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L’épigénétique, pour mieux lire nos gènes

Article paru dans le journal nº 18

Selon la médecine conventionnelle, les gènes sont acquis et immuables depuis la naissance jusqu’à la mort. Seule exception admise : les mutations provoquées par des rayonnements ou des polluants. Mais l’épigénétique oblige à changer ce point de vue : elle démontre que l’environnement et les événements de notre vie peuvent modifier leur expression. Le cancer ne déroge pas à cette règle.

C’est le biologiste Conrad Hal Waddington qui, dès 1942, a évoqué le premier les phénomènes épigénétiques : il étudiait alors les implications de l’environnement sur les gènes et le phénotype (ensemble des caractères observables) d’un individu. Mais il a fallu attendre ces dernières décennies pour que l’épigénétique entre enfin, mais timidement, dans le domaine de la recherche moderne. Elle révolutionne pourtant la pensée médicale et peut conduire à de nouvelles voies thérapeutiques.

Les premières observations effectuées sur l’épigénétique ont démontré que le stress, la pollution, la mauvaise alimentation, les périodes de famine, le tabagisme, les fécondations in vitro (FIV) et même les vécus personnels peuvent modifier les gènes. De plus, ces changements sont transmissibles aux enfants et petits-enfants par la voie héréditaire. Il faut comprendre que ces situations ne vont pas « changer » les gènes au sens propre, à savoir enlever un gène pour le remplacer par un autre.

En revanche, elles vont les ouvrir ou les fermer, selon les circonstances, avec tous les intermédiaires possibles. On dit qu’elles changent l’« expression » des gènes. Il ne s’agit donc pas de mutations : on parle de modifications des gènes sans changement de l’ADN.

L’ADN est constitué de 30 % à 35 % de gènes codant et de 65 % à 70 % de gènes « silencieux » qui constituent la partie intronique. L’épigénétique est capable de fermer des gènes codant pour ouvrir, c’est-à-dire permettre l’expression de gènes jusque-là silencieux. Pour « éteindre » un gène, il suffit de placer un groupe méthyle (CH3) à la place d’un atome d’hydrogène (H) sur une base azotée du gène. La séquence d’ADN devient muette et ne peut plus fabriquer de protéines effectrices.

De nombreuses études passionnantes ont établi que certaines maladies – cancer, obésité, diabète de type 2, allergie, asthme, autisme, schizophrénie, maladie d’Alzheimer – tiraient en partie leur origine d’un phénomène épigénétique. Nul doute que, dans l’avenir, de nombreuses autres pathologies viendront s’ajouter à cette liste.

Une étude a ainsi attesté que le mode de vie des grands-parents influence l’espérance de vie des petits-enfants. Une autre a révélé que des modifications du génome s’étaient opérées en l’espace de dix ans pour un tiers des 600 personnes qui y participaient. Ce phénomène pourrait fort bien expliquer les maladies liées à l’âge, comme le cancer.

L’étude Geminal (lire encadré ci-contre), qui s’est intéressée au cancer de la prostate, invite cependant à la prudence, malgré des résultats plus qu’encourageants : car il serait aisé de conclure trop vite que seul le changement du mode de vie peut amener à guérir ce type de cancer. Il faut plutôt considérer que des modifications dans le mode de vie contribuent énormément à la guérison, en complément des traitements conventionnels. Ce sont ces changements qui permettront de traiter en profondeur le terrain cancéreux, élément essentiel contre d’éventuelles récidives.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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