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Une alimentation de qualité limite le risque et la sévérité du Covid-19

D’après plusieurs études, dont une compilant des données recueillies auprès de presque 600 000 personnes, une alimentation de qualité aurait un effet protecteur contre le Covid-19, et plus encore contre les formes graves.

Jean-Pierre Giess

On sait déjà que le diabète ou l’obésité, dont une grande partie des déterminants est alimentaire, sont associés à un risque supérieur de contracter le Covid-19 et d’en développer une forme sévère. Une étude publiée dans la revue Gut (1) va plus loin en avançant qu’une alimentation de qualité protègerait, dans une certaine mesure, du Covid-19, et plus encore des formes graves. L’alimentation de qualité a ici été définie en utilisant une version simplifiée du « score hPDI », créé antérieurement par des chercheurs de Harvard (2), qui met en exergue la présence dans l’alimentation quotidienne d’items sains (fruits, légumes, céréales complètes, oléagineux…), ou au contraire malsains (boissons sucrées, céréales raffinées, bonbons, fritures…), auxquels sont attribués des scores.

D’après les données collectées auprès d’un peu moins de 600 000 participants anglais ou américains par l’intermédiaire d’une application mobile, le groupe des individus ayant l’alimentation la plus saine (25% de l’effectif) ont présenté un risque inférieur de 10 % de contracter le Covid par rapport à ceux mangeant le moins bien (25% de l’effectif), et surtout un risque diminué de 40 % d’évoluer vers un Covid sévère. Il ressort donc de l’évaluation des habitudes alimentaires des participants à cette étude que les meilleurs résultats se rapportent à un régime privilégiant la consommation de légumes, de fruits, de céréales entières et de noix, ainsi que de poissons gras et de bonnes matières grasses comme l’huile d’olive , comprenant peu de denrées d’origine industrielle et d’hydrates de carbone (glucides) raffinés.

Les auteurs soulignent qu’une telle alimentation était aussi associée, dans le cadre de leur recherche, à un microbiome plus diversifié, un terrain moins sujet à l’inflammation , une diminution de la graisse corporelle et de meilleures lipidémie et glycémie. Ce qui fait dire au Pr Tim Spector du King’s College London, coauteur de l’étude : « Vous ne devez pas forcément être végane, mais incorporer davantage de végétaux dans votre alimentation est un bon moyen d’améliorer la santé de votre microbiote intestinal, d’améliorer votre immunité et votre santé globale, et potentiellement de réduire votre risque de développer le Covid . »

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Un risque jusqu’à 86 % moins élevé chez les jeunes ?

En janvier 2022 une autre étude intéressante a été publiée sur ce sujet (3). Menée par le Département de la nutrition et de la recherche sur les médicaments du collège médical de l'université Jagiellonian à Cracovie en Pologne, elle a suivi durant sept mois quatre-vingt-quinze Polonais en bonne santé âgés de 25 à 45 ans. Ces 78 hommes et 17 femmes, avaient tous un régime alimentaire sain (végétarien et traditionnel), faisaient de l’activité physique et étaient vaccinés ou non.

De manière générale, la consommation quotidienne d'eau, de protéines végétales, de glucides et de fibres alimentaires était significativement plus faible chez les participants ayant contracté le Covid. Les différences d’apport en minéraux et en vitamines n’étaient, elles, pas significatives. Toutefois, de manière générale, les participants ayant contracté le Covid respectaient moins les apports quotidiens idéaux en matière de nutrition.

L’ail à l’honneur

Par exemple, dans le groupe qui consommait en moyenne plus de 500 grammes de fruits et légumes par jour et plus de 10 grammes de noix, seuls 10 % sont tombées malades du Covid-19, contre 45 % de ceux qui ne respectaient pas les apports nutritionnels quotidiens minimums recommandés. Soit un risque 86 % moins élevé de développer le Covid-19.Un aliment en particulier s’est démarqué durant l’étude : l’ail. En effet, en analysant les données précises du régime alimentaire des participants, les scientifiques ont remarqué que 22 % de ceux n’ayant pas contracté la maladie consommaient de l’ail contre seulement 4 % de ceux l’ayant contractée.

Enfin, les analyses de la composition des microbiotes des participants ont révélé que ceux n’ayant pas contracté le Covid présentaient plus de bonnes bactéries, ce qui explique peut-être en partie, selon les chercheurs, cette résistance plus élevée au virus. Si l’échantillon de population étudié ici reste trop faible pour tirer des conclusions fermes et généralisables à tous, pour les chercheurs, ces résultats démontrent que « la nutrition est un enjeu particulièrement important dans la prévention du Covid-19 [dont] l’importance en tant que mesure préventive ne peut être marginalisée. »

Un régime riche en fruits et légumes pour réduire sévérité et mortalité

Plusieurs études récentes et compilations d'études vont à nouveau dans ce sens et se montrent en faveur de l'adoption d'un régime riche en fruits et légumes, donc en antioxydants, pour réduire de manière substantielle le risque de COVID sévère et la mortalité.

Un éditorial paru dans la revue Nature (5) en janvier dernier durant la vague Omicron, explique notamment que l'alimentation est une façon d'obtenir une « protection démontrable contre le virus » et cite les données d'une étude démontrant qu'un régime alimentaire « caractérisé par des aliments sains à dominante végétales » était associé à un risque inférieur de 9 % d'infection au Covid-19 et à un risque inférieur de 41 % de Covid-19 sévère. D'autres données liées au régime alimentaires de 568 cas de Covid-19 et de 2316 travailleurs de la santé de six pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni, États-Unis) ayant une exposition importante aux patients Covid-19 ont également démontré que ceux qui suivaient un régime à base de végétaux avaient un risque réduit de 73 % de Covid-19 modéré à sévère.

De même, en améliorant des pathologies comme l'obésité ou le diabète, une alimentation équilibrée diminue le sur-risque de complicatiosn liées au Covid-19.

 

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Références :

 

(1) « Diet quality and risk and severity of COVID-19: a prospective cohort study »,Gut, 2021.

(2) « Healthful and unhealthful plant-based diets and the risk of coronary heart disease in US adults », Journal of the American College of Cardiology, 2017.

(3) « Associations of Nutritional Behavior and Gut Microbiota with the Risk of COVID-19 in Healthy Young Adults in Poland », Nutrients, janvier 2022.

(4) "Plant-based diets, pescatarian diets and COVID-19 severity: a population-based case-control study in six countries". BMJ Nutrition Prevention & Health, 2021.

(5) "Can a plant-based diet help mitigate Covid-19?", Nature, éditorial du 21 janvier 2022.

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