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Le retard de la phagothérapie, un vrai gâchis.

  • La phagothérapie  a été inventé  par le biologiste français Félix d’Hérelle.La phagothérapie a été inventé par le biologiste français Félix d’Hérelle.
Article paru dans le journal nº 115

Nous sommes à l’hôpital universitaire de Genève (HUG). Depuis six mois, un patient de 41 ans est hospitalisé pour une pneumonie à Pseudomonas aeruginosa, bactérie ici multirésistante aux traitements. Jour et nuit et sept jours sur sept, il est sous antibiothérapie par intraveineuse sans aucune perspective d’amélioration. Alors, il reçoit « à titre compassionnel » un « traitement expérimental de dernier recours ». Il s’agit de l’administration de bactériophages. Des virus tueurs de bactéries, du vivant allié de notre organisme pour croquer de la cellule qui nous le flingue, c’est ce que l’on appelle la phagothérapie. Une fois identifié le phage approprié, une fois administré en complément de l’antibiothérapie, l’amélioration du « patient a été spectaculaire et ceci sans aucun effet secondaire »1. De quoi susciter l’admiration des soignants et une publication dans la prestigieuse revue Nature2.

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Ce qui est chagrinant, c’est de constater l’insondable retard que la médecine occidentale a pris sur une thérapie qu’elle a pourtant enfantée. Ce « traitement expérimental de dernier recours », administré à « titre compassionnel » a été inventé en 1917 par le biologiste français Félix d’Hérelle qui a su guérir des cas de dysenteries bacillaires (1919), de peste (1925), de choléra (1926). Menacé par la découverte de la pénicilline en 1928, il a définitivement été abandonné au profit de l’antibiothérapie. En France, cet abandon s’est manifesté par le retrait du Vidal en 1978 de solutions à base de phages et par la destruction des collections de bactériophages de l’Institut Pasteur. À ce propos, si les soignants suisses remercient l’université de Yale aux États-Unis d’avoir trouvé le phage approprié à la pneumonie de leur patient, c’est oublier que les pays de l’ex-bloc soviétique, interdits d’antibiotiques occidentaux, ont su constituer des bibliothèques de phages conséquentes. Comme à Tbilissi (Géorgie), à l’Institut Eliava qui compte 800 souches et quelque 1 300 mélanges. On estime à un quintillion (1030), le nombre de phages sur la planète. Un fabuleux trésor thérapeutique qui pourrait pallier la catastrophe sanitaire que représente l’antibiorésistance imputable à la stratégie du tout antibiotique, dans la médecine humaine et vétérinaire. Encore faudrait-il que la phagothérapie (re)devienne la thérapie de premier recours.

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En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé