Pour consulter le site sans publicités inscrivez-vous

Phagothérapie : encore autorisée uniquement pour les cas "désespérés" dans la plupart des pays

  •  encore autorisée uniquement pour les cas encore autorisée uniquement pour les cas "désespérés" dans la plupart des pays
Article paru dans le journal nº 123

Utilisée depuis plus de cent ans, abandonnée par les pays occidentaux dans les années 1940 au profit des antibiotiques, la phagothérapie – ou l’usage de virus tueurs de bactéries – revient sur le devant de la scène. Elle reste pourtant encore inaccessible à la majorité de ceux qui souffrent d’infections résistantes aux antibiotiques. Pourquoi ?

Huit ans après, on en est à peu près au même point. Malgré la multiplication des témoignages tels celui de Tom (lire "Antibiorésistance & phagothérapie  le témoignage de guérison " miraculeuse  " de Tom"), malgré le battage médiatique, la multiplication des essais cliniques, la succession de start-up qui se sont lancées dans l’aventure, la phagothérapie n’a pas pris d’ampleur.

Phagothérapie : où en est-on aujourd'hui ?

Pour les quelques milliers de chanceux qui ont pu en bénéficier, il a fallu se rendre en Géorgie, où elle est proposée librement (lire encadré ci-dessous), ou bien bénéficier d’un traitement " compassionnel " (lire encadré ci-dessus). Mais à côté, aucun traitement basé sur les phages n’a atteint les derniers stades des essais cliniques.

Il y a bien eu, en 2013 en Belgique, un des plus grands essais jamais menés sur la thérapie par les phages. Organisé par plusieurs agences nationales de santé européenne, PhagoBurn était destiné à évaluer l’efficacité des phages pour traiter les brûlures infectées. Il a demandé deux ans de préparation pour satisfaire aux exigences réglementaires. Mais le temps de trouver suffisamment de patients et d’approuver le processus de fabrication, le produit à tester s’était dégradé. La concentration en phages étant trop faible, les patients n’en ont tiré que très peu de bénéfices contre leurs bactéries.

La Belgique pionnière en phagothérapie

Belgique, pionnière en phagothérapie

Si vous résidez par exemple en France, Suède, Grande-Bretagne, États-Unis ou Australie, et si vous êtes atteint d’une infection bactérienne résistante aux antibiotiques, sachez que vous devrez souffrir (beaucoup) avant de pouvoir bénéficier d’une phagothérapie. Dans les pays cités, celle-ci est toujours administrée uniquement « à titre compassionnel », c’est-à-dire quand la situation clinique est considérée comme « désespérée ».

Mais les choses progressent. En Belgique, une loi, pionnière en Europe, a classé les phages dans la catégorie « préparation magistrale ». Depuis 2018, ce cadre législatif permet de traiter les patients avec des phages reconnus par un passeport génomique, préparés en pharmacie. Et, bonne nouvelle, des discussions sont en cours pour intégrer les phages à la pharmacopée européenne.

Lire aussi De nouveaux virus à venir ?

Des traitements difficilement brevetables

Pourquoi ne pas recourir aux cocktails de phages que l’on trouve en vente libre dans les pharmacies géorgiennes et qui ciblent les causes bactériennes les plus courantes ? Tout simplement parce que les phages qu’ils contiennent ne sont pas bien étudiés ni compris avant d’être intégrés aux mélanges. Par ailleurs, leur efficacité et leur innocuité sont rarement testées, ce qui amène les médecins, les scientifiques et les autorités sanitaires des autres pays à déconseiller leur utilisation.

Autre obstacle au développement des phages : pour qu’ils intéressent les investisseurs ou les sociétés pharmaceutiques, le produit doit être brevetable, c’est-à-dire considéré comme nouveau et inventif, et ne peut pas concerner des agents biologiques, vivants, comme le sont les phages trouvés dans la nature.

Pour autant, à Lyon, Bordeaux, Bruxelles, Rome et dans de nombreux hôpitaux à travers le monde, des médecins tentent, malgré les freins bureaucratiques, de traiter leurs patients avec la phagothérapie et accumulent des données sur son efficacité. Si on est encore loin d’une large utilisation, les progrès scientifiques obtenus, notamment grâce à l’intelligence artificielle et au génie moléculaire, pourraient permettre de débloquer un certain nombre de verrous réglementaires qui empêchent son déploiement (lire "Phagothérapie : un bouillonnement de recherches et de start-up").

Lire aussi Vitamines et minéraux : à quel moment de la journée les prendre ?

Phagothérapie : se soigner en Géorgie

Une agence de « tourisme médical » met en contact des personnes souffrant d’infections originaires du monde entier avec l’Institut Eliava de Tbilissi (Géorgie). L’institut est animé par des médecins de différentes spécialités formés à l’utilisation des phages.

On peut soumettre son dossier médical à un des médecins par Internet et, s’il est accepté, l’agence se charge d’organiser le séjour (hébergement, interprète, prise de rendez-vous…). L’institut accueille mille patients par an, dont 15 % d’étrangers.

Lire aussi Le retard de la phagothérapie, un vrai gâchis.

Lire aussi Berbérine : quels sont ses bienfaits et ses dangers pour la santé ?

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


Tags sur la même thématique phagothérapie phages