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Covid-19 : un déluge de plaintes

  • La justice doit jouer son rôle pour que ce puzzle infernal ne se reproduise plus.La justice doit jouer son rôle pour que ce puzzle infernal ne se reproduise plus.
Article paru dans le journal nº 80

La gestion hypocrite de la crise sanitaire a été un électrochoc. Mi-mai, la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres en exercice, a reçu 63 plaintes émanant pour la plupart de médecins. Explications.

Prévenir et soigner, ce n’est pas uniquement une question de sous. Cette responsabilité doit rester sacrée. Notre survie en dépend. Le gouvernement semble l’avoir oublié mais il va maintenant devoir en payer le prix.

Les plaintes qui seront instruites vont en décider. Principaux visés, Agnès Buzyn et Olivier Véran commencent à tousser, suivis par Édouard Philippe, Christophe Castaner, Nicole Belloubet, Muriel Pénicaud, Sibeth Ndiaye… Et quelques hauts fonctionnaires.

Les premiers plaignants sont les ­médecins qui, pendant des semaines, ont dû ­ausculter sans masque leurs patients qui leur toussaient au nez, et qui ne portaient pas de masque non plus. Grief aggravant, les ministres ont menti en chœur en répétant que porter un masque était inutile. Effrayant par ses conséquences prévisibles, ce ­mensonge masquait la faute de n’avoir pas renouvelé le stock national de masques. Le gouvernement a contribué ainsi à propager le virus. De fait, le stock est passé de 2,2 milliards de masques en 2009 à 100 millions fin 2019. Cette chute est due en partie à une note, datant du 16 mai 2013, préparée par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, un service du Premier ministre de l’époque, qui a transféré sa ­responsabilité sur les employeurs en les chargeant de prévoir des masques pour leurs salariés1. Résultat, en mars 2020, la plupart des employeurs n’avaient pas de protection pour leurs employés. Les caissières de supermarchés en ont offert l’illustration pendant des semaines. Des directeurs de magasin craignent d’être poursuivis.

Même la police…

Le virus a tué des policiers, mais le ministère de l’Intérieur n’a pas trouvé mieux que d’interdire aux agents le port du masque, en affirmant que la distanciation d’un mètre suffisait ! En avril, le syndicat de police Vigi a porté plainte pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ». La plainte vise édouard Philippe et Christophe Castaner, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, et des directeurs départementaux. Le syndicat majoritaire Unité SGP-Police-FO leur a emboîté le pas en déposant une plainte du même ordre.

L’absence d’intention ne disculpe pas

Le gouvernement actuel ne porte, certes, pas la responsabilité de la fonte du stock jusqu’en mars 2017, mais il porte celle d’avoir persisté dans cette voie pendant trois ans de pouvoir en ne le reconstituant pas. Les plaignants lui reprochent aussi d’avoir continué à réduire les moyens des hôpitaux publics et les personnels soignants. Ce qui a coûté de nombreuses vies, surtout parmi les seniors. Une forme d’euthanasie.

Si Emmanuel Macron est protégé par l’immunité présidentielle, les ministres peuvent, en revanche, passer devant la Cour de justice de la République, composée de parlementaires pour l’essentiel. Sa ­mansuétude est connue, mais elle peut ­révéler des pratiques immorales… Quant aux élus et aux hauts fonctionnaires, ils relèvent de la justice pénale ordinaire. Elle pourrait lever bien des lièvres et d’autres décisions funestes.

Il est sain que la justice soit saisie. Elle dispose de vrais moyens d’enquête pour ­circonscrire les fautes, y compris celles qui sont non intentionnelles. Rappelons que l’absence d’intention, même démontrée, ne suffit pas à disculper d’un crime ou d’un délit, surtout quand les conséquences pèsent lourd. Ainsi, évoquer la dérive d’une gestion comptable pour justifier la mise en danger de toute une population, telle la destruction des masques, n’est pas une excuse qui se plaidera facilement. Pilier de notre démocratie, la justice doit jouer son rôle pour que ce puzzle infernal ne se reproduise plus. Par ailleurs, une commission d’enquête parlementaire pourrait ouvrir le bal et faire tomber quelques masques.

 

1. Marianne, 16 avril 2020.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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