Faites un tabac, arrêtez de fumer !

C’est le mois de janvier, le mois de Janus, divinité aux deux visages, l’un observant l’avenir, l’autre le passé, dieu des commencements et des fins, dieu des choix. C’est le mois tellement idéal pour faire de la cigarette un souvenir qu’on se demande pourquoi le ministère de la Santé a choisi novembre pour lancer en 2016 l’opération Mois sans tabac. Novembre, c’est entrer de plein fouet dans la nuit, dans l’hiver, dans la morte-saison et dans l’angoisse avec ces satanées célébrations des morts (Toussaint, jour des Morts, Armistice…). Il faut une motivation de damné pour s’infliger en même temps que la déprime saisonnière les sautes d’humeur qu’occasionne l’arrêt du tabac. Revenons donc au mois de janvier et ses bonnes résolutions. Vous avez décidé d’arrêter de fumer ? Excellente initiative. Déjà pour le porte-monnaie. On annonce que le paquet de Marlboro passera au 1er janvier à 12,50 €, soit pour un paquet par jour, 4 562,50 € à l’année, et pour deux paquets, 9 125 €. Un joli budget vacances qui part en fumée.

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Ensuite, est-il encore utile de vous rappeler les arguments sanitaires ? Ils sont répétés à l’envi, sans beaucoup d’effets. Alors peut-être que les arguments politiques pourront entrer en résonance avec la fibre de certains. Et c’est la saine lecture du livre d’Olivier Milleron*, cardiologue de son état, qui pourra apporter de l’eau à votre moulin. Car en termes d’industrie épouvantable, d’un cynisme et d’une cruauté sans nom, l’industrie du tabac remporte les plus hautes distinctions. Découvert en Amérique par les conquistadors, qui identifient vite le pouvoir addictif de la plante, le tabac est disséminé en Europe et devient un produit commercial des plus juteux. Tant et si bien qu’il est responsable de l’émergence de l’esclavage et des sociétés par actions et donc de la bourse et, quelques siècles plus tard, du développement du marketing et de la publicité. Sans parler de la médecine et des docteurs qui ont été d’excellents influenceurs.

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De 1730, où les Diafoirus affirmaient qu’en cas de noyade, il fallait insuffler du tabac par l’anus, jusqu’à 2020 où des publications évoquaient un possible rôle protecteur du tabac et de la nicotine contre le Covid-19, on a du mal à recenser les études scientifiques financées par l’industrie du tabac valorisant les effets thérapeutiques de la cigarette. Il faut rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, on vantait son caractère thérapeutique sur la toux, la bronchite et l’essoufflement. On recommandait même jusqu’en 1940 des cigarettes contre l’asthme (les Asthmador). Gageons que la lecture de ce livre vous incitera à refuser de financer et soutenir cette satanée industrie.