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Demain, c’est aujourd’hui

Article paru dans le journal nº 35

Quand j’étais jeune, dans les années 1980, j’entendais encore les cris opposant le prolétariat à la bourgeoisie. Ils étaient si puissants que j’étais convaincu qu’il s’agissait de voix portées en temps réel par des hommes engagés dans la lutte des classes.

L’histoire a dévoilé qu’il ne s’agissait que des échos de combats d’arrière-garde, de témoignages – si ce n’est de testaments – d’un autre temps, un peu comme les hologrammes dans « L’invention de Morel » de Bioy Casares. Car la crise économique sifflait la fin de la récré et portait une lumière crue sur la nudité de nos tensions sociales. L’Internationale n’avait plus que la carrure d’un département, et ces luttes intestines avaient la désuétude des freins à tambour à l’ère de l’ABS. La mondialisation était en marche, et l’ultralibéralisme colonisait notre tissu social.

Plus de trente ans plus tard, les Etats-Unis asservissent les pays originels de leur population première, réunis en un bloc plus ou moins unis, en leur imposant un peu plus leur modèle économique. Sous couvert d’ouvrir les marchés en un libre-échange contractualisé sous l’acronyme Tafta (traité de libre-échange transatlantique), de réunir les forces d’États autour de valeurs communes contre l’impérialisme chinois (bien sûr), ce sont les derniers maillons résistant à l’ultralibéralisme que les tenants du Tafta tentent de briser.

Certes, ouvrir les marchés publics américains permettrait au Vieux Continent de l’investir… Promesses de contrats juteux… sauf qu’en ayant dû, dans une autre vie, prendre des TER pour aller travailler, j’ai pu constater que Bombardier, marque canadienne, avait renouvelé une partie de nos rames. J’ai du mal à croire qu’Alsthom pourrait concurrencer cette marque de transport outre-Atlantique. Quant à Airbus, depuis le temps qu’elle se tire la bourre avec Boeing, comment croire que ce traité pourrait lui permettre de s’installer aux States ? Mais en attendant de lever ces incertitudes, Tafta permettra aux multinationales d’attaquer des États par un mécanisme (ISDS, mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États) chargé d’arbitrer les conflits entre une entreprise et un État, au prétexte que par la législation de ce dernier, l’entrave causerait tort à ladite entreprise.

Selon le schéma envisagé, trois juges « indépendants » – souvent membres de cabinets anglo-saxons, siégeant dans les locaux de la banque mondiale de Washington – auraient la charge de statuer sur les différends. Ce ISDS signe la fin de la souveraineté nationale. Les exemples sont pléthores, notamment par rapport aux normes agroalimentaires, aux OGM, aux pesticides… Et en ce qui concerne la santé ? La dérégulation des services aboutit à ce que notre rédaction soit invitée à une table ronde à l’université Paris-Dauphine sur le thème : ubérisation de la santé, du e-santé au big data (lire page 18)… Service comme un autre, la santé a été vendue aux labos, elle le sera demain à Google qui vendra les données de chaque individu aux plus offrants… Les complémentaires santé, par exemple. Je ne sais pas si c’était mieux avant. Mais je ne sais pas si mes aînés s’inquiétaient autant de l’avenir.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé