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Opter pour une grossesse programmée, pas sans risques !

Article paru dans le journal nº 13

Alors que le premier bébé-éprouvette a 32 ans, plusieurs études récentes confirment les complications pouvant survenir pendant une grossesse médicalement assistée mais aussi affecter l’enfant lui-même, le rendant susceptible d’être victime de malformations, d’affections génétiques, voire d’autisme.

Actuellement, chaque année en France, les centres de procréation médicalement assistée (PMA) reçoivent la visite d’environ 30 000 couples.

Le taux moyen de réussite des différentes techniques proposées est de 20 %, mais comme il est possible de les répéter, le nombre de femmes menant une grossesse à terme grâce à elles est nettement supérieur. Ainsi, sur les 817 911 naissances enregistrées en France en 2007, 20 657 sont le fait de la PMA dont 11 000 pour la seule fécondation in vitro (FIV), soit 2,5 %.
Mais la PMA est-elle sans danger ? Pour les heureux couples qui parviennent ainsi à obtenir l’enfant tant désiré, la PMA est-elle toujours synonyme de bonheur sans nuage ? Ou bien la procréation médicalement assistée est-elle parfois entachée de complications chez la mère ou chez l’enfant ? Et si risque il y a, quelles en sont les causes, notamment celles qui sont étroitement liées à la technique de procréation utilisée ? Ces questions sont d’autant plus d’actualité que, depuis 1978, date du premier bébé-éprouvette, les possibilités de PMA se sont considérablement diversifiées afin de répondre au plus grand nombre de situations d’infertilité et de stérilité, et que l’on commence à disposer de suffisamment de recul.

Stimulation hormonale

Les aides à la procréation commencent en général avec la stimulation hormonale ovarienne (SHO). Elle est dite simple quand la femme désireuse de grossesse présente une ovulation ne se faisant pas correctement à chaque cycle, sinon une absence d’ovulation. Cette stimulation (il est alors nécessaire d’utiliser successivement plusieurs médicaments) précède également les techniques plus poussées :

  • l’insémination artificielle avec le sperme du conjoint (IAC) ;
  • l’insémination artificielle avec le sperme d’un donneur (IAD);
  • la fécondation in vitro et transfert d’embryon (FIV).
  • l’injection intra-cytoplasmique de spermatozoïde couplée à une FIV lorsque le sperme est trop pauvre en spermatozoïdes (IICS ou ICSI). C’est actuellement la technique de PMA la plus utilisée en France.

Mais on peut également faire appel au transfert d’embryon congelé (TEC), au don d’ovocytes qui est une FIV réalisée avec l’ovocyte d’une donneuse et le sperme du mari, au don d’embryon quand la femme et l’homme sont stériles mais l’utérus de la femme est fonctionnel. Les plus utilisées à ce jour sont la SHO, la FIV et la IICS.

Pendant la grossesse

Pour la mère, quelle que soit la technique, les risques de grossesse multiple et d’avortement spontané existent et sont plus élevés que lors de grossesses naturelles. Ceci induit donc des grossesses plus compliquées. Par ailleurs, il ne faut pas oublier les conséquences psychologiques, avec un possible sentiment de dévalorisation, de culpabilisation, voire de dépression, en cas d’échec.

Quant aux autres risques, ils varient considérablement d’une méthode à l’autre :

• Avec la SHO, c’est surtout l’hyperstimulation des ovaires responsable d’une augmentation douloureuse du volume de l’abdomen, de prise de poids et de fatigue. Plus rarement, peuvent survenir une grossesse extra-utérine et des réactions allergiques avec certains produits (Ménopur, Fostimon).

• Avec la FIV, ce sont essentiellement ceux de la cœlioscopie nécessaire pour prélever des ovules (hémorragie, infection, fistule, thrombose veineuse profonde, embolie), mais leur fréquence est heureusement faible (une complication sérieuse pour 500 opérations). Il est également possible que les risques d’hypertension pendant la grossesse et de prééclampsie (tableau précédent l’émergence de crises épileptiques n’apparaissant que chez la femme enceinte) soient également augmentés comme le fait supposer une étude faisant état de risques respectivement doublés et triplés.

Des enfants parfois fragilisés

Le plus souvent, la PMA expose à une augmentation du risque de naissance prématurée avec un poids moindre, voire insuffisant, d’où la nécessité de soins en service spécialisé. La plus grande fréquence de grossesses multiples n’en serait pas la seule cause. Il a été également constaté que les jumeaux nés suite à une PMA seraient plus fragiles au début de leur vie que ceux conçus normalement : notamment, ils seraient plus souvent hospitalisés en unités de soins intensifs néonataux.

Quand une femme désireuse de PMA (par FIV ou IICS) présente un surpoids (indice de masse corporelle égal ou supérieur à 25), elle s’expose à un risque de fausse couche deux fois plus élevé que si elle avait un poids normal. De plus, quand la grossesse se termine par une naissance normale, l’enfant est souvent de poids élevé et par là exposé à l’obésité à l’âge adulte, avec tous les risques que cela comporte (diabète, maladies cardiovasculaires précoces et sévères). Pour ces différentes raisons, le corps médical préconise un amaigrissement notable avant d’entreprendre toute PMA. Mais d’autres risques peuvent survenir :

Malformations et affections génétiques

La procréation médicalement assistée (FIV et IICS confondues) peut se traduire par un plus grand nombre de malformations congénitales et de maladies génétiques. Selon la toute dernière étude publiée concernant 15 162 enfants et s’étendant de leur naissance jusqu’à l’âge de 5 ans, ces problèmes concernent 4,24 % des grossesses contre 2 à 3 % des grossesses normales. Des conclusions suffisamment probantes pour que Géraldine Biot, une généticienne de la maternité Port-Royal, à l’origine de ce travail, estime que l’on devrait préparer les médecins à informer les parents sur ces risques.

Les malformations sévères les plus fréquemment observées affectent le cœur ou l’appareil urinaire, et plus les garçons que les filles. Pour ce qui est des affections génétiques, deux ont été retrouvées à une fréquence nettement plus élevée que dans la population générale : le syndrome de Beckwith-Wiedemann qui est une maladie polymorphe reconnaissable au gigantisme du nouveau-né, la hernie ombilicale et la langue hypertrophiée (soit près de six fois plus qu’une grossesse naturelle) et le rétinoblastome qui est une tumeur maligne de la rétine (cinq fois plus). Toutefois, si elle est diagnostiquée tôt, elle est guérissable dans 90 % des cas.

Troubles de la vue

Si les enfants nés par FIV ne présentent pas plus de malformations oculaires congénitales que les enfants procréés naturellement, ils semblent être exposés à un risque plus élevé de trouble sévère de la vue. La cause ne résiderait peut-être pas dans la FIV mais les caractéristiques de leurs mères.

Troubles cognitifs et intellectuels

Le risque d’autisme pourrait être significativement augmenté chez les enfants nés par FIV : 10,5 % contre 3,5 % chez les enfants procréés naturellement selon une étude israélienne, mais le nombre d’enfants (461) est insuffisant pour l’affirmer de façon certaine. Des facteurs non liés à la technique peuvent en être responsables comme l’âge de la mère au moment de la fécondation, la plus ou moins grande prématurité de l’enfant à la naissance ou son faible poids…

Des désordres psychologiques

Pour les enfants nés d’un don de sperme ou d’ovocytes ou encore portés par une femme autre que leur mère, se pose la question de la filiation. De qui sont-ils réellement les enfants ? Le fait que la loi interdise la possibilité de connaître le donneur aggrave le tourment de ces enfants en recherche de lien, de vérité à propos d’un de leurs géniteurs.

Et à long terme, plus de cancers ?

Enfin un aspect plus préoccupant a été mis récemment en évidence. Selon la première étude portant sur le lien éventuel entre FIV et cancer pour une population d’environ 27 000 enfants nés selon ce procédé, il apparaît que le risque de développer un cancer pendant l’enfance ou au début de l’âge adulte serait plus élevé de 40 % que dans la population générale.

La cause n’en serait peut-être pas le procédé de PMA en lui-même, mais le plus grand nombre de naissances prématurées et d’épisodes de souffrance néonatale par hypoxie (manque d’oxygène) qu’il génère comparativement à la fécondation naturelle.

De nombreuses inconnues

Les résultats de ces différentes études ne doivent pas masquer le fait que 95 % des enfants nés par PMA sont nés sans malformation ni maladie génétique et connaissent un développement normal jusqu’à l’âge adulte.

Mais il faut tout de même reconnaître que de nombreuses questions restent en suspens. Que ce soit à propos de la santé de la mère ou de ces enfants à des âges avancés. Par exemple, leur espérance de vie globale est-elle identique à celle de la population générale ? Seront-ils ou non plus exposés à certaines maladies de la maturité ? Subiront-ils ou non un vieillissement prématuré ?

Toutes ces questions demandent malheureusement encore quelques décennies avant de recevoir des réponses totalement fiables.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


Tags sur la même thématique grossesse grossesse programmée FIV TEC IAC IAD PMA

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