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"Soigner avec les plantes, c’est aussi s’interroger sur leur mode de production"" Interview d'Aline Mercan

  • "Si vous changez la plante de biotope, elle ne fabrique plus la même chose."
Article paru dans le journal nº 97

Dans son dernier livre*, Aline Mercan, médecin, phytothérapeute et ethnobotaniste montre comment le business de la phytothérapie met en danger les espèces végétales à travers le monde. Elle rappelle qu’il existe des alternatives locales pour soulager de nombreux maux et se soigner sans piller la planète.

Se soigner avec les plantes peut nuire à la planète et à sa propre santé. C’est difficile à admettre lorsqu’on a le sentiment de bien faire en choisissant des solutions naturelles. Comment accepter cette idée ?

En ne voyant pas cela comme une nouvelle contrainte, en s’y prenant autrement. Il y a toute une pharmacopée disponible dans le respect de la nature. Pas besoin de s’angoisser, il existe des alternatives. On peut difficilement prendre conscience que l’on est en train de tout piller, et penser au contraire que ça ne concerne pas les plantes puisque mes intentions sont bonnes. Je ne remets pas du tout en cause les intentions de celui qui utilise les plantes dans un désir de se rapprocher de la nature, mais il fait confiance à un système de production qui, lui, n’est pas respectueux. C’est surtout aux thérapeutes que je m’adresse. Le patient ne peut pas être spécialiste de tout, la phytothérapie, c’est un monde complexe. Mais le thérapeute qui se passionne pour les vertus des plantes sans se demander comment est produit ce qu’il conseille, c’est embêtant

Cela reste un propos rare. Vous êtes la seule à lancer ces messages d’alerte ?

Chez les thérapeutes, c’est peut-être encore un peu rare. En revanche, vous avez des ethno-écologues qui travaillent sur la question des cueillettes depuis des années mais on ne les entend pas en dehors de leur réseau. L’ONG Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) se positionne très fortement sur les plantes menacées, et il y a des labels qui plaident pour de bonnes pratiques de cueillette et de gestion de la ressource sauvage. Je ne suis pas une lanceuse d’alerte, mais il s’agit très souvent de savoirs spécialisés qui peinent à arriver jusqu’au grand public. Mon rôle en tant que thérapeute était d’en parler.

La phytothérapie obéit à un marché mondial qui modifie les traditions de cueillette. On cueille plus, plus loin, plus longtemps… au point de se retrouver avec des plantes sans principes actifs car cueillies trop tôt ?

Oui, et c’est très bien décrit pour les racines de rhodiole qui, normalement, se ramassent après floraison, pas avant, pour les saussures laineuses qui sont ramassées à tous les stades ou le cordyceps que l’on ramasse tard, quand il est en train de sporer. Évidemment, ça n’aura pas du tout la même activité pharmacologique. Le consommateur sur Internet ne sait pas toujours ce qu’il achète. Parfois, un grossiste a acheté la plante à un autre grossiste, donc savoir comment la plante a été ramassée au départ, c’est mission impossible.

Lire aussi Manuel de phytothérapie écoresponsable (Aline Mercan)

La mise en culture est le seul gage de sécurité ?

Sauf que c’est impossible pour certaines plantes. Si vous changez la plante de biotope, elle ne fabrique plus la même chose. Prenez la sarriette : si vous la plantez au sud de Valence, elle va produire ses fameux phénols, qui pour nous sont des principes anti-infectieux mais pour elle sont des moyens de défense. Si vous la montez plus au nord et ...

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