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Quels facteurs protecteurs contre les formes graves de Covid-19 ?

Quels sont les facteurs qui protègent de l’infection au SARS-CoV-2 et de son évolution vers une forme grave ? Port du masque, consommation de vitamine D et consommation de rooibos pourraient bien faire partie du trio de tête selon les travaux d’une équipe de l’université de Prague parus en décembre dans une revue scientifique éditée par Oxford University Press . Ces résultats, à prendre avec prudence, restent à confirmer par des études plus spécifiques...

Clara Delpas

L’étude a été lancée sur Facebook par une équipe de chercheurs tchèques qui comptait sur les « likes » et les partages pour la diffuser ! Par effet boule de neige, la manœuvre a permis de recruter, en octobre 2020, quelque 30 000 Tchèques, informés dès le début de la finalité de l’étude : déterminer si certains facteurs biologiques (morphologie, couleur de cheveux, groupe sanguin...), socioéconomiques (niveau de vie, famille), comportementaux (hygiène de vie, port du masque, prise de compléments alimentaires) ou environnementaux (présence d’animaux domestiques, lieu de résidence) étaient susceptibles d’influencer tant la contamination que la gravité de la maladie… 105 facteurs ont été retenus. Après avoir rempli un premier questionnaire, les 12 000 personnes qui avaient accepté de laisser leur adresse électronique en ont reçu un second à la mi-mars 2021.

Finalement, 5 164 personnes ont été retenues pour l’étude (1 746 hommes, 3 411 femmes et 7 individus n’ayant pas répondu à la question sur leur sexe). Parmi elles, 709 (13,7 %) ont déclaré avoir été infectées par le SARS-CoV-2 et 4 455 (86,3 %) ne pas l’avoir été. L’âge moyen était d’un peu plus de 40 ans.

Les facteurs qui favoriseraient l’infection ou les formes graves

Sans surprise, les chercheurs ont retrouvé l’influence négative des comorbidités (en particulier le poids). Mais aussi, chez l’homme, celle de la taille, les plus grands semblant plus à risque concernant l’infection. Trois facteurs aggravants inattendus ressortent : pratiquer un sport, le chant ou la nage en eau froide. Explications des auteurs : si la pratique d’un sport a un effet protecteur sur l’organisme contre les formes graves, en revanche le fait de rencontrer plus de monde par ce biais, ou par celui du chant, participe à la dissémination du virus et donc au risque de contamination.

Quant à la nage en eau froide, très populaire en République tchèque, elle est réputée stimuler l’immunité, ses adeptes n’étant habituellement jamais malades. Mais lorsque ceux-ci contractent le Covid, ils présenteraient des symptômes plus sévères ! Parmi les autres facteurs associés à un nombre plus élevé de formes graves de Covid, les auteurs mentionnent le port du masque. Ils ne retiennent cependant pas vraiment ce facteur, précisant que ce sont les plus fragiles – donc les plus à risque de formes graves – qui ont une tendance naturelle à chercher le plus à se protéger…

Les facteurs « protecteurs » contre la COVID-19

Ce d’autant que, paradoxalement, les chercheurs notent que le facteur protecteur le plus notoire, contre la contamination par le virus cette fois, pourrait être précisément... le port du masque ! C’est d’ailleurs la première étude longitudinale établissant une telle association positive. Il n’en est pas de même des autres mesures sanitaires, à savoir la distanciation sociale et le lavage des mains.

Deuxième possible facteur protecteur, qui concorde avec les études déjà parues : la consommation de vitamines, et en particulier de vitamine D. Ressort ensuite la consommation de tabac, ce qui a déjà suscité de nombreux questionnements, voire – mais seulement chez les femmes ! – celle de marijuana. Les auteurs, là encore, semblent ne pas vraiment retenir ce facteur considéré comme peu plausible, soulignant que dans leur étude, les fumeurs rapportaient une bien moins bonne santé, tant physique que mentale, que les non-fumeurs…

Étaient également corrélés à un moindre nombre de formes graves la pratique du sauna ou le fait d’être atteint de la maladie de Lyme. Mais aussi, de manière tout à fait surprenante, la consommation d’infusions de rooibos ! Cet extrait fermenté de feuilles d’Aspalathus linearis est déjà connu pour ses propriétés antioxydantes et ses effets anti-inflammatoires. Des études in vitro et in vivo chez les souris ont déjà montré que deux de ses principaux actifs (des dihydrochalcones) suppriment l’inflammation vasculaire induite par une glycémie élevée en inhibant cytokines inflammatoires et stress oxydatif.

Les chercheurs sont conscients des nombreux biais statistiques de leur étude : les participants se sont autosélectionnés – l’échantillon ne reflète donc pas la population générale en République tchèque – et les corrélations constatées ne sauraient établir avec certitude des liens de causalité.

Contrairement à d’autres études déjà parues, ils n’ont par exemple rien pu conclure de décisif sur l’influence des groupes sanguins (système ABO), du facteur Rhésus, ou encore des critères socioéconomiques – un faible niveau de vie ne semblant pas ici être un facteur augmentant le risque de formes graves (contrairement à d’autres pays, en République tchèque les soins hospitaliers sont gratuits…). Pour conclure, tous ces résultats doivent être interprétés avec la plus grande prudence, imposant à l’évidence des études complémentaires ! Mais rien n’empêche, en attendant, de boire une tasse de rooibos !

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