir. À l’heure où nous imprimons ce numéro, nous n’avons pas eu l’occasion de voir ce film, "La fille de Brest", dont on dit qu’il est juste, intense, et qu’il met l’accent sur la colère d’une femme seule.

Une « simple » pneumologue au pays des « grands » cardiologues, qui s’est battue pour révéler le scandale du Mediator. Le Mediator de Servier, laboratoire pharmaceutique concurrençant les grandes firmes américaines, fleuron hexagonal dont le fondateur aimait à confondre l’intérêt propre et l’intérêt national, si l’on en juge par ses notes manuscrites publiées dans Mediapart.

Seule, Irène Frachon, modeste pneumologue de Brest, a affronté tout ce que notre pays, et notre système, ont élaboré de plus laid et de plus implacable. Seule. Nourrie par les souffrances des patientes qu’elle a vues agoniser, elle a quitté la zone de confort où se love la majorité des médecins, et dont ils ne peuvent s’extraire sans s’exposer à de graves conséquences. De confrères en institutions, de mépris en menaces, de désillusions en dégoûts, elle a pris la mesure des jugements iniques propres à une institution dans l’ombre de la justice du pays et de ses beaux principes. Tous les coups sont permis, et rien ne protège le médecin qui quitte sa zone de confort. Ni l’argent ni le prestige social, encore moins l’autorité. Le miroir du caducée, celui qui rappelle la prudence, voire l’humilité et l’altruisme du médecin, se brise pour refléter les visages menaçants de ceux qui ne veulent pas être éclaboussés, de ceux qui ne veulent pas de grain de sable.

Elle a été seule, Irène Frachon, et rien de prestigieux, d’égotique n’a perverti sa lutte. Ce n’est que dans les maux atroces de ses patientes qu’elle a puisé les ressources nécessaires pour affronter la terrifiante violence du combat. Ses larmes méprisées ont dévoilé le sens unique de son chemin, sans retour possible. Elle n’a rien gagné de prime abord. Pas de t-shirt à son nom, pas de compléments alimentaires, à peine un livre pour s’expliquer, pas de droits d’auteur sur son film. Juste ce dont nous avons tous besoin : une héroïne qui a su opposer au cynisme du marché la noblesse d’un humain incorruptible, portant vaille que vaille les cris de souffrance de patients sacrifiés sur l’autel des profits d’un laboratoire qui n’a pas cessé de mépriser ses victimes. Cette héroïne trouve dans nos colonnes un relais infatigable.

Nous ne sommes rien face à ce courage, mais nous serions moins que rien si nous ne nous faisions pas l’écho de ces combats. Les Don Quichotte gagnent à la fin, le pot de fer l’emporte contre le pot de terre – reste à honorer le pot de fer, qui n’est pas celui que l’on croyait. Irène Frachon montre l’exemple ; nous devons honorer ce combat et le faire nôtre. Le cynisme est l’arme des riches, et la résignation les miettes des pauvres. Nous sommes riches, nous le savons grâce à Irène Frachon, alors battons-nous, sans cesse, car nous sommes les héros de notre propre destinée. Et nulle échappatoire n’est permise : nous savons bien que ne sont victimes que ceux qui décident de l’être. Choisissez votre camp.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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