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Mycoplasmes : l'infection sexuellement transmissible trop méconnue
Parmi les infections sexuellement transmissibles, une « nouvelle arrivée » fait de plus en plus parler d’elle : Mycoplasma genitalium. Plus répandue qu’il n’y paraît, encore mal diagnostiquée et de plus en plus difficile à soigner, elle va donner du fil à retordre à la médecine. Les plantes et réponses naturelles peuvent-elles aider à s’en débarrasser ? Bilan des recherches existantes.
Une bactérie inédite est en lice pour devenir la « nouvelle star » des infections sexuellement transmissibles (IST) : Mycoplasma genitalium. Pour deux raisons : premièrement, cette bactérie de la classe des Mollicutes est la plus petite actuellement connue capable de se répliquer par elle-même ; deuxièmement, il n’existe pour la contrer que quelques antibiotiques efficaces, pour lesquels les cas de résistance se multiplient.
Une infection discrète mais pas anodine
Mycoplasma genitalium (MG) commence à inquiéter les milieux médicaux. Encore peu connue, décrite pour la première fois en 1980, la médecine n'a validé son caractère sexuellement transmissible que depuis 2015. Cette bactérie de la famille des mycoplasmes se distingue de ses consœurs par son caractère plus infectieux et plus virulent, comparable à Chlamydia trachomatis ou Neisseria gonorrhoeae (gonocoque).
Pour l’heure, MG est encore peu recherchée par les médecins car souvent asymptomatique. Elle est pourtant reconnue comme responsable chez l’homme d’urétrites (inflammation de l'urètre), d’épididymite (inflammation du canal reliant les testicules à la prostate) et de prostatites. Les symptomes possibles sont :
- Miction plus fréquente ou brûlure à la miction
- Inflammations génitales, douleurs durant les rapports sexuels, écoulements
Chez la femme, elle est responsable d'urétrite (inflammation de l'urètre) et de cervicites (inflammation du col de l’utérus). Les symptomes possibles sont :
- Mictions plus fréquentes ou brûlures à la miction
- Douleurs vaginales et pelviennes, écoulements, saignements anormaux
Mais on soupçonne également cette bactérie d’être à l’origine d’endométrites, d’autres infections génitales hautes (trompes, ovaires), de grossesses extra-utérines, d'infertilité, de naissances prématurées et de fausses couches.
Dans la grande famille des mycoplasmes, il y a également Mycoplasma hominis et Mycoplasma Ureaplasma spp, des germes habituels (« commensaux ») du tractus uro-génital bas. Généralement considérées comme sans conséquence, ces espèces peuvent néanmoins être responsables d’infections gynécologiques et néonatales lorsqu’elles sont en surnombre, ainsi que de troubles de la reproduction et d'accouchement prématuré – des problématiques en progression constante.
C’est aussi le cas de l’infection à chlamydia, actuellement la première cause d’IST d’origine bactérienne. Touchant plus particulièrement les populations jeunes, elle peut provoquer chez la femme une obstruction des trompes, parfois synonyme d’infertilité ; et conduire chez l’homme à une inflammation de la prostate ou des testicules, avec là aussi un risque d’infertilité.
De son côté, Neisseria gonorrhoeae est, elle, déjà plus confidentielle. Cette infection qui s’attaque principalement aux hommes (85 % des cas) peut entraîner des phénomènes inflammatoires au niveau de l’épididyme (canal spermatique), de la prostate et des testicules. Chez la femme, il existe un risque de grossesse extra-utérine (dans les trompes de Fallope) comme dans le cas de l’infectiion à chlamydia, mais aussi des douleurs chroniques dans le bas-ventre. Et, chez les deux sexes, une possibilité d’infertilité.
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Les mycoplasmes, une sacrée tambouille
Il existerait au total près de 200 espèces de mycoplasmes. Ces bactéries se distinguent par l’absence de paroi cellulaire, ce qui les rend relativement insensibles aux antibiotiques classiques. Elles infectent prioritairement les muqueuses, chez l’humain comme chez l’animal, et se logent à leur surface dans des zones diverses : tractus respiratoire, tractus génital, yeux, glandes mammaires, articulations… La plupart des mycoplasmes sont (ou semblent) sans conséquence sur notre santé. Mais quelques-uns sont notoirement pathogènes, en particulier Mycoplasma fermentans et Mycoplasma genitalium.
La forte progression des maladies dites auto-immunes serait-elle liée à la dissémination de ces mycoplasmes ? Difficile à affirmer, mais l’hypothèse est sérieusement envisagée par quelques médecins à travers le monde qui poussent leurs investigations en dehors des sentiers battus, notamment parce qu’ils ne trouvent pas de réponses aux maladies de leurs patients dans l’approche conventionnelle. Il faut dire que les infections à mycoplasmes, comme la plupart des infections froides, sont difficiles à diagnostiquer, car elles sont tout simplement encore hors du champ des connaissances d’un médecin ordinaire.
Où en est Mycoplasma genitalium dans sa propagation ?
Mycoplasma genitalium est officiellement détectée dans 1 à 3,3 % de la population générale, avec cependant des variations géographiques importantes. Sa prévalence se situe donc entre celle de Neisseria gonorrheae (de 0,6 à 0,8 %) et de Chlamydia trachomatis (de 2,7 à 4,2 %). Cependant, là encore, certains médecins pensent qu’en réalité, c’est un pan bien plus important de la population qui est infecté par les mycoplasmes, en particulier en Amérique du Nord.
Une étude menée à la Réunion en 2017 et 2018 a trouvé une prévalence de presque 5% d'infections à Mycoplasma genitalium sur 2000 personnes ayant consulté le centre de dépistage des IST de Saint-Pierre, souvent associées à la présence de Chlamydia.
D'autres études plus anciennes montrent que dans plus de 50 % des cas, les partenaires masculins de femmes présentant une cervicite à MG hébergent eux aussi la bactérie dans l’urètre, ce qui donne une idée de son potentiel infectieux et devrait inciter à dépister et traiter, le cas échéant, l’autre partenaire sexuel.
La transmission de MG est essentiellement de type génito-génital, mais comme la bactérie a aussi été isolée à partir de prélèvements pharyngés et anaux, la transmission oro-génitale et ano-génitale est hautement probable. Par ailleurs, MG a également été identifié dans le tractus respiratoire de nouveau-nés. La transmission mère-enfant est encore à évaluer. L’infection à MG est fréquemment combinée à d’autres IST, dont celle à chlamidya principalement.
Comme de nombreuses maladies « à bas bruit », l’infection à MG est très souvent asymptomatique, et peut rester latente pendant un temps très variable avant de produire des symptômes qu’il n’est pas toujours aisé d’identifier. Ceux-ci peuvent comprendre, chez la femme, des pertes vaginales, des douleurs pelviennes, des saignements après un rapport sexuel ainsi qu’entre les règles. Chez l’homme, on constate souvent des douleurs lors des mictions, une irritation du pénis assorti d’écoulements et des douleurs localisées.
Mycoplasme : tests, diagnostic et traitement antibiotique
Si le médecin est sensibilisé à ce type d’infection et qu’il a un soupçon, l'usage de PCR en temps réel permettent aujourd’hui un diagnostic rapide à partir d’un prélèvement cervico-vaginal chez la femme et d’un premier jet d’urine chez l’homme. Malheureusement, les tests en questions ne sont pas pratiqués dans tous les laboratoires, et demeurent hors nomenclature (non remboursés), malgré la prévalence de plus en plus importante de cette infection. De nouveaux tests pour détecter simultanément Mycoplasma genitalium, Chlamydia trachomatis et Neisseria gonorrhoeae, des infections souvent associées, sont en cours de développement. Attention, le diagnostic par prélèvement sanguin, encore prescrit par certains, est d'une très faible efficacité pour la détection des mycoplasmes génitaux.
Une fois le diagnostic établi, il faut sortir l’artillerie lourde, c’est-à-dire un traitement antibiotique. Selon les dernières recommandations européennes – datant de 2016(1) –, il s’agira d’abord de prendre de l’azithromycine, antibiotique de la famille des macrolides. Pas à dose unique comme prescrite lors d’infections à Chlamydia, mais en cure de cinq jours pour une bonne efficacité sur MG. Si jamais la bactérie résiste, ce qui est de plus en plus le cas, les médecins s’orienteront vers d’autres molécules.
Prescrite aussi, pendant sept à dix jours, la prise de moxifloxacine (de la famille des fluoquinolones) a fait parler d’elle à la fin de 2018 : en plus d’augmenter les risques de tendinopaties ou de rupture du tendon d’Achille, cette famille d'antibiotiques semble augmenter le risque de survenue d’anévrisme et d’affection gravissime de l’aorte. En outre, là aussi, des résistances bactériennes voient le jour, en Australie, au Japon et en Europe. Si ce traitement échoue également, on prescrira en Europe une combinaison de doxycycline (quatorze jours) et de pristinamycine (dix jours), ce qui généralement en vient à bout (pour le moment).
Avec la circulation mondiale des personnes et des souches bactériennes ainsi que l’apparition de résistances croisées, le risque de voir apparaître des souches de MG multirésistantes et sans réponse antibiotique efficace est réel. D’autant que les mécanismes de résistance aux antibiotiques des mycoplasmes semblent n’avoir pas encore livré tous leurs secrets(3).
Mycoplasme : les soigner naturellement ?
MG n’ayant suscité l’intérêt du monde médical et scientifique que récemment, les études pour identifier des thérapies innovantes autres qu’antibiotiques, y compris naturelles, sont quasi-inexistantes. Il en existe qui portent sur Ureaplasma spp et quelques autres membres de la famille des mycoplasmes (M. hominis, fermentans, pneumoniae…), mais elles se résument pour l’instant à des essais in vitro et demandent donc à être confirmées.
En matière de phytothérapie et d’aromathérapie, l’aubépine (4) s’est montrée intéressante ; les flavonoïdes extraits de ses fleurs, feuilles et bourgeons (surtout l’apigénine et la lutéoline…) ont été efficaces contre Ureaplasma spp. Cela signifie-t-il pour autant que le macérat de bourgeons d’aubépine, ou d’autres produits végétaux riches des mêmes polyphénols (propolis par exemple), pourraient présenter un intérêt clinique face à MG ?
L’huile essentielle de cannelier(5) riche en cinnamaldéhyde, le carvacrol (un phénol aux puissantes vertus antibactériennes issu du thym ou de l’origan) et l’eugénol (extrait du giroflier) ont été testés positivement, mais à ce jour seulement sur M. hominis. À noter que l’huile essentielle la plus titrée en carvacrol est issue du dictame de Crète (Origanum dictamnus). Cinnamaldéhyde, carvacrol et eugénol sont des molécules aromatiques de la famille des phénols, bien connus pour leurs puissantes vertus antibactériennes.
Les huiles essentielles de bergamote(6) et de tee trea(7) ont obtenus de bons résultats sur les souches M. fermentans, pneumoniae ainsi quehominis (dans une moindre mesure), de même que l’oleuropéine(8) ou oleuropéoside, le dérivé phénolique qui donne son goût amer aux olives vertes. À noter : l’extrait alcoolique de feuille d’olivier n’a, lui, eu aucun effet.
De ce point de vue, il semble que les extraits végétaux, et en particulier les huiles essentielles, pourraient jouer un rôle dans la lutte contre les infections à mycoplasme, soit en association aux antibiotiques pour combattre les phénomènes de résistance, soit en relais par la suite.
Recette pour l’immunité gynécologique
Voici une formule élaborée par Aude Maillard, spécialiste en aromathérapie, afin de soutenir l’immunité locale gynécologique, en particulier la flore vaginale dite de Döderlin, en première ligne dans la protection contre les intrusions microbiennes, virales et autres mycoses.
- HE d’eucalyptus à cryptone (Eucalyptus polybractea cryptonifera) 10 gouttes
- HE de lavande fine (Lavendula vera) 20 gouttes
- HE de tea tree (Melaleuca alternifolia) 20 gouttes
- HE de thym à thujanol (Thymus vulgaris CT Thujanol) 20 gouttes
- HE de lemongrass (Cymbopogon flexuosus) 10 gouttes
- HE de clou de giroflier (Eugenia caryophyllata) 10 gouttes
- HE de niaouli (Melaleuca quiquinervia) 10 gouttes
Dans un flacon en verre teinté de 30 ml, verser à l’aide d’un compte-gouttes les huiles essentielles dans les quantités indiquées, et compléter avec du macérat de calendula. Homogénéiser le mélange en agitant. En cas d’infection vaginale, avant chaque nuit pendant dix jours, imprégner au deux tiers un tampon de cette synergie. Rappelons que le meilleur moyen de ne pas se laisser contaminer par les infections à mycoplasmes reste évidemment… le préservatif.
Article rédigé avec l’aimable concours de la societé Pranarôm pour les références scientifiques en phytothérapie, et les conseils des spécialistes en aromathérapie Aude Maillard et Philippe Goëb.
Sources
"Prevalence and risk factors of Mycoplasma genitalium infection in patients attending a sexually transmitted infection clinic in Reunion Island: a cross-sectional study (2017–2018)", BMC Infectious Disease 2021
(1) “European guideline on Mycoplasma genitalium infections”, dans Journal of the European academy of Dermatology and Venereology, 2016.
(2) “Fluoroquinolone use and risk of aortic aneurysm and dissection: nationwide cohort study”, dans BMJ, 2018.
(3) “Mycoplasmas and Their Antibiotic Resistance: The Problems and Prospects in Controlling Infections”, dans Acta Naturae, 2016.
(4) “In vitro efficacy of Crataegus oxycantha L. (hawthorn) and its major components against ATCC and clinical strains of Ureaplasma urealyticum”, dans Advances in Microbiology, 2016.
(5) “In vitro antimicrobial activities of cinnamon bark oil, anethole, carvacrol, eugenol and guaiazulene against Mycoplasma hominis clinical isolates”, dans Biomedical Papers of the Medical Faculty of the University Palacky, Olomouc, Czechoslovakia , 2012.
(6) “In vitro antimycoplasmal activity of citrus bergamia essential oil and its major components”, dans European Journal of Medicinal Chemistry , 2012.
(7) “In vitro antimycoplasmal activity of Melaleuca alternifolia essential oil”, dans Journal of Antimicrobial Chemotherapy, 2006.
(8) “In vitro antimycoplasmal activity of oleuropein”, dans International Journal of Antimicrobial Agents, 2002.
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