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Vieillissement : l’interconnexion yeux-cerveau passée à la loupe

  • Les patients opérés de la cataracte ont 30 % de risque en moins de développer une démence.Les patients opérés de la cataracte ont 30 % de risque en moins de développer une démence.
Article paru dans le journal nº 102

De plus en plus d’études font état d’une interconnexion entre les déficiences visuelles et les déficiences cognitives chez les personnes âgées, jusqu’à parfois les confondre au moment des tests. Jusqu’où va cette « liaison dangereuse » et comment agir de concert sur les deux organes concernés ?

Article mis à jour le 26/10/2022 par Nihel Amarni

Des problèmes de diagnostic qui posent question

Les diagnostics de troubles cognitifs liés à l’âge sont-ils faussés par l’impact des troubles de la vision ? C’est l’hypothèse provocante avancée par une étude australienne1 qui s’est intéressée à l’influence de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) sur la précision des tests de démence sénile.

Dans leur expérimentation, les chercheurs ont simulé des niveaux modérés à sévères de DMLA à l’aide de lunettes modifiées.Vingt-quatre participants sans déficience visuelle ont alors effectué, avec et sans ces lunettes, deux exercices cognitives courants dans ce genre de test : un premier dépendant du temps de réaction visuelle, un second sans lien avec la vision (test de fluidité verbale).

Si le test de fluidité verbale n’a pas du tout été affectée par l’expérience, les scores de réaction visuelle ont, sans surprise, diminué de manière significative dans les conditions de DMLA simulée. L’équipe alerte donc sur les possibles erreurs de diagnostic ou risques de surdiagnostic pour les séniors souffrant de troubles de la vue.

La question reste difficile à trancher, car si les troubles visuels peuvent causer des erreurs de diagnostic psychologique et de diagnostic neurologique, ils vont souvent de pair avec les troubles cognitifs, plus particulièrement à un âge avancé.

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Des corrélations troublantes

Outre la proximité de nos yeux et de notre cerveau, il existe une interconnexion plus profonde entre ces deux organes. En effet, notre perception du monde n’est pas dictée par nos yeux, elle est traitée et traduite par une grande partie de notre cerveau. Les aires cérébrales visuelles représentent en effet près d’un tiers de nos connexions neuronales et « sont chacune spécialisées dans un type de traitement particulier, du plus perceptif au plus cognitif », comme le rappelle l’association Les yeux dans la tête engagée dans le combat contre les troubles neurovisuels.

Cette collaboration yeux-cerveau influence alors d’autres zones cérébrales, telles que celles de la mémoire, du langage et même des émotions, qui peuvent à leur tour influencer notre perception visuelle.

De nombreuses études mettent d’ailleurs en évidence les liens étroits entre nos capacités visuelles et notre cerveau, notamment dans le cadre de la démence et des pathologies qui lui sont associées comme la maladie d’Alzheimer. Parmi elles, on trouve une étude chinoise3 datant de 2021 menée sur une cohorte de près de 12 364 Britanniques âgés de 55 à 73 ans. Ses résultats ont montré que le risque de démence était augmenté de 11 % pour les participants atteints de cataracte, de 26 % pour ceux atteints de DMLA et de 61 % pour les patients atteints de maladie oculaire associée au diabète. Un lien a aussi été établi entre le déclin cognitif et certaines formes de glaucome4En ce sens, les conclusions d’une étude taïwanaise de 2022, menée sur une cohorte de près de 77 000 personnes, soutiennent que les personnes atteintes d’un « glaucome à tension normale » (glaucome primitif à angle ouvert) sont 52 % plus susceptibles de développer la maladie d'Alzheimer que les autres. De plus, les personnes plus âgées, de sexe féminin ou ayant des antécédents d'accident vasculaire cérébral, présenteraient l’incidence la plus élevée.

Cependant, si la communauté scientifique s’accorde sur l’existence de cette « liaison dangereuse », elle paraît encore frileuse quand il s’agit de confirmer un lien de causalité, les déficiences des deux organes concernés pouvant avoir des impacts réciproques.

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Quand les yeux affectent le cerveau… et vice versa

Aujourd’hui, le lien causal unissant les déficiences visuelles au déclin cognitif semble être l’angle privilégié par les chercheurs, comme le révèle une récente analyse systématique américaine5 (2022) : « Notre revue systématique indique qu’une majorité d’études (91 sur 110) examinant la relation vision-cognition rapporte que les troubles visuels sont [en cette direction] associés à plus de déficience cognitive ou de démence chez les personnes âgées. »

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