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Défaire les blocages avec les points trigger

  • Des situations locales d’hypertension musculaire se créent sous l’influence de facteurs divers.Des situations locales d’hypertension musculaire se créent sous l’influence de facteurs divers.
Article paru dans le journal nº 97

Vous êtes confronté(e) à une douleur récurrente d’ordre musculaire, neuropathique ou articulaire ? L’origine se trouve peut-être dans des microcontractures au sein d’un faisceau de fibres musculaires. Celles-ci pourrait être relâchées par une stimulation de ces points durs décelables à la palpation et nommés « trigger points » ou « points gâchettes » en français.

Un concept qui fait encore débat

C’est au Dr Janet Travell (1901-1997) que l’on doit la désignation des « points trigger myofasciaux ». Rhumatologue personnelle du président américain John F. Kennedy, elle publie en 1983 avec le Dr David Simons (1922-2010) l’ouvrage de référence Myofascial Pain and Dysfunction qui amènera des milliers de physiothérapeutes, masseurs, kinésithérapeutes, médecins, chiropraticiens et ostéopathes à utiliser ce concept dans leur palette de traitements.

De nombreux professionnels et chercheurs sont pourtant encore sceptiques vis-à-vis des trigger points, dont l’existence et la définition restent d’ailleurs à établir rigoureusement. D’autres, sur la base de leur expérience pratique, sont persuadés de leur efficacité, notamment dans le traitement des fibromyalgies – qui reste pour beaucoup à ce jour une énigme médicale.

Certains travaux de recherche1 réfutent leur existence, tandis que l’une2 ou l’autre des études laissent la porte ouverte, mais sans fournir pour l’heure de preuve mesurable ou incontestable – un peu comme avec les points d’acupuncture. C’est que l’étiologie et la pathophysiologie des troubles et des blessures relatifs aux muscles et aux fascias (comme la fibromyalgie) sont encore parcellaires, notamment à cause de l’intrication complexe entre des déterminismes très divers.

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Contractures : petites (et grandes) conséquences

Des muscles sont mis en action dans le moindre de nos gestes, conscients ou inconscients. Ils nous permettent tous nos mouvements, depuis le plus imperceptible jusqu’au plus ample ou puissant. Normalement, un muscle est capable de se contracter lorsqu’il est sollicité, et de se relâcher quand il ne l’est plus.

Mais des situations locales d’hypertension musculaire se créent sous l’influence de facteurs divers d’un individu à l’autre :

  • manque de récupération pendant le sommeil ;
  • accumulation de toxines ;
  • tension nerveuse ;
  • gestes répétitifs ;
  • efforts exagérés ;
  • sédentarité, postures qui s’éternisent ;
  • traumatisme ou dégénérescence (arthrose, hernie…), etc.

Ces zones contracturées ou anormalement dures d’un muscle, aussi appelées « myogéloses », peuvent générer des douleurs irradiantes qui évoluent quelques fois en douleurs chroniques comme des lombalgies. De même, le manque d’exercice et l’affaiblissement musculaire peuvent, notamment avec l’âge, créer des compensations sur des groupes musculaires précis (par exemple au niveau de l’appareil locomoteur) qui sont susceptibles de développer ensuite des contractures.

La douleur résultant d’un trigger point n’est pas forcément ressentie à l’endroit où se trouve ce dernier, elle peut même être localisée loin de ce point. Mais le plus souvent, quand le praticien appuie au bon endroit, il provoque l’irradiation de la douleur habituellement ressentie par la personne.

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Naissance d’un trigger point

Nous aurions tous des trigger points, car nous sommes tous sujets à des positions assises longues, à des gestes répétitifs usants, à des postures inadaptées, à un manque d’exercice, à des blessures, à du surpoids, etc. Ainsi une contraction excessive, en intensité ou en durée, empêcherait-elle le muscle de se relâcher, soit par une surconcentration de neurotransmetteurs, soit parce que le système nerveux végétatif provoque une activité anormale.

Cette tension entrave l’irrigation sanguine et l’oxygénation des fibres musculaires, favorisant l’accumulation de toxines et la stimulation des nocicepteurs (récepteurs sensoriels de la douleur). À partir de là, le point trigger irradie une douleur qui peut diffuser jusqu’à l’extrémité d’un membre. La position assise prolongée, par exemple, engendre couramment des douleurs irradiantes au niveau des muscles moyens fessiers, susceptibles de s’étendre le long de la jambe, dont les trigger points se trouveraient en haut de la hanche.

Traiter un trigger point

Sans traitement manuel du trigger point, celui-ci ne régresserait pas ; au contraire, il pourrait même en engendrer de nouveaux. La prise de médicament, par exemple d’antidouleur ou de myorelaxant, ne corrige pas non plus l’état du point de contracture. La meilleure méthode consisterait en un massage adéquat des tissus. Mais encore faut-il savoir où appliquer les fortes pressions nécessaires pour « dissoudre » le trigger point.

Idéalement, il faudrait s’adresser à un praticien spécialiste, généralement un ostéopathe, car il n’est pas aisé de trouver soi-même ses « points gâchettes », et même seulement d’y accéder (notamment dans le dos). Le praticien aura plus de facilité à détecter ces points et à les mettre en relation avec telle douleur signalée par son patient. Il appliquera alors des pressions assez fortes sur le « nœud », en continu pendant 30 à 60 secondes, à plusieurs reprises, jusqu’à ce que le point commence à réagir.

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Souffrir, puis aller bien mieux

La thérapie par les trigger points cherche à normaliser les microcontractures détectées par le rétablissement de la vascularisation au sein du point dur, l’étirement du muscle dans lequel il est localisé et le relâchement des fascias environnants.

Les pressions, qui doivent quelques fois être très fortes pour atteindre les points de déclenchement situés profondément, peuvent faire très mal sur le moment. Certains praticiens utilisent avantageusement, à la place des pressions, des aiguilles très fines (par exemple des aiguilles de mésothérapie) qui provoquent un relâchement réflexe de la zone contracturée.

Quelle que soit la méthode, dans les heures ou les jours qui suivent, lorsque le corps (ou la zone du corps) retrouve de la mobilité et de la souplesse en même temps que la douleur s’estompe, on se rend vite compte de l’intérêt d’avoir enduré quelques minutes de douleur chez son thérapeute.

 

 

Sources :

  1. « A critical evaluation of the trigger point phenomenon », Rheumatology, mars 2015.
  2. « Myofascial Trigger Points Then and Now: A Historical and Scientific Perspective », PM&R: the Journal of Injury, Function, and Rehabilitation, juillet 2015.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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