Pour consulter le site sans publicités inscrivez-vous

Le cannabigérol ou CBG : un phytocannabinoïde complémentaire du CBD

  • Le cannabigerol, Le cannabigerol, "mère de tous les cannabinoïdes"
Article 100% numérique

Parmi les phytocannabinoïdes isolés du chanvre thérapeutique, certains sont aujourd’hui bien connus, tandis que d’autres commencent à peine à dévoiler leurs vertus. Parmi ces derniers, le cannabigérol (CBG) du cannabis est prometteur, car il exerce des actions multiples, parfois différentes de celles du CBD et souvent complémentaires. Le nombre d’études le concernant est en constante augmentation, tant il est porteur d’espoirs thérapeutiques, notamment dans le cadre de pathologies complexes à traiter. Faisons le point sur ses possibles bienfaits et sur les connaissances actuelles à son sujet.

Article mis à jour le 13/07/2023

À l’heure actuelle, l’une des plantes les plus étudiées pour ses divers composants bioactifs est le chanvre (ou cannabis) thérapeutique, Cannabis sativa L. L’un des intérêts principaux de cette espèce, cultivée depuis l’Antiquité pour ses fibres, son huile, mais également pour ses vertus médicinales, est de produire des phytocannabinoïdes. Plus d’une centaine de ces substances ont été isolées à ce jour dont certaines sont déjà bien connues et d’ores et déjà qualifiées de « thérapeutiques » : le tétrahydrocannabinol (THC), le cannabidiol (CBD) et le cannabinol (CBN). D’autres, comme le cannabigérol (CBG), commencent tout juste à être étudiées plus activement.

Il existe différentes variétés de chanvre. Certaines sont pauvres en phytocannabinoïdes psychoactifs comme le THC, mais riches en autres composés non psychoactifs comme le CBD, le CBN ou le CBG. Toutes ces molécules solubles dans les lipides sont issues de la résine des plants femelles et sont produites par des poils sécréteurs (trichomes), poils principalement localisés sur les fleurs, mais qu’on trouve également sur les tiges, les graines et les feuilles.

On obtient l’huile de chanvre par pression à froid des fleurs ou par extraction par des solvants chimiques, par des huiles naturelles ou par du CO 2 supercritique (dioxyde de carbone sous forme fluide). Cette huile sera ensuite généralement plus ou moins enrichie en l’un ou l’autre (ou plusieurs) des composés des fleurs de cannabis.

L’une des forces des phytocannabinoïdes est qu’ils exercent de multiples actions biologiques (anti-cancéreuses, anti-inflammatoires, neuroprotectrices, antidépressives) dans le corps (1) en agissant directement sur les récepteurs du système endocannabinoïde, un système majeur de communication et d’équilibre agissant dans l’ensemble de l’organisme. Les phytocannabinoïdes agissent aussi indirectement, par des effets antioxydants et anti-inflammatoires notamment.

CBG : quelle différence avec le CBD ?

La plante produit d’abord du CBG, à partir duquel des transformations biologiques donnent naissance à tous les autres phytocannabinoïdes, dont le CBD et le THC (2), raison pour laquelle on l’appelle la « mère de tous les cannabinoïdes ». Le CBG est par conséquent présent à l’état de traces (moins de 1 % en poids sec) dans la plante. L’existence de variétés riches en CBG a été documentée dès 1987 (3), mais dans le chanvre toutes variétés confondues, le CBG a tendance à se concentrer plutôt dans les parties hautes de la plante, dix fois plus riches en CBG que la partie inférieure (1). Il a été prouvé que le CBG, tout comme le CBD dont la structure chimique est proche, est un régulateur du système endocannabinoïde (2). Ces deux composés partagent des actions pharmacologiques similaires, mais se différencient en d’autres points (5), agissant en synergie lorsque combinés (6).

Le CBG est présent (mais souvent non dosé et répertorié par les fabricants) dans les huiles de CBD dites « full spectrum », ou à spectre entier, contenant des cannabinoïdes, dont du THC (< 0,3 %), mais également des flavonoïdes, des terpènes… Il est également présent dans les huiles dites « broad spectrum », ou à spectre large, ayant la même composition que les précédentes, mais sans THC.

Qu’en est-il de la recherche sur le CBG aujourd’hui ? Dans quels domaines semble-t-il le plus prometteur au vu de ses actions anticancéreuses, anti-inflammatoires, neuroprotectrices, antidiabétiques et de sa capacité à stimuler l’appétit (7) ?

Lire aussi Cannabis : Le CBD, du commerce aux promesses

Quelles sont les propriétés du CBG ? Protecteur neuronale, anti-inflammatoire, antioxydant, antibactérien…

S’il est bien un domaine de recherche très actif concernant le CBG, c’est la neurologie. Plusieurs études in vitro ont montré que le CBG (comme le CBD) protège les neurones attaqués par des substances toxiques, ainsi que dans le cadre de maladies neurodégénératives (8, 9). Cet effet protecteur serait partiellement expliqué par une puissante action anti-inflammatoire et antioxydante (10, 11).

La molécule (surtout en association avec le CBD) s’est révélée particulièrement protectrice et prometteuse dans des modèles animaux d’accident vasculaire cérébral (12), mais aussi de sclérose en plaques (13), de maladie de Huntington (14) et de sclérose latérale amyotrophique (15), trois pathologies neurologiques très invalidantes pour lesquelles les réponses thérapeutiques actuelles sont de toute évidence insuffisantes. Plus extraordinaire encore, le CBG a montré,in vitro, une capacité à régénérer les neurones après une lésion traumatique de la moelle épinière (16).

D’autres pathologies complexes ou problèmes actuellement difficiles à régler pourraient bénéficier des bienfaits multiples du CBG, notamment :

- Les glioblastomes (le glioblastome est un cancer cérébral fréquent) : le CBG étant actif in vitro contre des cellules de glioblastome résistant à la chimiothérapie, et luttant par ailleurs contre le déclin cognitif (souvent constaté en cas de glioblastome), il pourrait être un candidat intéressant pour remplacer le THC actuellement utilisé. L’avantage du CBG est de pas être psychoactif, au contraire du THC (17, 18) ;

- Les douleurs neuropathiques (y compris celles induites par les traitements de chimiothérapie) (19) et les états inflammatoires chroniques, comme l’arthrite, à l’origine de douleurs (20).

Parallèlement, le CBG pourrait, d’après les études animales, influencer la prise alimentaire : il provoque une augmentation de la fréquence des repas (21). Cette propriété est intéressante en cas de cachexie (fonte musculaire et adipeuse pouvant être liée aux traitements de chimiothérapie) ou de troubles de la prise alimentaire comme l’anorexie où l’on recherche une prise de poids (22, 23) . Attention cependant à éviter le CBG par voie orale si l’on souhaite perdre du poids. Il se différencie du CBD qui, à l’inverse agit comme un coupe-faim (24).

Du fait de ses actions anti-inflammatoire et antioxydante, le CBG montre, dans des modèles expérimentaux, des effets anti-inflammatoires et anticancéreux intéressants sur le système digestif, notamment dans le cadre des MICI (25) (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) et du cholangiocarcinome (26) (cancer des canaux biliaires).

Cependant, sa qualité probablement la plus inattendue est son action antibactérienne. Le CBG est notamment capable de lutter contre la formation de biofilms bactériens, des amas structurés où les bactéries, enrobées d’une matrice polysaccharidique, forment une couche adhérant aux muqueuses ou à la peau. Cette structure de biofilm empêche l’accès aux bactéries par le système immunitaire et d’éventuels médicaments antibiotiques, ce qui empêche leur destruction.

C’est notamment le cas avec Streptococcus mutans, une bactérie communément impliquée dans la formation de plaque dentaire et dans l’apparition de caries (27, 28) : le CBG est capable de supprimer le biofilm et de réduire l’invasion de la bouche par cette espèce bactérienne. Le CBG exerce également son activité antibactérienne sur Streptococcus mutans en altérant son quorum sensing, un système de communication intercellulaire impliquant de petites molécules de signal.

Le CBG exerce son action antimicrobienne sur d’autres bactéries potentiellement pathogènes comme Escherichia coli et les staphylocoques cutanés. L’application d’un produit à base de CBG sur la peau permet de lutter contre la sécheresse et l’inflammation cutanées (2) sans altérer le microbiote de la peau qui est indispensable pour son équilibre (29).

Au-delà de son effet antibactérien, le CBG pourrait être bénéfique pour les symptômes du tractus urinaire bas, notamment les contractions excessives de la vessie qui peuvent conduire à des besoins mictionnels fréquents ou à des douleurs (30).

Lire aussi Vessie hyperactive, quelles solutions ?

Le CBG semblerait intéressant enfin dans la prise en charge du glaucome, du psoriasis, du syndrome de la peau sèche, de l’acné, des douleurs et des maladies cardiovasculaires (31). Rappelons que si ces propriétés sont aussi nombreuses que prometteuses, elles demandent, pour la plupart d’entre elles, d’être validées par des essais cliniques sur l’humain.

Voies d'administration, précautions d’emploi du CBG

Le CBG ayant, au contraire du CBD, une action in vitro sur les récepteurs adrénergiques (32) (dont l’activation provoque une dynamisation de l’organisme), il est parfois conseillé de le prendre le matin et de prendre le CBD, légèrement sédatif, le soir. La dose de CBG recommandée dans les formules commerciales est de 5 à 50 mg par prise. Il est préconisé de commencer par la plus faible dose et d’augmenter progressivement jusqu’à atteindre celle efficace pour vous, c’est-à-dire qui vous procure l’effet recherché.

L’application transdermique de CBG chez l’animal s’est montrée non toxique et sans risque (2, 33). Cependant, une étude préliminaire sur la prise sur le long terme par voie orale chez l’animal a montré que le CBG semble induire plus de stress oxydant et de toxicité hépatique (réversible) que le CBD (34) ; en extrapolant les données expérimentales de cette étude, cela reviendrait pour un humain à prendre 50 mg de CBG par jour pendant presque 6 ans en continu, ce qui est en pratique très rare. Cette étude illustre la nécessité de s’en tenir aux doses minimales efficaces, de respecter des pauses thérapeutiques (faire des arrêts de traitement réguliers) et de privilégier, si possible, les applications cutanées.

Usages, perspectives et cadre légal

Au vu du succès et de la notoriété bien établie du CBD, on peut s’interroger sur l’intérêt de la prise de CBG. Pour l’évaluer, une équipe de chercheurs s’est enquise de l’efficacité de ce phytocannabinoïde directement auprès des consommateurs de préparations contenant plus de 50 % de CBG avec un questionnaire dont les résultats ont été publiés en 2022 (35).

La raison principale d’utilisation du CBG était médicale (et non récréative), notamment pour traiter l’anxiété (51 %), la douleur chronique (41 %), la dépression (33 %) et les troubles du sommeil (31 %). La majorité de ces usagers a considéré que la prise de CBG avait « beaucoup amélioré » ou « amélioré » leurs symptômes. Ils ont également estimé que ce traitement était plus efficace que les médicaments conventionnels pour soigner la douleur chronique (74 %), la dépression (80 %), l’insomnie (73 %) et l’anxiété (79 %).

Selon d’autres chercheurs, le CBG pourrait même être plus anti-inflammatoire et antioxydant que le CBD, notamment au niveau cutané (2). L’un des principaux freins à une utilisation plus généralisée de CBG est la difficulté d’extraction et de purification à partir du chanvre thérapeutique dans lequel il est présent en très faibles quantités. Pour contourner cette limitation, de nouvelles technologies de production par fermentation sont en cours de mise au point (2) pour rendre le procédé plus rapide et moins onéreux et ainsi faciliter l’accès au CBG pour les consommateurs.

Aujourd’hui, un certain nombre de produits à base de CBG sont déjà sur le marché : à l'instar d'autres cannabinoïdes issus du chanvre n'ayant pas d'effets psychoactifs ou euphorisants comme le CBD, les produits contenant du CBG sont actuellement légaux en France et la majorité de l'Europe, à condition toutefois qu'ils ne contiennent pas plus de 0,3% de THC. De plus amples études cliniques sont toutefois attendues sur l’efficacité et la sécurité de la prise de ce phytocannabinoïde.

Références bibliographiques

1) « The Origin and Biomedical Relevance of Cannabigerol », Int J Mol Sci (2022) ; doi: 10.3390/ijms23147929

2) « In Vitro and Clinical Evaluation of Cannabigerol (CBG) Produced via Yeast Biosynthesis: A Cannabinoid with a Broad Range of Anti-Inflammatory and Skin Health-Boosting Properties », Molecules (2022) ; doi: 10.3390/molecules27020491

3) « Identification of a New Chemotype in Cannabis sativa : Cannabigerol - Dominant Plants, Biogenetic and Agronomic Prospects », Planta Med (1987)

4) « Cannabigerol Action at Cannabinoid CB 1 and CB 2 Receptors and at CB1–CB 2 Heteroreceptor Complexe », Front Pharmacol (2018)

5) « Cannabidiol and Cannabigerol Inhibit Cholangiocarcinoma Growth In Vitro via Divergent Cell Death Pathways », Biomolecules (2022)

6) « Cannabigerol and cannabichromene in Cannabis sativa L. », Acta Pharmaceutic (2020)

7) « A Comparative In Vitro Study of the Neuroprotective Effect Induced by Cannabidiol, Cannabigerol, and Their Respective Acid Forms: Relevance of the 5-HT 1A Receptors », Neurotox Res (2021)

8) « Antioxidant and Neuroprotective Effects Induced by Cannabidiol and Cannabigerol in Rat CTX-TNA2 Astrocytes and Isolated Cortexes », Int J Mol Sci (2020)

9) « In Vitro Model of Neuroinflammation: Efficacy of Cannabigerol, a Non-Psychoactive Cannabinoid », Int J Mol Sci (2018)

10) « Could the Combination of Two Non-Psychotropic Cannabinoids Counteract Neuroinflammation? Effectiveness of Cannabidiol Associated with Cannabigerol », Medicina (Kaunas) (2019)

11) « Protective Effects of Cannabidivarin and Cannabigerol on Cells of the Blood–Brain Barrier Under Ischemic Conditions », Cannabis Cannabinoid Res , 2021

12) «Therapeutic Potential of Phytocannabinoid Cannabigerol for Multiple Sclerosis: Modulation of Microglial Activation In Vitro and In Vivo», 2021.

13) « Neuroprotective Properties of Cannabigerol in Huntington’s Disease: Studies in R6/2 Mice and 3-Nitropropionate-lesioned Mice », Neurotherapeutics (2015)

14) « Neuroprotective effects of the cannabigerol quinone derivative VCE-003.2 in SOD1 G93A transgenic mice, an experimental model of amyotrophic lateral sclerosis », Biochem Pharmacol (2018)

15) « Will Cannabigerol Trigger Neuroregeneration after a Spinal Cord Injury? An In Vitro Answer from NSC-34 Scratch-Injured Cells Transcriptome », Pharmaceuticals (Basel) (2022)

16) « Cannabigerol Is a Potential Therapeutic Agent in a Novel Combined Therapy for Glioblastoma », Cells (2021)

17) « The Cytotoxic Effects of Cannabidiol and Cannabigerol on Glioblastoma Stem Cells May Mostly Involve GPR55 and TRPV1 Signalling », Cancers (Basel) (2022)

18) « Cannabigerol (CBG) attenuates mechanical hypersensitivity elicited by chemotherapy-induced peripheral neuropathy », EJP (2022)

19) « The antinociceptive activity and mechanism of action of cannabigerol », Biomed & Pharmacother (2023)

20) « A cannabigerol-rich Cannabis sativa extract, devoid of ∆9- tetrahydrocannabinol, elicits hyperphagia in rats », Behav Pharmacol (2017)

21) « Cannabigerol is a novel, well-tolerated appetite stimulant in pre-satiated rats », Psychopharmacol (Berlin) (2016)

22) « Chemotherapy-induced cachexia dysregulates hypothalamic and systemic lipoamines and is attenuated by cannabigerol », J Cachexia Sarcopenia Muscle (2019)

23) « Neuroprotective and Neuromodulatory Effects Induced by Cannabidiol and Cannabigerol in Rat Hypo-E22 cells and Isolated Hypothalamus », Antioxidants (Basel) (2020)

24) « Beneficial effect of the non-psychotropic plant cannabinoid cannabigerol on experimental inflammatory bowel disease », Biochem Pharmacol (2013)

25) « Cannabidiol and Cannabigerol Inhibit Cholangiocarcinoma Growth In Vitro via Divergent Cell Death Pathways », Biomol (2022)

26) « Anti-Bacterial Properties of Cannabigerol Toward Streptococcus mutans », Front Microbiol (2021)

27) « Anti-Biofilm Activity of Cannabigerol against Streptococcus mutans », Microorganisms (2021)

28) « The Antibacterial Effect of Cannabigerol toward Streptococcus mutans Is Influenced by the Autoinducers 21-CSP and AI-2 », Biomed (2023)

29) « Cannabidiol and Cannabigerol Exert Antimicrobial Activity without Compromising Skin Microbiota », Int J Mol Sci (2023)

30) « Effect of Non-psychotropic Plant-derived Cannabinoids on Bladder Contractility: Focus on Cannabigerol », Natural Prod Comm (2015)

31) « Differential effectiveness of selected non-psychotropic phytocannabinoids on human sebocyte functions implicates their introduction in dry/seborrhoeic skin and acne treatment », Exp Dermatol (2016)

32) « Evidence that the plant cannabinoid cannabigerol is a highly potent α2-adrenoceptor agonist and moderately potent 5HT 1A receptor antagonist », Br J Pharmacol (2010)

33) « The antinociceptive activity and mechanism of action of cannabigerol », Biomed & Pharmacother (2023)

34) « Safety assessment and redox status in rats after chronic exposure to cannabidiol and cannabigerol », Toxicol (2023)

35) « Survey of Patients Employing Cannabigerol-Predominant Cannabis Preparations: Perceived Medical Effects, Adverse Events, and Withdrawal Symptoms », Cannabis Cannabinoid Res (2022)

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


Tags sur la même thématique cannabis THC CBD CBG cannabigérol