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Être insulté provoque des troubles émotionnels virulents et mesurables

  • Les mots désobligeants peuvent avoir un impact cérébral significatifs.Les mots désobligeants peuvent avoir un impact cérébral significatifs.
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C’est peu de dire que le savoir-vivre tend à perdre du terrain devant l’agressivité et la violence, devenues banales. Dans la rue, l’entreprise, le sport et même la famille, l’insulte semble fuser plus rapidement que jamais. On serait tenté de croire que, si ça ne va pas au-delà, c’est finalement peu de choses. Mais non : une étude montre qu’une insulte peut perturber durablement la personne visée.

Du détournement du langage à des fins malveillantes

Nous, humains, avons originellement développé le langage par besoin d’optimiser nos relations interpersonnelles et notre coopération pour survivre et prospérer. Les mots dont nous nous servons aujourd’hui si naturellement sont aussi des outils de compréhension d’autrui et d’expression de soi.

Souvent, ils sont porteurs d’une charge émotionnelle, tantôt positive, tantôt négative. L’époque actuelle veut malheureusement que les mots servent trop souvent à diviser, diffamer, blesser ou provoquer.

On savait jusqu’ici peu de choses sur l’impact cérébral que peuvent avoir des mots désobligeants. Une étude conjointe de chercheurs de l’université d’Utrecht et de Leyde (Pays-Bas) a mis en évidence que les insultes, surtout répétées, entraînent une cascade d’effets, tels que du stress, de l’anxiété, l’altération de l’estime de soi… Si certains de ces effets s’estompent rapidement, d’autres peuvent persister.

Hommes et femmes font indifféremment l’objet d’insultes

Les femmes sont clairement plus sujettes aux autres formes de violence ‒ harcèlement en tête ‒ que les hommes, mais les deux sexes sont à égalité devant les insultes. L’enquête Virage menée par l’Institut national d’études démographiques (INED) en 2015 révélait qu’une fraction égale de 8 % des hommes et des femmes interrogés avaient été injuriés dans l’année écoulée.

Le phénomène de l’insulte est devenu à ce point banal que 55 % des femmes et 97 % des hommes insultés déclaraient « que cela n’était pas grave ». Si la parité est au rendez-vous quand il est question de « recevoir » des insultes, en proférer reste le triste apanage de la gent masculine, à l’origine de 75 % des injures à l’endroit des femmes et de 90 % de celles faites aux hommes.

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Une insulte provoque des effets mesurables

Les chercheurs ont mené une série d’expériences auprès de 79 femmes (premières victimes des comportements déplacés, presque toujours assortis d’insultes). Elles ont notamment été soumises à trois types d’affirmations sur le registre :

  • de l’insulte (par exemple « Linda est horrible »),
  • du compliment (par exemple « Linda est impressionnante)
  • de la constatation objective (par exemple « Linda est hollandaise »).

L’analyse des électroencéphalogrammes (EEG) de ces femmes indique qu’une insulte capture l’attention avec une rapidité, une intensité et une persistance supérieures aux affirmations positives ou neutres. Ces enregistrements traduisent notamment des troubles émotionnels et des difficultés à interpréter le sens de certains mots entendus. De tels signaux sont aussi observés, par exemple, lorsqu’un sujet est confronté à des affirmations contrevenant à ses principes moraux.

Dans le cadre d’affirmations négatives répétées, les chercheurs ont observé un phénomène semblable à de l’accoutumance, les réponses visibles à l’EEG se réduisant significativement, sans disparaître complètement pour autant.

Des conséquences potentiellement graves

Au vu des manifestations physiologiques et des enregistrements à l’EEG, les auteurs de l’étude assimilent le fait d’être insulté à une gifle psychique. Des travaux antérieurs avaient déjà insisté sur les dommages que peuvent causer des injures, susceptibles de laisser comme une « cicatrice » dans le psychisme de la victime.

D’autres travaux auprès d’enfants ayant subi des agressions verbales répétées ont montré que ces derniers développaient plus fréquemment un déficit de l’attention, de la cognition et de la mémoire, ainsi qu’une perte de la capacité à ressentir et à exprimer leurs émotions. L’exposition aux insultes et aux attaques émotionnelles peut mener, chez les enfants comme chez les adultes, à la dépression, à l’isolement, et engendrer de l’anxiété, des pensées et des comportements défaitistes, etc.

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Laisser à l’agresseur son poison

La nature des dommages causés à la personne visée dépend avant tout de sa force morale et de sa capacité à refuser le poison. Il n’y a pas lieu de prendre une insulte pour soi : pour offensante qu’elle puisse paraître, elle en dit davantage sur la personne qui l’émet que sur celle à qui elle est adressée.

Cela considéré, il appartient à chacun de choisir la suite qu’il a envie de donner à l’insulte. Si le jeter du gant est passé de mode depuis longtemps, la réaction à chaud, impulsive, serait plutôt propice à l’escalade, avec le risque de conséquences potentiellement fâcheuses.

Aussi, que l’offenseur soit en mal d’affection, qu’il se soit simplement levé du mauvais pied ou, a fortiori, s’il montre de l’agressivité et cherche visiblement querelle, le mieux est encore de ne pas se laisser embarquer dans sa provocation, de rester de marbre et de passer son chemin sans s’attarder.

Dans le cas d’une personne de l’entourage, il conviendra de définir une autre stratégie (changer de posture à son égard, réduire au minimum les interactions, affirmer les limites à ne pas dépasser…), l’évitement étant, dans ce cas, davantage susceptible d’encourager son attitude hostile.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé