Accueil Remèdes Crinière de lion : un champignon au chevet du cerveau
Crinière de lion : un champignon au chevet du cerveau
Alors que la santé du cérébral s’impose comme l’un des grands défis de la médecine de ce siècle, un champignon, appelé crinière de lion ou bien hydne hérisson (Hericium erinaceus), aurait vraisemblablement la clé pour nourrir, protéger et régénérer nerfs et neurones. Il posséderait également des propriétés pour le moral et les muqueuses digestives notamment. Tour d'horizon de ses bénéfices pour la santé et des bonnes manières d'utiliser ce champignon de plus en plus reconnu.
Le champignon « crinière de lion », également appelé hydne hérisson sous nos latitudes, « houtou »ou « shishigashira » en Chine, et « yamabushitake » au Japon, est prescrit en médecine chinoise traditionnelle (MTC) depuis 2 000 ans pour les problèmes gastro-intestinaux, de foie, de rate et de cœur. Il est aussi présent dans l’hémisphère Nord, en Amérique du Nord et, plus rarement, en Europe (où il est considéré comme en danger d’extinction dans plusieurs pays).
Pourquoi « crinière de lion » (Lion’s mane en anglais) ? C’est du fait de la forme filamenteuse du champignon sur sa partie supérieure qui rappelle les poils entrelacés d’une crinière.
L’Hericium erinaceus, de son nom latin, est particulièrement riche en protéines, polysaccharides (dont les fameux bêta-glucanes immunomodulants), cérébrosides, lectines, phénols (acides gallique, caféique, férulique cinnamique, vanillique, chlorogénique...), ergostérol (précurseur de vitamine D) et terpènes. Il est également utile de noter que l’Hericium erinaceus est aussi riche en vitamine B2, en fibres, et en minéraux (zinc, phosphore, sélénium, fer, potassium, germanium).
Les principes actifs qui font vraiment la spécificité de la crinière de lion par rapport à d’autres champignons médicinaux sont les héricenones et les érinacines, des molécules qui ont été identifiées et isolées dès les années 1990 par le chercheur japonais Kawagishi
On reconnait aujourd’hui à ce champignon des vertus neuroprotretrices, antioxydantes, immunorégulatrices, protectrices des muqueuses de l’estomac et de l’intestin notamment.
Amélioration des fonctions cognitives et de la mémoire
Des études ont montré que la consommation de Hericium erinaceus peut améliorer les performances cognitives, notamment la vitesse de traitement de l'information. Par exemple, une étude chez de jeunes adultes a révélé une amélioration de la vitesse d'exécution dans une tâche cognitive après une dose unique de 1,8 g de ce champignon, ainsi qu'une réduction du stress subjectif (auto-évaluation par les participants) après 28 jours de supplémentation. Une autre petite étude constate une meilleure cognition après 8 semaines de prise, associée à une plus grande diversité bactérienne dans le microbiote.
Chez des personnes plus âgées, le champignon a également démontré des effets bénéfiques sur la mémoire et les capacités cognitives. Une étude a évalué l’efficacité de l’administration orale de comprimés de 250 mg de crinière de lion à des patients de 50 à 80 ans souffrant de troubles cognitifs légers. L’expérimentation a été menée en double aveugle et contrôlée par placebo sur 29 personnes sur une période de seize semaines. Le groupe ayant reçu des champignons a vu augmenter, de manière significative, ses scores sur l’échelle utilisée pour évaluer la fonction cognitive (Revised Hasegawa Dementia Scale) en comparaison au groupe placebo.
Une autre étude, taiwanaise cette fois-ci, a mis en évidence que les patients atteints de troubles cognitifs légers liés à la maladie d’Alzheimer ont vu leurs scores de mémoire et de capacités fonctionnelles s'améliorer au fil du temps , ainsi que leur sensibilité aux contrastes, un trouble de la vision récurrent de la maladie d’Alzheimer.
L’étude a été menée durant 49 semaines, avec une prise du champignon à hauteur de 3x 350mg par jour (soit environ 5mg d’érinacine A par jour) et les effets indésirables ont été décrits comme minimes, faisant du champignon un outil prometteur pour prévenir l’apparition, ou ralentir le développement, des problèmes cognitifs liés à l’avancée en âge (démence sénile, Alzheimer, etc.).
Lire aussi
Manger des champignons
pour prévenir les troubles cognitifs
Hydne hérisson et dépression
Il semblerait que le “houtou” soit aussi bénéfique pour nos neurones que pour notre psychisme. On lui prête des propriétés anxiolytiques, relaxantes, et même antidépressives, comme le relate une méta-analyse italienne. Parmi les études citées, une analyse (à haut niveau de preuve), menée sur 30 femmes ménopausées souffrant de dépression et de trouble du sommeil, montre des résultats significatifs sur les scores de dépression après quatre semaines de prise de (0,5 g d’H. erinaceus par jour sous forme de biscuits) . Les chercheurs notent que le bilan était moins encourageant du côté de la qualité du sommeil.
Lire aussi Manger des champignons contre la dépression
Neuroprotection et soutien à la régénération nerveuse
Ces bénéfices neuroprotecteurs peuvent s’expliquer en partie par les vertus antioxydantes du champignon, et sa régulation à la baisse de la neuroinflammation, mais pas seulement. En effet, la recherche a montré que les héricones et érinacines qu’il contient peuvent stimuler la production de facteurs neurotrophiques, à savoir :
- le facteur de croissance nerveuse (NGF)
- le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF).
Le premier est une protéine impliquée dans la croissance et la la survie d'un certain nombre de neurones. Le second, cousin du NFG, est une neurotrophine impliquée dans la conservation des neurones existants et encourageant la croissance ainsi que la différenciation des nouveaux neurones et synapses.
Ces substances favoriseraient d’après des études (in vitro, animales et précliniques) la croissance, la réparation et le maintien des neurones. Une première étude a ainsi mis en évidence qu’une supplémentation en poudre d'Herinaceus riche en héricénone (de type E) chez la souris entraînait une augmentation de la sécrétion de NGF. Une autre étude animale suggère que l’extrait de crinière de lion pourrait contribuer à réduire la gravité des lésions cérébrales après un AVC : des doses élevées d’extrait de ce champignon administrées à des rats, immédiatement après un AVC, auraient réduit l’inflammation et diminué de 44 % la taille des lésions cérébrales.
Si l’une des principales vertus de l’Hericium erinaceus est la protection et la régénération neuronale, il aurait également un impact bénéfique sur les nerfs, eux-mêmes constitués de neurones spécifiques. Les études animales montrent un soutien à la régénération de nerfs endommagés et la protection des nerfs périphériques, des résultats qui s’expliqueraient par l'aide au développement des dendrites et à la formation des gaines de myéline entourant les fibres nerveuses (axones) du système nerveux.
Ces recherches en plein développement sont très prometteuses et pourraient rendre la crinière de lion indiquées dans la prise en charge ou l’accompagnement de pathologies neurodégénératives et des atteintes du système nerveux telles que la sclérose en plaques (où la myéline est endommagée), la paralysie faciale, les sensations de froid aux extrémités des membres, le syndrome des jambes sans repos, la perte de sensation ou encore les microtremblements.
Un nombre croissant de recherches mettent en avant d’autres propriétés (antibiotiques, antitumorales, antidiabétiques, cardioprotectrices, hépatoprotectrices…) qui méritent d’être poursuives pour aboutir à des essais cliniques robustes.
Protecteur de l’estomac et de l’intestin ?
Les propriétés de l’hydne hérisson sur le système digestif sont peu connues du grand public, mais sont pourtant prometteuses. Le champignon a montré dans des études animales un effet anti-inflammatoire et protecteur contre les ulcères gastriques. Il aiderait en effet à la régulation de la production des sucs gastriques tout en réparant les cellules épithéliales de la muqueuse digestive. Cet effet protecteur se retrouve dans quelques études animales encourageantes portant sur la rectocolite hémorragique, la maladie de Crohn et les maladies inflammatoires de l’intestin (réduction des lésions, moindres marqueurs inflammatoires). On attribue ces effets aux vertus antioxydantes du champignon et de ses polysaccharides, associé au fait qu’il agit un peu à la manière d’un prébiotique. En effet, de très nombreuses études rapportent des modifications du microbiote intestinal après la prise au long cours de la crinière de lion.
Lire aussi Ulcère, brûlures d'estomac, reflux : les remèdes simples et naturels
Effets secondaires, posologie et interactions pour la crinière de lion
La très grande majorité des études font état d’un usage sûr de la crinière de lion, ce qui n’est guère surprenant pour un champignon comestible et consommé de très longue date. Les études toxicologiques animales ne rapportent pas non plus de danger, jusqu’à des dosages très importants (jusqu’à 5g d’erinaceus enrichi en éracine par kilo de poids).
Les études sur l’humain emploient différentes posologies, par exemple 1,8 gramme pendant 28 jours (étude sur la cognition) ou 1 gramme quotidien pendant 49 semaines (étude sur patients Alzheimer), ou 2 grammes par jour pendant 4 semaines. Les effets indésirables rapportés sont minimes et rares, principalement de l’inconfort digestif. Un cas d’hypoménorrhée a toutefois été rapporté lors de cette dernière étude. Toute sensibilité spéciale aux champignons en général devrait porter à la prudence, de même évidemment que les allergies avérées.
La crinière de lion interagit-elle avec les médicaments ? Les bases de données disponibles ne permettent pas de faire des précautions d’emploi strictes et généralisables. Toutefois, du fait de ses propriétés immunostimulantes, la crinière de lion devrait être prise avec prudence et sous supervision médicale en cas de pathologies auto-immunes ou de traitement immunosuppresseur. Du fait de son potentiel hypoglycémiant, il faudra suivre attentivement ses paramètres glycémiques en cas de diabète ou de traitements antidiabétique. La crinière de lion pouvant ralentir la coagulation, la vigilance est également de mise en cas de maladie hématologique ou de prise d’anticoagulants. Pour cette même raison, on arrêtera la prise au moins deux semaines avant une intervention chirurgicale.
Lire aussi Les bêta-glucanes, l’arme secrète des champignons qui soignent
En aliment ou en complément alimentaire ?
Puisque la crinière de lion est un champignon consommé de date immémoriale, il est légitime de se demander comment le préparer et si ses vertus thérapeutiques sont les mêmes sous cette forme.
- Consommé entier (cru, cuit) ou déshydraté en poudre :
Le champignon frais peut être facilement consommé, mais il doit l’être rapidement après cueillette. On le trouve le plus souvent sur des troncs d’arbre morts ou en décomposition, mais aussi de plus en plus cultivé (il est possible d’en faire la culture soi-même), il se récolte typiquement après 6 à 8 semaines lorsqu’il est encore jeune. Il peut également parfois se trouver frais dans le commerce, bien qu’assez rarement en France.
Sa texture rappelle celle de la viande, tandis que son goût tend légèrement vers le poisson ou le crabe. S’il peut se consommer cru sans grand risque avéré, son goût peut s’avérer un peu amer ainsi. C’est pourquoi pour un meilleur goût et une meilleure texture il est typiquement cuit en tranche, saisi à la poêle à température moyenne ou haute quelques minutes par côté avec de l’huile d’olive ou du ghee (à la manière d’un steak).
Le champignon séché sous forme de poudre (déshydratée), quant à lui, peut être utilisé pour faire des « infusions » ou être intégré comme superaliment au quotidien (yaourt, smoothie, soupe…). Acheté sous cette forme, soyez très attentif à sa provenance et sa qualité, car sa popularité actuelle lui vaut parfois d’être très contrefait (exporté depuis la Chine, mélangé à d’autres choses, etc.) et de composition douteuse (métaux lourds, pesticides…).
Pour ce qui des bénéfices thérapeutiques de ces formes, notons que sans procédé d’extraction spécifique, c’est-à-dire sous forme brut ou simplement séchée, une certaine partie des principes actifs du champignon demeurent peu assimilables et disponibles pour l’organisme, notoirement ses polysaccharides.
La température de cuisson ou de séchage affecte également la teneur en certains principes actifs du champignon, comme les phénols et les terpènes. Il semble préférable de ne pas dépasser la température de 70 degrés afin de conserver le maximum de principes actifs. Sous forme de poudre, il est préférable qu’elle ait été micronisée (finement broyée) pour une meilleure assimilation des principes actifs, comme c’est le cas dans certains compléments alimentaires.
- Consommé sous forme d’extrait :
Là aussi, il faudra s’assurer que sa culture est biologique ou le produit exempt de pesticides et métaux lourds et être vigilant sur l’origine du champignon. Une étude étasunienne de 2017 publiée dans Nature met en évidence par exemple que seulement un quart des produits testés contiennent la quantité de Reïshi revendiquée par le marchand par exemple, et il y a fort à parier que la démonstration est équivalente sur tous les champignons ayant le vent en poupe. Le fait de consommer la crinière sous forme d’extrait standardisé (en gélule ou liquide) permet une meilleure concentration et la garantie d’une certaine teneur en principes actifs, qui devrait-être indiquée sur le produit. Les procédés d’extraction et solvants utilisés (eau, alcool, CO2, ultrasons…) varient selon les principes actifs qu’on souhaite mettre en avant et seront aussi déterminants dans la qualité du produit final.
Références bibliographiques
Références :
- Hericium erinaceus in Neurodegenerative Diseases: From Bench to Bedside and Beyond, How Far from the Shoreline?, J Fungi (Basel). 2023
- Effect of erinacine A-enriched Hericium erinaceus supplementation on cognition: A randomized, double-blind, placebo-controlled pilot study, Journal of Functional Foods,
- The Acute and Chronic Effects of Lion’s Mane Mushroom Supplementation on Cognitive Function, Stress and Mood in Young Adults: A Double-Blind, Parallel Groups, Pilot Study, Nutrients. 2023
- Bioactive substances in Hericium erinaceus and their biological properties: a review, Food Science and Human Wellness, 2024
- Effect of erinacine A-enriched Hericium erinaceus supplementation on cognition: A randomized, double-blind, placebo-controlled pilot study, Journal of Functional Foods,
Volume 115, 2024. - Hericium erinaceus mycelium-Derived Polysaccharide Alleviates Ulcerative Colitis and Modulates Gut Microbiota in Cynomolgus Monkeys, Mol Nutr Food Res, 2023
- Hericium erinaceus, in combination with natural flavonoid/alkaloid and B3/B8 vitamins, can improve inflammatory burden in Inflammatory bowel diseases tissue: an ex vivo study, Front. Immunol., 2023
- Extracts from Hericium erinaceus relieve inflammatory bowel disease by regulating immunity and gut microbiota. Oncotarget. 2017
- Lion's Mane Mushroom, overview, Drugs.com
- Evaluation on quality consistency of Ganoderma lucidum dietary supplements collected in the United States. Science Report, Nature, 2017
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Manger des champignons
pour prévenir les troubles cognitifs
Facteur de déclin cognitif ?
Bruno Donatini : dans les champignons médicinaux seul le mycélium a des vertus thérapeutiques
En prévention du déclin cognitif, adoptez le régime MIND
Hydne hérisson : un champignon médicinal pour les neurones
Lutte contre le cancer : les champignons se font une place