Accueil Polémiques Du droit à la mélancolie dans un monde de performance
Du droit à la mélancolie dans un monde de performance
Ah, comme le temps s’en va d’un pas précipité ! Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été, ont à peine eu le temps de voir les feuilles vertes. Le temps de l’été, qui nous semble si court, le temps de l’été qui s’enfuit comme un ami qui part, creuse le sillon d’une mélancolie si bien saisie par Victor Hugo, dans son poème L’aube est moins claire.
Ce jour qui se recroqueville comme la feuille de papier sous la flamme d’une bougie participe d’un certain spleen dont la racine provient du mot grec splên ; il vient directement de l’anglais, spleen, qui veut dire rate. Dans la théorie des humeurs, elle déverserait de la bile noire. Est-ce elle qui expliquerait cette mélancolie sans fondement, cet état de latence dans le présent, de différé en plein direct, et qui revêt à travers l’Europe des formes singulières, désignées par des termes échappant aux traductions, donc libres et jamais assujetties. Cette mélancolie est partagée de l’extrême occcident du continent par les Portugais et leur saudade, jusqu’au khandra russe, en passant par le spleen des Romantiques, ou le dor de la Roumanie – dont on oublie souvent que la langue est l’une des plus plus latines d’Europe et dont l’étymologie est dolor pour « douleur ».
Que partagent saudade, dor, spleen, khandra (et nous n’évoquons pas ici le Sehnsucht allemand ou le clivota slovaque) ? La fertilité offerte par ces moments où l’âme et ses vagues s’adressent au réel. De la saudade découle le fado si bien chanté par Amália Rodrigues ou même la musique morna du Cap-Vert immortalisée par Césaria Evora. Le spleen, laissé libre de faire, a conduit Baudelaire à écrire les Fleurs du mal, le dor est à la source des doina, poèmes du folklore roumain et qui, en les dévoilant, apaisent ceux qui souffrent des vicissitudes de la vie. Ces mélancolies spécifiques, véritables patrimoines culturels, sont des égrégores où se mêlent joie et tristesse, espoir et abattement, bonheur hors du monde comme l’écrivait le poète Luís de Camões, réunissant femmes et hommes d’un même pays, et l’humanité entière autour de sentiments ambivalents.
Cette richesse et cette fertilité nourries par la mélancolie, ce lien fort partagé et toujours renouvelé ne pouvaient convenir aux normes d’un monde comme le nôtre, de performance, individualisant pour mieux isoler l’individu. La mélancolie est donc devenue la matrice de l’individu faible, sans caractère, inadapté. Vous l’avez compris, je ne partage pas ce point de vue et le combats. Si le mois de septembre peut être associé à la mélancolie, je me réjouis de savoir qu’il est aussi le mois où les marchés financiers battent le plus de l’aile. Ceci explique cela ?
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
Mémoire, état émotionnel, que manger pour les optimiser ?
L’hygiène émotionnelle et la quête du sens
Surmonter sa mélancolie
Sucre et humeur, une mauvaise association