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Thérapies complémentaires invitées en oncologie
Parce que le cancer ne touche pas seulement un corps mais ébranle une vie dans toutes ses dimensions : intime, émotionnelle, familiale, sociale et professionnelle, reconstruire une existence bouleversée demande de la patience et une prise en charge globale. Les thérapies complémentaires ont toute leur place dans cette démarche.
Si la prise en charge médicale est une évidence dans le cancer, une médecine intégrative centrée sur l’individu et sur son projet de vie se développe et montre ses bienfaits au quotidien. Certains hôpitaux, cliniques privées et lieux spécialisés intègrent pleinement des techniques non médicamenteuses dans l’accompagnement des patients atteints de cancers afin d’améliorer leur qualité de vie. Méditation de pleine conscience, hypnose, sophrologie, yoga, qi gong, acupuncture, homéopathie, art-thérapie, balnéothérapie, oncosexologie, etc., rejoignent les classiques soins de support telles diététique, nutrition, psychologie et activités physiques adaptées.
La médecine intégrative, la médecine de demain ?
La médecine intégrative est l’association de la médecine conventionnelle et des thérapies complémentaires dans une approche scientifiquement validée. Centrée sur le patient, la vision pluridisciplinaire permet une prise en charge globale de celui-ci, prise en charge pour laquelle l’écoute, l’échange et l’alliance thérapeutique ont pour finalité une meilleure santé et qualité de vie. Le soulagement et le soutien du patient comptent tout autant que la guérison. Le patient devient acteur de sa santé en participant aux activités et en s’inscrivant dans une continuité thérapeutique globale. La singularité de chaque patient est prise en considération (centres d’intérêt, croyances, culture, stress, sommeil, modes de vie, envies, besoins, etc.) et le travail de collaboration, non seulement avec le patient mais aussi avec une équipe interdisciplinaire est fondamental. Corps et esprit sont intimement connectés, d’où la nécessité de prendre en compte la dimension psychologique de la maladie et, de ce fait, l’importance de méthodes ou thérapies telles que la relaxation, le yoga et la méditation. Les liens que nous entretenons avec notre environnement et la manière dont nous abordons notre vie au quotidien sont également déterminants pour la santé.
Précisions de la Ligue contre le Cancer
Mme Catherine Foulhy, coordinatrice du parcours de soins de la Ligue contre le cancer dans le Puy-de-Dôme, précise que « les soins de support nutrition, suivi psychologique, APA (activité physique adaptée) font partie du parcours de soins post-cancer pris en charge par une subvention ARS, auxquels s’ajoutent des propositions de prise en charge pendant le cancer propres à chaque comité départemental. Dans le Puy-de-Dôme, nous proposons actuellement sophrologie, art-thérapie, réflexologie plantaire, socioesthétique et socio- coiffure… offertes aux patients grâce aux dons récoltés ».
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Un développement international
Les professeurs américains Andrew Weil et David Eisenberg font partie des précurseurs de la médecine intégrative aux États-Unis dans les années 1990. Face au constat d’un mouvement médical non adapté aux évolutions des temps modernes et qui ne tient pas compte de l’évolution des modes de vie (alimentation, activité physique, gestion du stress, etc.), ils proposent une nouvelle approche médicale. Le Duke Integrative Medecine Center et les cliniques du stress du Pr Jon Kabat-Zinn (créateur du programme de " réduction de stress basé sur la pleine conscience ", MBSR) ont été les pionniers de cette approche. Il existerait une quarantaine d’instituts universitaires de médecine intégrative en Amérique du Nord, dont l’Harvard Medical School. Aux États-Unis, dans les années 2010, le gouvernement décide du remboursement de certains programmes de médecine intégrative par Medicare1, et plusieurs assurances privées en font autant. Ces décisions sont aussi inscrites dans l’un des volets de l’Obama Care. Et en 2014, la médecine intégrative est reconnue comme une spécialité par le conseil de l’ordre des médecins américains.
Qu’en est-il en Europe ?
Si ce modèle n’a pas connu la même expansion en Europe, le Centre Ressource d’Aix-en-Provence, le magazine Santé intégrative, les Drs David Servan-Schreiber et Thierry Janssen ainsi que le Bristol Health Cancer comptent parmi les précurseurs. En France, La Ligue contre le cancer et des centres tels que l’Institut Raphaël, le Centre Vitruve, la Maison RoseUp et l’Atelier Cognacq-Jay proposent des soins de support et/ou des thérapies complémentaires et autres ateliers et activités en accord avec leurs comités médicaux et scientifiques (voir adresses ci-dessous). En mars 2022, a été inauguré au CHU de Bordeaux l’Institut de médecine intégrative et complémentaire (Imic) qui est une unité du pôle de neurosciences. L’Afsos (Association francophone des soins oncologiques de support) est une société savante internationale qui œuvre depuis 2008 à proposer une information générale pour les soignants dans le domaine des thérapies complémentaires et à dépasser les a priori et les croyances. Elle promeut la connaissance et la mise en œuvre des soins oncologiques de support, c’est-à-dire " l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie conjointement aux traitements onco-hémato spécifiques, lorsqu’il y en a ", tels que définis dans la circulaire de 2005 relative à l’organisation des soins en cancérologie2. Des formations universitaires aux soins de support émergent aussi timidement3.
Si la recherche clinique ne s’est pas encore suffisamment penchée sur les bienfaits des thérapies complémentaires dans les soins de support, les progrès sont notables et les études se multiplient. Cet intérêt de plus en plus prégnant est en grande partie dû à la satisfaction et au mieux-être ressenti des patients qui font appel à ces thérapies.
La Maison RoseUp, vers une diversité de soins plus grande
Mme Aurélie Benoit-Grange, directrice de la Maison RoseUp à Paris, précisait lors de notre échange : « Il existe une Maison RoseUp à Bordeaux, une à Paris, et depuis juin 2022 en digital. Lorsqu’il est possible de digitaliser les activités en gardant la qualité, on le fait, sachant que les massages, par exemple, ne peuvent pas être mis en ligne. Le choix des activités se fait en fonction du référentiel de soins de support accepté par le comité scientifique composé d’oncologues mais aussi du retour des adhérentes. Les soins évoluent de manière qu’il y ait toujours une cohérence dans les parcours de soins. En 2022, par exemple, nous avons mis en place à Paris la sonothérapie, et en 2023 sera proposé en digital un atelier pour les aidants. Le Café sexo fonctionne encore mieux en digital car on ne voit pas les visages, et les personnes sont plus à l’aise pour faire part des problématiques sexuelles engendrées par les effets secondaires des traitements notamment. »
Quels bienfaits pour ces thérapies complémentaires ?
La popularité croissante des soins de support est le reflet d’une évolution des mentalités, qui replace l’humain au cœur de la médecine. Au-delà des preuves scientifiques recherchées, ces thérapies permettent toutes d’améliorer le moral, l’état émotionnel, le confort et la qualité de vie des patients. Les soins esthétiques qui ont pu un temps étonner par leur apparente futilité sont désormais considérés comme un élément incontournable du parcours de soins. Chute des cheveux, cicatrices… le cancer et ses traitements peuvent engendrer des modifications d’apparence et perturber l’image de soi. Grâce à ces soins, les malades s’accordent du répit, retrouvent leur estime de soi et renforcent leur combativité.
La méditation permet de diminuer significativement fatigue, anxiété, dépression et d’améliorer la qualité du sommeil. Qi gong, taï chi et yoga aident à une meilleure gestion des effets secondaires (physiques et émotionnels) des traitements, et à être à l’écoute de son corps. L’acupuncture donne de très bons résultats pour diminuer les douleurs et les nausées post-chimiothérapie. L’hypnose est souvent proposée pour la gestion de la douleur et de l’anxiété, et la sophrologie, grâce à ses techniques de respiration, de visualisations positives et de pleine conscience, favorise la lutte contre les angoisses, le stress et les effets secondaires du traitement. L’activité physique adaptée fait partie, avec le suivi psychologique et la nutrition, du socle des soins de support. Elle permet de réduire l’intensité des symptômes du cancer et aide les patients à garder leurs forces, à mieux supporter le traitement et donc à améliorer ses résultats. Elle contribue aussi à diminuer le risque de récidive et à allonger la survie, et à la baisse de la fatigue et du stress.
Le cancer et ses traitements peuvent induire modifications du poids, perte d’appétit, difficultés à s’alimenter et troubles digestifs. Le suivi diététique et nutritionnel est en ce sens une aide majeure pour conserver un bon état nutritionnel crucial pour bien lutter contre la maladie et optimiser l’efficacité des traitements.
Face à l’épreuve intime et au bouleversement de vie de l’annonce du cancer qui peut engendrer peurs, baisse d’estime de soi et désarroi, mais aussi favoriser des dépressions, le soutien psychologique est utile pour partager ses doutes et ses émotions, faire le point et se sentir mieux armé pour vivre la maladie. Le cancer et ses traitements pouvant induire des entraves physiques ou psychiques à la poursuite de l’activité sexuelle habituelle, une approche en oncosexologie est très intéressante car une vie intime et sexuelle satisfaisante participe à l’équilibre émotionnel et à la qualité de vie. Le panel de thérapies complémentaires s’étoffe peu à peu, nous ne les avons évidemment pas toutes citées ici.
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Quelques centres oncologiques de support
- La Maison RaisonUp - Tél. : 01 76 31 04 54, www.rose-up.fr
- Centre Vitruve - Tél. : 01 47 66 28 95, www.medecinevitruve.com
- Institut de médecine intégrativeet complémentaire - Tél. : 05 56 79 56 79, www.chu-bordeaux.fr
- Institut Rafaël - Tél. : 01 84 00 70 07, www.institut-rafael.fr
Références bibliographiques
1. Système d’assurance-santé gouvernemental étasunien établi notamment pour les personnes de plus de 65 ans.
3. Par exemple, le diplôme inter-universitaire (DIU) Soins de support en oncologie de l’université de Lyon.
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