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La graisse corporelle mal aimée et pourtant...
L’excès de graisse est dangereux pour notre santé, elle est pourtant essentielle au fonctionnement de notre organisme. Dans leur récent ouvrage Le charme secret de notre graisse, Mariëtte Boon et Liesbeth van Rossum, deux médecins néerlandaises, font le point sur les bienfaits méconnus de cette composante de notre corps.
En cette période estivale, qui n’a pas songé à entamer un régime draconien pour venir à bout de ses bourrelets disgracieux ? Depuis de nombreuses années, notre graisse corporelle est considérée comme l’ennemi privé numéro 1. La société actuelle nous incite, en effet, à « éliminer » les graisses ; les publicités dans les magazines et à la télévision rabâchent l’efficacité de régimes ou de compléments alimentaires amincissants. Pourtant, notre graisse corporelle est en réalité un organe à part entière (l’un des plus grands), exerçant des fonctions indispensables.
À quoi ça sert ?
La graisse corporelle, aussi appelée tissu adipeux, est constituée de pas moins de cinquante milliards de cellules graisseuses, dites adipocytes. Les scientifiques pensaient tout d’abord que ces cellules graisseuses n’avaient d’autre but que de stocker la graisse, et ainsi de protéger nos organes en les enveloppant.
Dans les années 1990, des chercheurs ont démontré que ces cellules graisseuses pouvaient également communiquer à distance avec différents organes de notre corps, via l’action d’hormones, et ainsi influencer notre comportement alimentaire et même nos humeurs.
Le rôle premier des adipocytes est donc de stocker la graisse sous forme de triglycérides (formés de l’union d’un glycérol et de trois acides gras), afin de fournir de l’énergie à notre corps. Nous en avons notamment besoin lorsqu’on n’a pas mangé pendant plusieurs heures, ou lors d’un exercice physique. Le corps va ainsi libérer les acides gras dans le sang vers les organes en ayant besoin.
Le second rôle primordial de notre graisse corporelle est de sécréter des hormones. C’est en 1994 que des chercheurs américains firent la découverte de la leptine en comparant le sang d’une souris dite normale à une souris (très) obèse. Les scientifiques remarquèrent, en effet, que la graisse de la souris normale sécrétait cette hormone en grandes quantités, alors que la souris obèse en était totalement dépourvue (une mutation génétique empêche la graisse de ces souris obèses de sécréter de la leptine). De plus, une injection de cette hormone chez la souris obèse entraînait une diminution de sa consommation alimentaire et ainsi une perte de graisse corporelle. La leptine est de nos jours qualifiée d’hormone de la satiété. Cette découverte ouvrit la voie aux recherches sur les fonctions hormonales de notre graisse. En effet, ce n’est pas tout concernant la leptine. Il se trouve que cette hormone, en plus d’être un indicateur de notre graisse corporelle, et également reliée au centre cérébral impliqué dans la fertilité.
Chez les femmes ayant très peu de graisse corporelle, la leptine sera sécrétée en quantité faible et insuffisante, ce qui diminuera les chances d’une grossesse. La femme doit en effet disposer d’une quantité suffisante de masse graisseuse afin de répondre aux besoins du futur bébé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les femmes très minces ont bien souvent des règles irrégulières, voire complètement absentes. C’est donc en s’adressant au cerveau que la leptine tirera le signal d’alarme si la réserve en graisse corporelle est trop faible pour une éventuelle grossesse. Mais l’inverse est également vrai. Les femmes en surpoids sécrètent une trop grande quantité de leptine, perturbant également le fonctionnement du centre de fertilité du cerveau.
Une autre hormone sécrétée par les adipocytes et découverte peu de temps après la leptine est l’adiponectine. Cette hormone sécrétée en grandes quantités dans notre sang est cependant présente en faible quantité chez les personnes obèses par rapport aux personnes minces. Même si les chercheurs ne savent pas la raison de ces taux inférieurs, une chose est sûre, une augmentation d’adiponectine dans le sang est bénéfique. Des études chez les souris ont montré que l’adiponectine induisait une augmentation de la sensibilité à l’insuline, une diminution de la glycémie, ainsi qu’un faible risque de diabète et une diminution des maladies cardiovasculaires. Le taux d’adiponectine dans le sang étant inversement corrélé à la masse graisseuse, perdre du poids permet d’augmenter considérablement son taux.
De nombreuses autres hormones dites lipidiques ont également été découvertes, mais leurs fonctions exactes restent pour la plupart peu connues à l’heure actuelle. Certaines semblent être impliquées dans des réactions inflammatoires, alors que d’autres influenceraient la tension artérielle.
Mesurer sa graisse corporelle
L’indice de masse corporelle (le fameux IMC) est le plus souvent utilisé afin de déterminer si une personne est en surpoids (en faisant le rapport entre le poids et la taille). Cependant, celui-ci n’est pas toujours le plus adapté, notamment pour les personnes faisant de la musculation. En effet, les muscles pèsent plus lourd que la graisse. L’IMC apparaîtra ainsi plus élevé, alors que le taux de graisse sera normal. Par conséquent, mesurer son pourcentage de graisse est un indicateur plus fiable et précis (à l’aide de certaines balances, ou de scanners spéciaux). Pour indication, un pourcentage de graisse de plus 20 % chez les hommes et de plus de 30 % chez les femmes, est excessif.
La graisse dans tous ses états
On distingue deux types de graisse corporelle : l’essentielle et la non-essentielle. La graisse essentielle est celle qui aide notre organisme à fonctionner correctement en régulant notre température corporelle (par thermogénèse), en protégeant nos organes internes, en nous fournissant de l’énergie, et en sécrétant des hormones. La graisse corporelle non-essentielle (ou excédentaire) est, a contrario, non vitale à notre organisme. Ce taux de graisse non-essentielle sera notamment affecté par une alimentation non-équilibrée ou trop riche en calories, ainsi qu’un manque d’activité physique.
À noter qu’il y a également deux types de tissu adipeux : le blanc et le brun. Le tissu adipeux blanc constitue la principale réserve d’énergie de l’organisme, alors que le tissu adipeux brun est quant à lui impliqué dans la production de la chaleur à partir des lipides mis en réserve. La graisse brune est notamment présente en grande quantité chez les animaux hibernants. On a longtemps pensé que la graisse brune chez l’humain disparaissait après l’enfance. Mais c’est par une découverte fortuite que des chercheurs spécialisés en médecine nucléaire découvrirent la présence de graisse brune chez des personnes adultes. Après de plus amples études et l’utilisation d’un scanner adéquate (le PET-scan), il a été démontré que lorsque nous sommes exposés à des températures relativement basses (dès 15 ou 17 °C), des « bandes » de graisses brunes apparaissent le long de l’aorte et dans le cou.
La proportion de graisse brune dans le corps est bien plus faible que la quantité de graisse blanche (300 grammes contre des dizaines de kilos), mais elle n’en est pas moins intéressante. Des études scientifiques ont en effet montré qu’exposer des personnes au froid pendant seulement deux heures permettait d’activer sa graisse brune, et ainsi de brûler 200 kilocalories de plus par jour (soit 8 kilos de graisse blanche par an tout de même). Pour stimuler votre métabolisme par la graisse brune, rien de tel que de s’exposer au froid quelques heures par jour en baissant par exemple le chauffage dans votre maison, ou en se rinçant à l’eau froide à la fin de votre douche. Si vous pratiquez une activité physique, faites-la dehors, plutôt que dans un club de sport chauffé. De plus, des études ont montré que des composants de l’alimentation permettaient également d’activer sa graisse brune. Parmi eux on peut citer les capsaïcines (présents dans le piment), la catéchine (dans le thé vert), ainsi que la caféine.
Brûler ses graisses
Quoi que vous fassiez, votre corps est constamment en train de « brûler » les calories pour les transformer en énergie et chaleur. Il existe des façons simples pour stimuler la combustion des graisses, et cela sans pour autant être un sportif de haut niveau. Si vous travaillez assis, le simple fait de tripoter vos crayons et autres accessoires de bureau, ou d’agiter votre pied, annulera presque entièrement les effets négatifs d’une position assise prolongée. Contracter vos muscles plus souvent (les fessiers, par exemple) ou faire chaque jour au moins 10 000 pas vous aidera également à brûler quelques centaines de kilocalories de plus.
Plutôt pomme ou poire ?
En plus du type de graisse, sa localisation joue aussi un rôle important. Il existe deux endroits majeurs où la graisse peut s’accumuler. On distingue en effet la graisse dite abdominale (aussi appelée la graisse viscérale, elle est située au niveau du ventre, autour des organes), et la graisse sous-cutanée (située sous la peau). De plus et selon la localisation de la graisse, l’on parlera de silhouette en pomme lorsqu’elle est localisée majoritairement au niveau du ventre (plus spécifique des hommes), ou d’une silhouette en poire si elle est située au niveau des fesses, hanches et cuisses (s’applique principalement aux femmes).
D’après des études scientifiques, il semblerait que la graisse abdominale (silhouette en pomme) soit plus mauvaise pour la santé que la graisse sous-cutanée au niveau des hanches (silhouette en poire). Lorsque la graisse s’accumule au niveau du ventre, celle-ci va, en effet, se retrouver coincée entre les organes. Et quand le surplus en graisse devient trop important, notre corps va transporter cet excès de graisse non pas au niveau de la graisse sous-cutanée comme on pourrait le penser, mais au niveau des muscles et autres organes tels que le foie et le cœur, perturbant ainsi leurs fonctions. L’accumulation de graisse excédentaire au niveau des muscles et du foie sera, par exemple, étroitement liée à l’apparition d’un diabète de type 2.
Une accumulation de graisse, aussi bien abdominale que sous-cutanée, entraînera également une production accrue de cellules inflammatoires. En situation normale, ces cellules de l’inflammation sont essentielles afin d’éliminer les agents étrangers dans notre corps (virus et autres bactéries). Cependant, lorsque leur taux devient trop important dans notre graisse, ces cellules de l’inflammation vont sécréter de plus en plus de substances inflammatoires qui vont à terme se retrouver dans notre sang, ce qui aura des conséquences sur notre santé (résistance à l’insuline, maladies cardiovasculaires). La graisse abdominale produira toutefois plus de substances inflammatoires que la graisse sous-cutanée, une autre raison pour laquelle il vaut mieux avoir des hanches que du ventre.
Vous l’aurez donc maintenant compris, notre graisse corporelle est bien plus qu’une simple usine de stockage à graisse. Elle a en effet le pouvoir d’influencer presque tous les organes de notre corps grâce aux nombreuses hormones qu’elle sécrète. Il apparaît ainsi indispensable, vital même, d’avoir de la masse graisseuse pour veiller au bon fonctionnement de notre organisme, mais tout est une question d’équilibre. Lorsque l’on a trop de graisse excédentaire, cela aura de nombreux effets nuisibles sur la santé (comme l’apparition d’un diabète de type 2). Mais tout n’est pas une question d’excès, et un manque de graisse corporelle aura également de graves conséquences, notamment sur la fertilité.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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Les graisses ont pourtant un rôle fondamental
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