Accueil Traitements À quoi sert le sélénium ? Propriétés, apports, risques…
À quoi sert le sélénium ? Propriétés, apports, risques…
Découvert au XIXe siècle par un chimiste suédois, le sélénium est un oligoélément dit « essentiel ». S’il est essentiel, c’est tout d’abord parce qu’il entre dans la composition de protéines importantes pour l’organisme : les sélénoprotéines qui sont impliquées dans la lutte contre les radicaux libres, mais aussi dans le métabolisme des hormones thyroïdiennes (iodothyronine désionidase). Quelles sont les propriétés, sources et apports conseillés du sélénium ?
Sélénium vs stress oxydatif
Le sélénium est principalement connu pour composer certaines sélénoprotéines qui entrent notamment dans la lutte de l’organisme contre le stress oxydatif : le glutathion peroxydase et la thiorédoxine réductase. Le glutathion peroxydase est une enzyme antioxydante très puissante, synthétisée par l’organisme à partir de micronutriments (sélénium, zinc, vitamines B). Cette enzyme participe activement, de concert avec la vitamine E, à la protection des membranes cellulaires.
En effet, le glutathion est le pilier du système antioxydant de la mitochondrie. S’il fait défaut, la mitochondrie puis la cellule entière sont submergées par les radicaux libres. La thiorédoxine réductase, également composée de sélénium, permet quant à elle la régénération des systèmes de défense cellulaires contre le stress oxydatif. Ainsi, en nous protégeant de l’oxydation, ces deux sélénoprotéines combattent le vieillissement prématuré des cellules qui entraîne certaines pathologies telles que le cancer, des maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, mais aussi le vieillissement général.
Sélénium : un élixir de jeunesse
En plus d’entrer dans la composition des plus importants antioxydants de notre corps, une étude datant de 2020 publiée dans Clinical Nutrition met en relation la longueur des télomères et l’apport alimentaire en sélénium. Les télomères correspondent aux extrémités des brins de notre ADN. Leur longueur, selon plusieurs études, est un marqueur fiable de vieillissement, mais aussi associé à l’apparition de diverses maladies chroniques. Plus ils sont courts, plus l’âge et les risques de développer certaines pathologies sont avancés. Ainsi, selon les résultats de l’étude de 2020 menée sur 3 194 adultes américains âgés de plus de 45 ans, les personnes ayant un apport alimentaire quotidien en sélénium supérieur aux autres participants avaient des télomères plus longs (0,42 % plus longs pour 20 μg d’apport supplémentaire en moyenne), un phénomène concernant spécifiquement les femmes non obèses.
Conséquences des carences en sélénium
Les apports journaliers de référence en sélénium doivent être compris entre 50 et 80 microgrammes selon le poids et le sexe. Cependant, les apports de sélénium par l’alimentation sont de moins en moins suffisants, créant dans la population générale un risque de carence. Or, les risques de cette insuffisance ont récemment été mis en lumière par le Covid-19. En effet, parmi les différentes pistes d’explication biochimiques des manifestations graves et des décès chez les patients atteints, une carence majeure en glutathion apparaît tout à fait probable. Or, la production endogène de glutathion nécessite du sélénium. En outre, des carences en sélénium induisent également une baisse de l’immunité. En effet, le sélénium est un immunostimulant. Il influence notamment le fonctionnement des composants du système immunitaire (lymphocytes, cytokines, etc.) en augmentant leur production.
Enfin, les dysfonctionnements ou pathologies associés à la thyroïde sont souvent en corrélation avec une carence en sélénium. Des études épidémiologiques ont ainsi établi un lien entre un risque accru de thyroïdite auto-immune (maladie de Graves-Basedow et thyroïdite d’Hashimoto) et un faible taux de sélénium. En ce sens, les carences les plus avancées se manifestent alors sous forme de fatigue, d’humeur dépressive, de susceptibilité accrue aux infections et de problèmes thyroïdiens. De plus, plusieurs études mettent en évidence une corrélation entre carences en sélénium et d’autres pathologies comme certains cancers, des maladies cardiovasculaires et des problèmes articulaires (arthrose et arthrite). De plus amples recherches sont tout de même à mener pour confirmer les liens éventuels ainsi que l’intérêt, ou non, d’une supplémentation pour ces pathologies.
Moins de sélénium dans les sols
Pour pallier ces effets délétères, des recherches sont actuellement menées sur la supplémentation comme stratégie thérapeutique ainsi que sur des moyens plus efficaces de détecter ces carences souvent subcliniques. Cependant, certains profils sont plus à risque :
- les personnes souffrant de maladies intestinales graves comme la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse ;
- les personnes sous alimentation parentérale ;
- les personnes dont les principaux aliments proviennent de régions aux sols sont pauvres en sélénium.
En effet, en mettant à part la supplémentation, les apports en sélénium dont a besoin notre organisme passent naturellement par l’alimentation. La chaîne alimentaire commence ainsi par les plantes qui absorbent ce minéral contenu dans le sol, continue avec les animaux qui consomment ces végétaux et se termine avec l’humain qui se nourrit des deux.
Cependant, le sélénium n’est évidemment pas réparti de manière égale sous la surface du globe. Par exemple, les sols volcaniques sont riches en fer et en aluminium, des minéraux qui réduisent la captation du sélénium par les plantes. À l’inverse, les sols argileux, eux, sont très riches en sélénium. De plus, selon une étude collaborative entre des chercheurs suisses, allemands, et anglais, les précipitations et l’indice de sécheresse semblent avoir un fort impact sur la concentration des sols en sélénium.
Avec le changement climatique, les chercheurs ont voulu formuler une projection sur les pertes des sols terrestres en sélénium à l’horizon 2080-2099. Sur 58 % des zones analysées, la perte en sélénium est de 8,4 % en moyenne, tandis que les pertes prévues pour les terres cultivées étaient encore plus élevées : 66 % d’entre elles devraient perdre 8,7 % de sélénium. Cette différence s’explique par l’agriculture intensive et la monoculture qui entraînent inévitablement l’appauvrissement des sols et, finalement, celui de notre alimentation.
Du sélénium oui, mais pas n’importe comment
L’apport en sélénium par l’alimentation est recommandé, parmi les aliments les plus riches en sélénium on retrouve :
- la noix du Brésil (une noix couvre en théorie les besoins journaliers en sélénium) ;
- les fruits de mer et les poissons (le thon en boîte), cependant il faut faire attention aux métaux lourds ;
- les céréales (privilégier les pâtes et le pain complets) ;
- les viandes de manière générale, mais plus particulièrement les abats et les œufs.
S’il est parfois nécessaire de se supplémenter, et s’il semble qu’on sera amené à le faire de plus en plus à l’avenir du fait de l’appauvrissement des sols, quelques précautions s’imposent. En effet, un surdosage de sélénium peut entraîner une intoxication nommée « sélénose ». Ainsi, lorsqu’on dépasse la dose quotidienne de 1 000 µg en moyenne, les ongles deviennent friables et présentent des stries horizontales, les cheveux sont cassants, l’haleine devient aigre, tandis que la fatigue prend le dessus. Il est donc, en général, déconseillé de dépasser les 300 à 400 µg par jour des recommandations européennes. Pour référence, un complément alimentaire classique contiendra autour de 100 μg.
De plus, en cas de supplémentation avec des compléments associant sélénium et vitamine E, les hommes devraient faire preuve de prudence ou se faire accompagner. En effet, une vaste étude, appelée SELECT, dont le but était d’évaluer les effets de compléments alimentaires contenant les deux micronutriments, a dû être interrompue par les scientifiques. Ils ont réalisé que les hommes recevant la vitamine E et le sélénium couraient un risque plus élevé de développer un cancer de la prostate (risque augmenté de 17 %).
D’autre part, pour une bonne supplémentation, la L-sélénométhionine produite à partir d’une levure vivante en présence de sélénium est une forme hautement assimilable par l’organisme, car c’est du sélénium organique sous sa forme la mieux métabolisée par l’organisme. En ce sens, certains médicaments, comme l’aspirine, les antibiotiques et les antiacides, réduisent la biodisponibilité des nutriments ou en précipitent l’élimination (effet diurétique), notamment le sélénium.
Références :
· « Selenium, antioxidants, cardiovascular disease, and all-cause mortality: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials », The American Journal of Clinical Nutrition, 2020. https://doi.org/10.1093/ajcn/nqaa245 .
· « Does dietary intake of selenium protect against cancer? A systematic review and meta-analysis of population-based prospective studies », Critical Reviews in Food Science and Nutrition, 2018. https://doi.org/10.1080/10408398.2018.1548427 .
· « Association of dietary selenium intake with telomere length in middle-aged and older adults, Clinical Nutrition, 2020. https://doi.org/10.1016/j.clnu.2020.01.014 .
· « Selenium and selenoproteins: it’s role in regulation of inflammation », Inflammopharmacology, 2020. https://doi.org/10.1007/s10787-020-00690-x .
· « The role of selenium metabolism and selenoproteins in cartilage homeostasis and arthropathies », Experimental & Molecular Medicine, 2020. https://doi.org/10.1038/s12276-020-0408-y .
· EU Register of nutrition and health claims made on foods, consulté le 15 novembre 2021. https://ec.europa.eu/food/safety/labelling_nutrition/claims/register/public/?event=register.home .
· « Selenium deficiency risk predicted to increase under future climate change », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), 2017. https://doi.org/10.1073/pnas.1611576114 .
· « Sur la piste du sélénium », Horizons, 2017. https://www.revue-horizons.ch/2017/04/03/sur-la-piste-du-selenium/ .
· « Baseline Selenium Status and Effects of Selenium and Vitamin E Supplementation on Prostate Cancer Risk », Journal of the National Cancer Institute (JNCI), 2014. https://doi.org/10.1093/jnci/djt456 .
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