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Comment se débarrasser de la cigarette ?

  • Le taux de rechute tabagique est proche de celui de l'héroine.Le taux de rechute tabagique est proche de celui de l'héroine.
Article paru dans le journal nº 8

Rares sont les fumeurs qui n’ont pas souhaité un jour stopper la cigarette, que ce soit pour leur santé, leur portefeuille ou leur entourage. Mais cette drogue dure a le bras long pour aliéner physiquement et psychologiquement ses victimes, et en sortir est devenu un véritable défi, si ce n’est un supplice. Alors que ce soit pour arrêter de fumer seul ou pour aider un proche, il faut s’armer de patience et de bons outils.

Article mis à jour le 03/11/2021 par Nihel Amarni

Il n’y a pas de grandes occasions pour se libérer d’une addiction en général, et à la nicotine en particulier. Chacun s’accorde pour affirmer que l’arrêt du tabac est une priorité absolue. Mais accabler les accrocs à la cigarette en leur disant qu’ils n’ont qu’à arrêter ne sert à rien. Soyons directs, voire choquants : si les fumeurs fument, c’est que c’est bon.

Non seulement parce qu’une fois l’addiction installée par le système cholinergique, la nicotine provoque un réel plaisir en répondant à l’état de stress, mais aussi parce qu’elle stimule la dopamine et facilite la stimulation électrique du cerveau. C’est probablement cet effet sur le système dopaminergique, associé à des mécaniques épigénétiques complexes, qui explique l’apparent rôle protecteur du tabac contre Parkinson ou encore Alzheimer. D’autre part, l’acte de fumer est souvent vécu comme anxiolytique, relaxant et coupe-faim, une des raisons pour laquelle le sevrage met le bien-être des concernés à rude épreuve.

Des problèmes de santé et de budget

Bien sûr, la liste des effets délétères de la combustion inhalée et de la nicotine est longue comme un dimanche de pluie (cancer, diabète, stérilité masculine, stomatites…), et les scientifiques n’ont pas fini d’en découvrir de nouveaux. D’ailleurs, 75 000 morts ont été imputées au tabac en France en 2019. Mais dire que le tabac est mauvais pour la santé n’a pas beaucoup d’impact sur le fumeur, pour qui accoutumance et addiction ne sont pas de vains mots.

Pour rappeler, à ceux qui bouclent leur budget vacances, qu’une personne en 2021 fumant un paquet par jour à environ 10 € débourse 300 € par mois, soit 3600 € dans l’année… Cela laisse toujours songeur les fumeurs qui se désespèrent de voir un beau voyage partir en fumée et qui voient dans la danse des volutes un bras d’honneur de leur addiction.

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Les sources de l’addiction

De plus, le tabac -avec la nicotine- n’est pas les seuls responsables ni de l’addiction ni des problèmes de santé. Les quelque 7000 substances chimiques industrielles dont plus de 70 sont cancérigènes endossent également une grande part de responsabilité. En effet, les cigarettes contemporaines n’ont plus rien à voir avec celles de nos grands-parents… Ainsi si vous fumez un paquet par jour, 10 % représentent des agents de saveur et de texture, ce qui donne 2 cigarettes entières de produit chimique.

Le Brésil, en 2012, fut le premier pays du monde à interdire l’utilisation d’arômes et d’additifs dans les produits du tabac. En France, il a fallu attendre 2020 pour que les cigarettes aromatisées cessent d’être commercialisées, le chemin est donc encore long pour se débarrasser de tous ces produits chimiques. De plus, le tabac à rouler que l’on croit plus pur ne l’est pas plus que ses homologues. Le papier est blanchi grâce à des procédés chimiques, les filtres sont majoritairement en plastique, tandis que les tabacs sont traités pour être conservés plus longtemps au contact répété de l’air.

Ainsi, les géants du tabac intoxiquent de plus en plus les consommateurs, les rendent plus addicts et misent sur les préjugés pour les enfumer. En prendre conscience peut alors motiver les fumeurs à s’extraire de ce piège et arrêter de fumer.

Mais alors, comment arrêter ?

Selon une enquête du National Institute on Drug Abuse (NIDA) américain, moins de 5 % des personnes qui tentent d’arrêter par elles-mêmes, sans soutien psychologique ni substituts, réussissent à tenir l’année. Soit un taux proche de celui observé pour les protocoles de sevrage à l’héroïne !

De plus, l’arrêt, souvent décidé brutalement ou sous pression, s’effectue sans grande conviction, au fond malgré soi. Et c’est le meilleur moyen d’échouer. On se sent alors sanctionné, et l’on risque de compenser avec de la nourriture, des tics (se ronger les ongles), ou encore d’autres addictions (sucre). Ce type d’arrêt peut ainsi entraîner une prise de poids et parfois des dépressions.

La clé du succès commence donc par une décision personnelle mûrement réfléchie, et par une envie profonde de se sentir mieux. Il ne faut pas se contraindre, mais surtout, imaginer visualiser la vie, sans cigarettes, afin d’être convaincu de ces bienfaits.

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Prendre le temps de s’arrêter naturellement

S’arrêter proprement et durablement suppose de suivre un « protocole » d’au minimum 3 mois, par paliers :

  • Le premier mois, dans la phase de présevrage, il s’agit de diminuer sa consommation progressivement. Si vous fumiez 25 cigarettes par jour par exemple, à la fin de ce premier mois, vous serez à 15 cigarettes par jour.
  • Arrêt dans le courant du deuxième mois. Pour atteindre le stade zéro cigarette, donnez-vous 15 jours pour diminuer d’une cigarette par jour.
  • Le troisième mois, il est alors question de tenir. Pour cela, le soutien des proches est primordial. Les plantes peuvent aussi aider à passer ce cap difficile.

Trois plantes, une petite tisane et un sirop

Pour se donner tous les atouts pour réussir, nous vous conseillons trois plantes :

  • La lobélie enflée : anciennement fumée par les peuplades amérindiennes pour soigner les problèmes respiratoires, elle est aujourd’hui toujours utilisée pour traiter naturellement l’asthme ou encore la bronchite. Ces vertus sont principalement dues aux divers alcaloïdes que la lobélie enferme en son sein. Ils ont comme propriété de détendre les muscles des bronches et de favoriser l’expulsion de mucus. Ce qui permet évidemment de soulager dans un premier temps les poumons du fumeur aguerri. De plus, un de ses alcaloïdes, la lobéline, exercerait sur le cerveau les mêmes effets que la nicotine et cela sans accoutumance, ce qui est idéal pour un arrêt en douceur. Prendre 2 à 3 capsules de plantées séchée (entre 200 et 400 mg) par jour progressivement jusqu’à 15 jours après l’arrêt.

NB : Un dosage trop important peut entraîner des nausées et des vomissements, si cela vous arrive, stoppez immédiatement la supplémentation. Par prudence, ne pas utiliser en cas de grossesse, allaitement ou maladie de Parkinson.

  • Le gymnema : cette plante supprime l’envie de sucre. Or il faut savoir que pour améliorer le goût des cigarettes blondes, les feuilles de tabac sont pulvérisées avec du sucre et des édulcorants, renforçant leurs charges addictives. La prise régulière de Gymnema sylvestris (2 gélules de 400 à 500 mg de plante sèche par jour, midi et soir) possède l’étonnant pouvoir de supprimer la sensation de sucrer, ainsi vos cigarettes vous paraîtront dégoûtantes. Autre avantage, cette cure agira sur la recrudescence des fringales souvent caractéristiques de la période de sevrage en atténuant les envies de grignotage.

NB : Ayant également un impact sur la glycémie et des propriétés antidiabétiques, les personnes souffrant de cette pathologie devront se rapprocher de leur médecin ou pharmacien avant toute utilisation.

  • Le griffonia : grâce à son action antidépressive, la graine de cette petite plante africaine (Griffonia simplicifolia) permet de limiter la fameuse déprime et la nervosité ou l’anxiété qui accompagnent un arrêt brutal. La griffonia contient du 5-htp, précurseur de la sérotonine, elle-même précurseur de la mélatonine. Son action sur le moral et sur le sommeil a été confirmée par plusieurs études et l’on a même constaté qu’elle avait un effet modérateur de l’appétit. Prendre de 2 à 4 gélules par jour selon la composition des gélules et leur titrage en principe actif (5HTP : entre 150 et 400 mg par jour).

NB : Préférer une consommation le soir (risque de somnolence), ne pas l’associer sans avis médical à un antidépresseur IRS ou au millepertuis. Ne pas utiliser en cas de trisomie, sclérodermie ou tumeur carcinoïde de l’intestin. Par prudence, il reste déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes.

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Une tisane dépurative : pour cela, choisissez un mélange, à parts égales, d’aunée (racine), de chardon-Marie (graine), d’aubépine (fleurs), d’aspérule odorante (fleurs) et d’astragale (racine). Demandez à votre herboriste ou votre pharmacien de vous la préparer. Outre l’action détoxifiante pour l’organisme, ce genre de tisane, à boire tout au long de la journée, modifie aussi le goût de la cigarette.

Le réputé sirop des fumeurs aidera quant à lui à décrasser vos poumons et libérer vos voies respiratoires, en associant la racine d’aunée, l’herbe de marrube, le souci, le plantain, le noisetier et l’huile essentielle d’eucalyptus.

Une bonne hygiène de vie reste essentielle

La reprise d’une activité physique, comme le yoga ou le vélo, peut être aussi essentielle dans la phase de sevrage. Cela permettra une transition plus douce pour notre cerveau en manque de dopamine que la pratique sportive inondera, tout en évitant de trop pousser sur le cardio.

D’autre part, il est important de surveiller notre alimentation. Il faut alors faire attention à l’alcool qui excite souvent les anciens fumeurs, pareillement pour le café.

Les fritures, les épices, mais aussi les sucres réveilleront cette irrésistible envie de « cloper » les premiers jours. Il est également conseillé de faire le plein d’aliment riche en vitamine C voire de se complémenter, car la cigarette brûle cette vitamine et provoque une carence chronique chez les accros au tabac.

Un coup de pouce homéopathique

L’homéopathie peut également venir en aide aux personnes déterminées à en finir avec cette addiction.

En premier réflexe, il peut être intéressant de prendre Tabacum 5 CH, puis Tabacum 7 CH, puis Tabacum 9 CH, puis Tabacum 15 CH. Deux granules, trois fois par jour et à chaque envie de fumer, jusqu’à la fin de chaque tube avant de ­passer au suivant. Terminez par une dose de Tabacum 15 CH par semaine, jusqu’à la désintoxication totale du tabac.

Puis pour compléter cette approche et prévenir les effets secondaires de l’arrêt du tabac :

  • En cas d’envie de manger en permanence : Antimonium crudum 9 CH. Prenez-en deux à trois granules, dès qu’une envie de manger ou de grignoter apparaît, jusqu’à amélioration.
  • Nervosité et agitation, agressivité : prenez au choix Homéogène 46 (Boiron). ­Laisser fondre deux comprimés en bouche, trois fois par jour, jusqu’à l’amélioration des symptômes. Ou L72 (Lehning). Prenez-en 30 gouttes dans un peu d’eau trois à quatre fois par jour.

Lire aussi « Big Tobacco organise la remise en cause permanente des données de la science »

Sources :

Parkinson : le rôle protecteur du tabac reposerait sur l’interaction avec certains gènes, Inserm, 2018.

Addiction and dopamine: sex differences and insights from studies of smoking, 2018.

A role for β2* nicotinic receptors in a model of local amyloid pathology induced in dentate gyrus, 2016.

Tabac en France : premières estimations régionales de mortalité attribuable au tabagisme, Santé publique France, 2021.

La composition des produits et de la fumée de tabac, CNTC, mis à jour en 2021.

Brésil - Interdiction des cigarettes aromatisées, FCTC, 2012.

Pharmacological Properties of Plant-Derived Natural Products and Implications for Human Health. Springer Nature, 2021.

Recettes naturelles pour arrêter de fumer, Plantes et Santé, 2017.

Beyond Alkaloids: Novel Bioactive Natural Products From Lobelia Species, 2021.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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