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Cystites : quels remèdes naturels ?
La cystite est un mal affreusement gênant, mais pas grave… Du moins si on ne laisse pas l’infection remonter vers les reins. Mais voilà : les antibiotiques, autrefois si efficaces contre elle, le sont de moins en moins, d’où la nécessité impérative d’avoir des remèdes naturels sous la main, dès les premiers symptômes. Zoom sur sept plantes anticystite et huiles essentielles efficaces.
La cystite est une infection de la vessie, qui touche particulièrement les femmes ayant une activité sexuelle. Elle peut aussi toucher les hommes en cas d’IST ou à un âge avancé, s’ils souffrent d’inflammation de la prostate. La plupart des cystites sont bactériennes et, parmi elles, 80 à 85 % sont dues à Escherichia coli (E. coli), une bactérie " commensale " présente dans le système digestif. La plupart des autres viennent du Staphylococcus saprophyticus, qui se développe dans le même milieu. Certaines variétés d’E. coli sont particulièrement nocives et résistantes aux antibiotiques.
Il se trouve que E. coli descend en grandes quantités vers la zone anale, d’où elle peut se répandre aisément vers le méat (la sortie du conduit urinaire, chez les hommes comme chez les femmes). Ensuite, cette bactérie remonte jusque dans la vessie où elle se multiplie jusqu’à créer une infection – ce qui veut dire qu’elle envahit le corps à grande échelle, et se met à représenter un danger pour lui, beaucoup plus important que les symptômes de gêne et de brûlure. Car l’infection remonte sur les reins pour devenir une pyélonéphrite, infection rénale grave qui nécessite parfois la prise d’antibiotiques par intraveineuse.
Une infection surtout féminine
La cystite est fréquente chez les femmes à cause de la proximité du méat avec l’anus. De plus, les femmes ont un canal urinaire (l’urètre) beaucoup plus court que les hommes, ce qui facilite la remontée des bactéries vers la vessie. Les cas de cystite sont plus fréquents en cas d’activité sexuelle car celle-ci multiplie les risques de remontée de E. coli vers le méat – à cause notamment de la sueur et des frottements. De fait, 80 % des cystites surviennent après des rapports sexuels. Il est aussi fréquent que les rapports avec un nouveau partenaire, surtout si la femme a vécu une longue période d’abstinence, engendrent une cystite à cause de la différence microbienne entre les deux partenaires et de la fréquence souvent élevée des rapports lors des premiers temps du couple, parfois propice aux infections intimes. C’est ce que l’on appelle la "cystite de lune de miel ".
Chez les hommes, le resserrement de l’urètre dû à une infection de la prostate ou à son hypertrophie (bénigne ou maligne) facilite les infections. Il en va de même si la vessie ne se vide pas totalement. En somme, tous les dysfonctionnements de l’appareil urinaire sont propices, chez la femme comme chez l’homme, à la cystite.
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Les symptômes de la cystite
Le fait d’uriner s’appelle la miction. Si elle brûle, si les mictions sont trop nombreuses pendant la journée, si la patiente ressent un besoin persistant ou une lourdeur dans le bas-ventre, si elle a des urines troubles et malodorantes (du fait de la présence de pus due à l’infection) ou rougies de sang, c’est effectivement une cystite. L’infection ne cause pas de fièvre dans les premiers jours, mais il ne faut surtout pas attendre que la fièvre s’installe en se disant que ça va passer.
En revanche, s’il y a beaucoup de fièvre, jusqu’à avoir des vomissements, des douleurs intenses au-dessus du bassin, au niveau des reins ou du sexe, il s’agit d’une pyélonéphrite, et il faut d’urgence voir le médecin, sinon aller à l’hôpital. Parfois, la vessie ne brûle même pas. Mais la situation doit être prise en charge d’urgence.
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La prévention incontournable
Il est important, pour éviter les cystites, de bien prendre le temps d’uriner, et d’uriner fréquemment, avec l’hydratation adéquate. Les tisanes et autres boissons diurétiques (thé, café), diminuent les risques de cystite. Mais le stress peut aussi dégrader votre immunité, donc il ne faut pas abuser des excitants. Avant tout, il faut boire, au moins l’équivalent d’une grande bouteille d’eau par jour, et plus s’il fait chaud.
Le thé vert a des effets significatifs sur le gonflement de la prostate, grâce à l’EGCG qu’il contient. Mais ses effets sont surtout notables au-delà de cinq tasses par jour. Sinon, les hommes, qui sont presque tous sujets à une tumeur bénigne de la prostate passé un certain âge (90 % au-delà de 80 ans), ont bien des moyens chirurgicaux de se débarrasser de ce problème, même s’il peut causer des troubles sexuels réels.
La prévention de la cystite chez les femmes est plus complexe. Elle exige une hygiène soutenue de la région vulvaire, mais pas excessive car la flore bactérienne vulvaire a une fonction protectrice. Or la prise d’antibiotiques, surtout si elle est longue et fréquente, peut être néfaste pour cette flore bactérienne et créer des cystites ou des mycoses à répétition. Il est donc important pour les femmes d’uriner après chaque rapport sexuel – l’urine étant au moins légèrement désinfectante, et cela permet aussi l’évacuation des bactéries. Il est aussi important de s’essuyer de l’avant vers l’arrière, et d’éviter tout contact sur la vulve d’un papier hygiénique qui aurait touché l’anus. Les tampons et les serviettes périodiques doivent être changés fréquemment, car ils constituent des nids pour le développement des bactéries.
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Bientôt la fin des antibiotiques ?
Il a longtemps suffi d’utiliser des antibiotiques pour vaincre les cystites, considérées comme des infections quelconques, du moins depuis la Seconde Guerre mondiale et la généralisation de l’usage de la pénicilline. Mais l’antibiorésistance, c’est-à-dire la résistance des bactéries nocives aux antibiotiques, devient un problème de santé mondial. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) sonne l’alarme depuis des années à ce propos, car de simples coupures pourraient devenir mortelles dans les années à venir. Même en France, il y a des morts dues aux bactéries antiobiorésistantes : le gouvernement en recense déjà 5 543 par an1.
Aussi, la cystite, qui jusqu’ici restait une maladie sans trop de gravité si elle était traitée vite, risque de devenir dans les années à venir une maladie redoutable. D’autant que dans le monde, 1,6 million de personnes décèdent chaque année2 des complications infectieuses dues à la cystite – essentiellement des femmes.
Le problème vient du fait que de moins en moins de nouveaux antibiotiques sont découverts et mis au point depuis plus de vingt ans, et que les bactéries apprennent à y résister en évoluant année après année. On se souvient de la campagne "Les antibiotiques, c’est pas automatique", qui visait à freiner l’antibiorésistance en évitant le recours systématique à ces médicaments. En effet, il était devenu fréquent que les patients exigent des antibiotiques même pour des infections dues à des virus, ce qui n’a aucun effet curatif mais augmente la résistance des bactéries.
Un autre aspect de l’antibiorésistance est rarement évoqué : le bétail reçoit des piqûres antibiotiques en prévention. Les cheptels deviennent dès lors des foyers d’antibiorésistance, et les bactéries nocives, en plus de se disperser dans la nature, arrivent dans notre assiette. Elles nous menacent d’autant plus que nous prenons les mêmes antibiotiques que les animaux. En espérant que la cystite ne deviendra pas mortelle sous nos latitudes, il est important, dès maintenant, de se prémunir et de changer nos méthodes de soins, afin de préserver les capacités curatives des antibiotiques existants.
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Les sept plantes anticystite
- La canneberge : Sa réputation n’est pas usurpée. Ses effets ont été observés dès la fin des années 1950. La canneberge réduit jusqu’à 35 % la récurrence des cystites. Elle a cette capacité, éprouvée par de nombreuses études scientifiques, de faire se détacher les bactéries responsables de la cystite, en particulier E. coli3. De plus, sa forte concentration en vitamine C rend l’urine plus acide et permet un moindre développement des mauvaises bactéries dans l’urètre.
- Le pissenlit : Le nom même du pissenlit fait référence à la qualité diurétique de ses racines (pisse-en-lit), due à neuf de ses éléments : les acides ascorbique, caféique et chlorogénique, le calcium, le potassium et le magnésium, ainsi que l’isoquercitrine, la lutéoline et le magnésium. Or, cette vertu diurétique est impérative pour se débarrasser des bactéries qui s’accrochent à l’urètre et aux parois de la vessie. De plus, le pissenlit contient une substance amère rare, le taraxastérol, ainsi que de nombreux autres composés, qui sont à même de prévenir la formation des calculs rénaux, dont certains sont précisément engendrés par des bactéries, comme dans le cas des calculs de struvite. Est-ce parce que le manger " par la racine " signifie être mort et enterré que le pissenlit est mésestimé ? Il a pourtant des effets médicinaux remarquables, notamment antidiabétiques, ce qui est important quand on sait que les diabétiques sont davantage sujets aux infections urinaires, en raison notamment d’une augmentation de l’adhésion bactérienne. Les effets bénéfiques du pissenlit ont fait l’objet de publications scientifiques entières4. Si l’on s’en tient à ses effets antibactériens, ils sont formidables : cette plante est efficace contre E. coli et Klebsiella pneumoniae, impliqués dans les infections urinaires, de même que contre le staphyolococque doré.
- La cannelle : L’écorce interne du cannelier contient une huile essentielle riche en un composé spécifique à cette épice : le cinnamaldéhyde. En 2017, il a été prouvé sur les souris que ce seul composant pouvait réduire significativement les infections urinaires5. La cannelle représente donc un bon espoir face à l’efficacité décroissante des antibiotiques sur les cystites. Le cinnamaldéhyde travaille en synergie avec d’autres composants de la cannelle, tels que l’eugénol, l’acétate de cinnamyle, le linalol et l’eucalyptol. Cette synergie est d’une efficacité remarquable sur les bactéries gram – et gram + (dont E. coli), sans pourtant entraîner d’effets secondaires.
- Le thé de Java (orthosiphon aristatus, stamineus ou spicatus) : L’orthosiphon aristatus est un remède traditionnel indonésien utilisé pour les cystites. L’extrait de ses feuilles expulse l’acide urique, ce qui empêche les bactéries de s’accrocher. Le thé de Java a également un effet analgésique et anti-inflammatoire, et un effet dilatateur sur les uretères, qui sont les conduits entre la vessie et les reins. Ce qui est précieux pour l’élimination des calculs rénaux. Il est lui aussi efficace contre E. coli, qu’il aide à détruire. Par son mécanisme d’action, il reste assez proche de la canneberge, avec une touche antibactérienne supplémentaire. L’avantage est que vous pouvez facilement vous en faire des tisanes.
- L’origan : L’origan commun est loin de se cantonner à la seule cuisine. Il a un puissant effet protecteur sur les reins. Il empêche les calculs rénaux de se former, et il a une forte action contre les bactéries multirésistantes que sont les E. coli, les staphylocoques et les streptocoques. L’origan est donc très utile dans le traitement à la fois préventif et curatif de multiples problèmes rénaux. Il est à noter qu’on le trouve sous forme de capsules d’huile d’origan, plus efficaces que les tisanes ou les condiments – et moins contraignantes que l’huile essentielle prise en interne.
- Le camu-camu : Le Myrciaria dubia est un arbuste des zones marécageuses de la forêt amazonienne. On le trouve aussi bien au Pérou qu’au Brésil ou en Colombie. Ses baies sont l’une des plus riches sources de vitamine C connues (1,49 g/100 ml). Elles contiennent également beaucoup de polyphénols, des tanins aux propriétés médicinales de grand intérêt. Leur principal avantage : le corps en absorbe les bienfaits avec beaucoup de facilité. La vitamine C renforce l’action antibactérienne des défenses immunitaires, acidifie le milieu urétral et rend donc plus difficile l’intrusion des bactéries nocives.
- Le D-mannose : Le D-mannose est un hydrate de carbone que l’on retrouve dans une variété de plantes, même si on peut le fabriquer en laboratoire. On en trouve jusqu’à 16 % dans la levure de boulangerie et jusqu’à 13 % dans le Ziziphus jujuba, un dattier qui pousse en Chine. La canneberge en contient aussi. Le D-mannose est un adversaire redoutable d’E. coli. Il empêche l’adhérence de ses flagelles (les pili) à la paroi cellulaire des voies urinaires et de la vessie. Il est très utile en prophylaxie, pour prévenir les cystites, mais il est aussi souvent associé aux traitements antibiotiques en cas d’infection urinaire aiguë. Ses qualités curatives ont donc été prouvées, même si les médecins préfèrent l’associer aux antibiotiques.
Chacun de ces remèdes existe sous des formes à consommer en tisane essentiellement. Il existe aussi des entreprises spécialisées dans le D-Mannose, dont la prise est une excellente étape pour soulager rapidement la cystite. Pour ma part, je privilégie une approche combinée. Ces 7 plantes se retrouvent dans le PhytoCyst que je prescris régulièrement. Bien sûr, si vous voyez que votre cystite persiste, rendez-vous au plus vite chez votre médecin.
L’homéopathie à la rescousse
L’homéopathie présente cet avantage de pouvoir être prise dès les tout premiers symptômes. C’est particulièrement important si vous faites des cystites à répétition, surtout après les rapports sexuels. Il est d’ailleurs recommandé d’uriner systématiquement après chaque rapport, que vous ayez tendance à faire des cystites ou pas.
En somme, vous pouvez commencer une cure homéopathique pour éliminerle mal dans l’oeuf et rester assuré que cette cure ne vous causerapas de tort, ni à court ni à long terme. Ces 4 remèdes sont des références. La posologie est de 3 granulestoutes les demi-heures, à espacer dès que votre état s’améliore :
- Cantharis 5 CH : est le remèdele plus fréquemment associé auxcystites. Il est régulièrement prispar les femmes qui ressentent desbrûlures au moment de la miction.
- Apis mellifica 5 CH : ce remèdeest très utile pour les personnes qui boivent peu.
- Mercurius Corrosivus 5 CH : pour les douleurs extrêmementvives, et les urines parfois teintées de sang.
- Pareira Brava 5 CH : si vous n’arrivez plus à uriner. Il estrégulièrement recommandé auxhommes.
Précautions d’usage des huiles essentielles
Les huiles essentielles (HE) peuvent être un atout d’importance dans le traitement de la cystite, car elles peuvent agir dès les premiers symptômes. Elles doivent être mélangées avec de l’huile végétale (HV) pour bien pénétrer la peau et ne pas l’irriter. Elles opèrent par le massage du bas-ventre, qui marche spécifiquement sur les femmes. Mélangez une goutte d’HE (0,05 ml) pour une cuillerée à café d’HV (5 ml) – choisissez l’HV qui convient le mieux à votre peau.
Vous pouvez ensuite pratiquer le massage matin, midi et soir pendant une semaine, dix jours tout au plus. Il vaut mieux partir d’un dosage faible en HE, pour l’augmenter selon vos besoins et votre tolérance, que de vous irriter avec un dosage trop fort d’emblée.
Rappelons toutefois que beaucoup d'HE doivent être impérativement évitées pour les enfants de moins de 6 ans et les femmes enceintes. Quant aux personnes malades du foie ou atteintes de problèmes hormonaux, ou encore ayant des troubles épileptiques ou neurologiques, il n’est pas recommandé de prendre des HE sans consulter auparavant leur médecin et leur aromathérapeute. Certaines HE peuvent aggraver leur pathologie, telles les HE à phénols – dont la sarriette – qui fatiguent le foie.
Quatre huiles essentielles pour la cystite
- La sarriette des montagnes, qui est anti-inflammatoire en plus d’êtreanti-infectieuse.
- Le palmarosa, antibactérien et antidouleur, ce qui n’est pas négligeablesi vous souffrez beaucoup des cystites.
- L’arbre à thé, l’antibactérien par excellence. C’est l’huile essentielleque j’utilise le plus dans mon cabinet – avec le ravintsara – pour sespropriétés nettoyantes. Mais là, elle est un atout idéal pour les cystites,et elle redonne un coup de fouet à votre immunité afin que vous neperdiez pas de temps dans la course contre l’infection.
- Le Bois de Hô, ou distillat de laurier de Chine. Son odeur boisée estun vrai délice, et ses qualités antibactériennes sont très élevées.
Références bibliographiques
- Site solidarites-sante.gouv.fr, mars 2022.
- G. Bonkat, T. Cai, R. Veeratterapillay et al., dans European Urology Focus, janvier 2019.
- J.-P. Lavigne, G. Bourg, C. Combescure et al., dans Clinical Microbiology and Infection, 2008.
- A. Di Napoli et P. Zucchetti, Bulletin of the National Research Centre, 2021.
- A. Narayanan, M. S. Muyyarikkandy, S. Mooyottu et al., dans Applied Microbiology International, 2017.
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