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Trouble dysphorique prémenstruel : remèdes naturels pour maitriser son humeur avant les règles

  • Trouble dysphorique prémenstruel : remèdes naturels pour maitriser son humeur avant les règles
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On connaît bien maintenant le syndrome prémenstruel (SPM) et les désagréments qu’il peut causer à chaque cycle, notamment des sautes d’humeur ou une déprime passagère. Cependant, certaines femmes vivent un SPM sévère appelé « trouble dysphorique prémenstruel » (TDPM) se traduisant par une dépression grave, souvent pas ou mal prise en charge car non diagnostiquée comme telle. Quelles sont les réponses médicamenteuses et les remèdes naturels (compléments alimentaires, plantes médicinales) pour faire face au trouble dysphorique prémenstruel ?

Si 75 % des femmes présentent des SPM d’intensités variées, seules 3 à 8 % d’entre elles souffrent d’un TDPM diagnostiqué. Ce trouble est méconnu, ce qui entraîne un sous-diagnostic. Les femmes peuvent s’entendre dire que « c’est normal d’être déprimée » juste avant les règles. Leur TDPM est donc simplement relégué au rang d’un SPM classique. Pourtant, il existe bien des différences notables entre les deux !

Comment reconnaître un TDPM ?

Le TDPM est cyclique : ses symptômes apparaissent 10 à 14 jours avant les règles (phase lutéale) et disparaissent dans les premiers jours suivant le début des règles. Ils sont suffisamment sévères pour interférer avec la vie personnelle, professionnelle et sociale (1).

Pour établir le diagnostic, la femme doit présenter au moins cinq des onze symptômes indiqués dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) (2) – dont un parmi les quatre premiers de la liste ci-dessous – sur au moins deux cycles menstruels consécutifs :

  • état nettement dépressif (avec sentiment de désespoir) ;
  • forte anxiété ou tension ;
  • forte instabilité émotionnelle ;
  • irritabilité et colère ;
  • diminution de l’intérêt pour les activités habituelles, retrait social ;
  • manque d’énergie ;
  • augmentation ou baisse de l’appétit ;
  • augmentation ou baisse du sommeil ;
  • difficulté de concentration ;
  • sensation d’être submergée ou de perdre le contrôle
  • ballonnements abdominaux, tensions mammaires, maux de tête, douleurs articulaires.

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Facteurs de risque et causes du trouble dysphorique prémenstruel

Les causes exactes du TDPM sont encore inconnues, mais plusieurs théories ont été proposées (1) :

  • Une réponse anormale des neurotransmetteurs du cerveau aux variations hormonales menstruelles.
  • Des bas niveaux de neurotransmetteurs dans le cerveau ou une sensibilité réduite de leurs récepteurs :
    • niveaux bas de sérotonine, aggravés par un déficit en tryptophane dont l’organisme se sert pour fabriquer la sérotonine ;
    • niveaux bas probablement aussi de GABA (acide gamma-aminobutyrique) et de bêta-endorphine.
  • Des taux anormaux d’alloprégnanolone, un métabolite dérivé de la progestérone.

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Les facteurs de risque incluent :

  • l’âge (les femmes les plus fréquemment touchées ont autour de la trentaine) ;
  • un historique psychiatrique (70 % des femmes souffrant d’un TDPM en présentent un) ;
  • la génétique ;
  • un faible nombre de grossesses (plus on a eu de grossesses moins on est à risque);
  • des variations hormonales sur plusieurs cycles menstruels ;
  • le vécu de traumatismes et des situations de stress élevé.

Les médicaments du trouble dysphorique prémenstruel

Lorsqu’un problème de santé est diagnostiqué à partir du DSM, l’étape suivante est la proposition d’un traitement médicamenteux. Sont généralement prescrits des antidépresseurs sérotoninergiques, des anxiolytiques (aux résultats incertains sur ce problème (3)), des agonistes de la GnRH (qui bloquent la production des hormones ovariennes) ou la pilule contraceptive. Cependant, la prise de la pilule augmente le risque de dépression, possiblement en raison des fluctuations hormonales qu’elle engendre, en particulier chez les femmes extrêmement sensibles à ces dernières – et donc plus à risque de développer un TDPM !

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Quels conseils naturels pour améliorer son TDPM ?

Une prise en charge transversale est souvent la clé pour atténuer un TDPM.

Modifications de l’hygiène de vie

  • Réduire la consommation de sel, de sucre, de caféine, de produits laitiers, d’alcool.
  • Fractionner les prises alimentaires, favoriser les glucides complexes par rapport aux glucides simples.
  • Gérer son stress (yoga, relaxation…).
  • Planifier les tâches difficiles et stressantes pendant la première partie du cycle.
  • Prendre soin de son foie afin qu'il métabolise et recycle au mieux vos oestrogènes, contribuant ainsi à "lisser" les fluctuations hormonales trop importantes.

Compléments micronutritionnels

  • Une complémentation en magnésium (forme bisglycinate par exemple), dont le taux est souvent insuffisant en cas de SPM (4), pourrait aider à soulager les symptômes du TDPM. Le dosage habituellement proposé par les thérapeutes est de 300 mg une à deux fois par jour jusqu'à comblement des carences et amélioration des symptômes.
  • L’apport d’oméga-3 (EPA, DHA), par l’alimentation et/ou par des capsules, permet de lutter contre l’anxiété et la dépression du TDPM (5). Dans les études, les quantités prises varient de 500 mg à 2 000 mg par jour.
  • La prise de L-tryptophane pendant la phase lutéale permet de réduire la dysphorie ( changements d’humeur), la tension et l’irritabilité (6). Le L-tryptophane est un acide aminé (une sous-catégorie des protéines) que le corps transforme en sérotonine.

Homéopathie et TDPM

Les remèdes homéopathiques sont parfois efficaces pour stabiliser les troubles de l’humeur avant les règles*.

Du seizième jour du cycle à la fin des règles :

  • Lachesis mutus 15 CH le soir au coucher (cinq granules) ;
  • Natrum muriaticum 15 CH le soir au coucher (cinq granules).

Pendant deux mois en continu : Ignatia amara 15 CH (cinq granules trois fois par jour).

* Christelle Besnard-Charvet, Antoine Demonceaux, Pratiques homéopathiques en gynécologie-obstétrique, Elsevier Masson, 2019.

Plantes médicinales, déprime et SPM

  • Le griffonia permet d’apporter du 5-HTP, un autre acide aminé précurseur de la sérotonine dont il augmente la production (7). C’est un composé intermédiaire entre le L-tryptophane et la sérotonine, il est donc généralement efficace plus rapidement.
  • Le safran : plusieurs études cliniques ont montré son efficacité et son innocuité (8) – à hauteur de 15 mg/jour – dans le cadre du TDPM, probablement du fait de ses propriétés antidépressives et de son impact sur nos neurotransmetteurs. Pour une même action, le millepertuis (9) pourrait aussi être une option.
  • Le gattilier a lui aussi montré son efficacité contre le TDPM dans plusieurs études cliniques (10). Son efficacité s’explique probablement par son action mimant la dopamine et libératrice de progestérone.

Dans l’hypothèse d’un TDPM avec des symptômes potentiellement graves, mieux vaut se tourner vers un thérapeute spécialisé qui saura cibler les remèdes les plus adaptés à votre situation.

Les conseils précédents (hygiène de vie, micronutrition, homéopathie...) sont également valables pour atténuer des modifications d'humeur en lien avec le cycle moins marquées que le TDPM, qu'il s'agisse d'instabilité émotionnelle, d'hyperémotivité ou d'une grande irritabilité...pour peu qu'elles vous encombrent bien entendu ! Il existe aussi différents programmes de type coaching à destination des femmes pour les aider à mieux appréhender et apprivoiser le cycle et son impact, y compris psychologique, dans une démarche corps-esprit.

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Références bibliographiques

(1) « Premenstral disphoric disorder : a review for the treating practitioner », Cleve Clin J Med (2004) : https://doi.org/10.3949/ccjm.71.4.303

(2) Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5 e édition

(3) « Management of Premenstrual Dysphoric Disorder: A Scoping Review », Int J Womens Health (2022) : https://doi.org/10.2147%2FIJWH.S297062

(4) « Magnesium supplementation for premenstrual syndrome and premenstrual dysphoric disorder », Int J Pharmaceut Res (2021) : http://dx.doi.org/10.31838/ijpr/2021.13.01.095

(5) « A Vicious Cycle: Using Nutrition to Combat the Behavioral Impact of Premenstrual Syndrome and Premenstrual Dysphoric Disorder », J Counc Nutr (2022).

(6) « A Placebo-Controlled Study of the Effects of L-Tryptophan in Patients with Premenstrual Dysphoria », Adv Exp Med Biol (1999) : https://doi.org/10.1007/978-1-4615-4709-9_11

(7) « A review on Griffonia simplicifolia - an ideal herbal antidepressant », IJPLS (2010) : http://www.ijplsjournal.com/issues%20PDF%20files/july2010/8..pdf

(8) « Saffron for the Management of Premenstrual Dysphoric Disorder: A Randomized Controlled Trial », Adv Biomed Res (2020) : https://doi.org/10.4103/abr.abr_49_20

(9) « St. John's Wort (Hypericum Perforatum) as a Treatment for Premenstrual Dysphoric Disorder: Case Report », Int J Psychiatry Med (2003) : https://doi.org/10.2190/rery-n6ac-nadc-ehy4

(10) « Vitex agnus castus for premenstrual syndrome and premenstrual dysphoric disorder: a systematic review », Arch Womens Ment Health (2017) : https://doi.org/10.1007/s00737-017-0791-0

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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