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Une anorexie pas si " mentale " que ça

  • Une anorexie pas si Une anorexie pas si " mentale " que ça
Article paru dans le journal nº 130

À l’instar de troubles mentaux tels que la dépression ou l’anxiété, des anomalies de l’écosystème intestinal et du système immunitaire peuvent être impliquées dans l’anorexie. Des chercheurs recommandent que ces dimensions soient investiguées dès le départ, conjointement au bilan psychologique. D’autant que des solutions naturelles sont reconnues comme des appuis solides.

L’anorexie simple est une perte d’appétit causée par une infection ou un traitement médicamenteux. Elle se distingue de l’anorexie dite mentale, un trouble du comportement alimentaire (TCA) où la personne s’interdit de manger pour des raisons psychiatriques, notamment une peur de grossir qui cache souvent une peur de grandir. Seulement voilà, la différence entre ces deux formes est-elle si claire lorsqu’on découvre que des bactéries influencent nos comportements et nos émotions ? Un trouble qu’on s’obstine à traiter par la seule psychiatrie ne cacherait-il pas, parfois, une infection ou une inflammation chronique non diagnostiquée ? Parce qu’une infection, ce n’est pas forcément une grippe ou un rhume. Ce peut-être aussi un déséquilibre profond du microbiote qui fait réagir le système immunitaire.

L’alimentation est indissociable de notre vie émotionnelle. Ces domaines ont un point en commun : le microbiote. On parle souvent de manger ses émotions lorsqu’on grignote pour compenser un mal-être. Certaines personnes ont un profil microbien qui les y pousse davantage. Mais l’opposé semble tout aussi vrai. Des souris ayant reçu le microbiote d’humains anorexiques ont vu leur poids corporel chuter ainsi que des changements dans l’expression des gènes impliqués dans le contrôle du comportement et du métabolisme énergétique.

Des bactéries qui coupent la faim

De manière normale, le microbiote intestinal participe à la régulation de l’appétit. Plusieurs neuropeptides jouant un rôle clé dans la régulation de la prise alimentaire (ghréline, CCK, NPY) sont d’origine digestive. L’implication du microbiote dans l’obésité et les maladies métaboliques est déjà bien documentée. Certaines personnes hébergent des bactéries qui augmentent la faim, et leur l’organisme, à assiette égale, va extraire davantage de potentiel calorique du bol alimentaire.

L’inverse est tout autant possible. Chez des patients souffrant de TCA, des chercheurs du CHU de Rouen ont retrouvé des anticorps dirigés contre le neuropeptide αMSH, présent dans la cascade de signalisation de la satiété. En cause, une ressemblance entre αMSH et la protéine ClpB produite par des bactéries intestinales. Les anticorps peuvent neutraliser αMSH ou même changer sa destination, avec pour conséquence une baisse ou une augmentation de l’appétit, ou une alternance des deux, ce qui pourrait expliquer l’alternance de phases de boulimie et d’anorexie fréquemment observée.

Selon une étude parue récemment dans Nature Microbiology¹, pas moins de trente-cinq métabolites d’origine bactérienne ont à ce jour été identifiés dans l’anorexie mentale. Agissant par voie sanguine ou neuronale, ils viennent parasiter la régulation de l’appétit, des émotions ou du comportement. Certains d’entre eux pourraient contribuer directement à l’insensibilité à la faim et au dysfonctionnement du circuit de la récompense liée à la nourriture. Un cocktail antibiotique à large spectre administré à des souris, en réduisant la ...

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Références bibliographiques

1. Y. Fan, R. Klinkby Støving, S. Berreira Ibraim et al., dans Nature Microbiology, avril 2023.

2. D. Bagga, J. L. Reichert, K. Koschutnig et al., dans Gut Microbes, juin 2018.

3. A. Kazemi, A. A. Noorbala, K. Djafarian, dans Diet and Mental Health, juillet 2019.

4. P. Déchelotte, S. Grigioni et S. Fetissov, dans Nutrition clinique et métabolisme, septembre 2007.

 

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