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Perturbateurs endocriniens : des impacts sur plusieurs générations
Lors de la 8ème édition des assises "Femmes médecins et toutes les libérales" (FMTL) consacrée aux risques sanitaires liés à l'environement, un thème s’impose rapidement au cours des échanges : celui des dangers de l’exposition aux perturbateurs endocriniens. Ces derniers, qui imitent insidieusement le comportement des hormones, sont absorbés par l’organisme de manière invisible. Les nombreux impacts sur la santé (asthme, obésité, infertilité, problèmes cognitifs) de ces composés, maintenant connus, peuvent également se transmettre à sa descendance par un jeu complexe d'activation et d'inactivation de certains de nos gènes.
Quel impact les perturbateurs endocriniens ont-ils sur la vie humaine ? Pour ne citer qu’un exemple, l’exposition à long terme aux différents plastiques présente des risques pour la santé. L’un des composés des matières plastiques le plus incriminés est le bisphénol A. Cette substance, maintenant répertoriée comme l’un des principaux perturbateurs endocriniens, imite les œstrogènes. Si les signaux hormonaux sont envoyés à un moment inadéquat ou dans une proportion anormale au fœtus, il peut être modifié pendant son développement. Le docteur Sylvie Peres-Pierron, dermatologue responsable de la « Coordination santé environnement du Pays basque », dresse une liste des substances les plus nocives qui interfèrent toutes avec le développement des organes sexuels, avec, en tête de liste : les parabènes, le triclosan, les phtalates et les filtres chimiques anti-UV.
Perturbateurs endocriniens : un impact sur plusieurs générations.
Comme le rappelle le professeur en endocrinologie pédiatrique Charles Sultan : « Notre patrimoine génétique n’est pas transmis, comme on nous l’a enseigné – et comme on l’a cru longtemps – à travers notre ADN exclusivement. Une partie de notre patrimoine subit des modifications, c’est le rôle essentiel de l’épigénétique. »De son côté, le docteur en biologie Christian Velot montre que non seulement l’habitat peut modifier le génome, mais que celui-ci ainsi modifié peut se transmettre sur plusieurs générations. Il cite les travaux d’Emma Whitelaw de l’université de Sydney (Australie), qui démontre dés 1999 le caractère épigénétique d’un gène, c'est à dire la modification de son expression en réponse à l'environnement. Chez les rongeurs par exemple, l’absence de soins maternels modifie la méthylation de l’ADN. Si le gène « agouti » (responsable de la couleur du pelage) présente peu de méthylation* (pelage clair), les souris sont plus sujettes au diabète, au cancer et à l’obésité. Si au contraire le gène est hyperméthylé (pelage brun), les souris ne présentent aucun problème de santé.
Concernant les perturbateurs endocriniens, ce qui est inquiétant est non seulement leurs effets nocifs sur l’embryon mais aussi le fait que ces effets nocifs peuvent se transmettre à la génération suivante... Asthme, obésité, troubles fonctionnels du cerveau, fausses couches, les perturbateurs endocriniens présents dans notre environnement dégradent, petit à petit, notre qualité de vie.
Comment se protéger ?
Pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens, il faut s’armer de vigilance. Privilégier les produits issus de l’agriculture biologique, les cosmétiques labélisés, essayer le DIY (Do It Yourself) pour les produits d’hygiène du quotidien et éviter les matières plastiques. Il existe une application mobile, Noteo, qui se charge de noter les produits selon leur impact sanitaire, social et environnemental. Un outil qui peut, au quotidien, aiguiller les choix des consommateurs.
* L’hyperméthylation est associée à une réduction de l’expression des gènes, l’hypométhylation à une activation de gènes impliqués dans la prédisposition à certaines maladies.
Sources :
- « L’environnement d’aujourd’hui, quelle santé pour demain ? Primum non nocere (d’abord, ne pas nuire) », 8ème assise FTML (11 mars 2017).
- « Construction de la santé et des inégalités sociales de santé : les gènes contre les déterminants sociaux ? », Thierry Lang, revue Santé publique, 2016, p. 169-179.
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