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Saisonnalité des épidémies : qu’en sera-t-il du Covid-19 ?

  • Rien n'autorise à penser que le Covid-19 se résorbe avec les beaux jours.Rien n'autorise à penser que le Covid-19 se résorbe avec les beaux jours.
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Les maladies infectieuses suivent souvent une certaine saisonnalité. D’aucuns espéraient donc que le retour du printemps signerait un recul, voire une extinction « naturelle » du coronavirus, comme pour la grippe. Mais rien n’autorise à penser, à ce jour, que ce virus inédit se résorbe avec l’arrivée des beaux jours.

Article mis à jour le 21/04/2020

Même pour des maladies saisonnières bien connues, les scientifiques disposent de peu d’éléments de compréhension pour expliquer le cycle d’apparition, de propagation puis d’extinction des virus. C’est un aspect de ces maladies qui est assez peu étudié ; tout juste théorise-t-on sur l’interrelation entre le pathogène, l’environnement et les comportements humains.

Pour la grippe par exemple, on suppose que des facteurs comme l’humidité, la température, la proximité des personnes, leur vulnérabilité immunologique, favorisent l’épidémie hivernale.

Mieux connaître les paramètres qui, à un moment donné de l’année, favorisent l’installation puis la résorption d’une épidémie, permettrait d’anticiper pour mettre en œuvre les réponses adéquates à l’épidémie annoncée. S’il y a bien quelque chose que l’actuelle pandémie de Covid-19 révèle, c’est justement cette impérieuse nécessité de prévoir.

L’hygrométrie, clé de l’épidémie de grippe ?

Dans l’hémisphère Nord, la grippe est typiquement une épidémie d’hiver. Jeffrey Shaman, un spécialiste des questions de santé en lien avec l’environnement et le climat, à la Columbia University, et Marc Lipsitch, épidémiologiste à Harvard, constataient en 2010 que la chute de l’humidité absolue (quantité d’eau dans un mètre cube d’air) expliquait mieux le démarrage de l’épidémie de grippe en Amérique continentale que l’humidité relative (pourcentage de saturation de l’air en humidité) ou la température.

Or, c’est en hiver que l’humidité absolue chute vers ses plus bas, l’air froid retenant moins de vapeur d’eau. Sans avoir encore totalement élucidé le mécanisme, Shaman suspecte que ce changement atmosphérique affecte la viabilité de la membrane virale via certains paramètres comme la pression osmotique, le taux d’évaporation ou le pH, et précipite ainsi sa fin.

Une lecture transposable au SRAS-CoV-2 ?

Deux chercheurs du Massachussetts Institute of Technology ont analysé dans différentes régions du globe touchées par le Covid-19, les conditions météorologiques qui pourraient impacter l’épidémie. Ils ont constaté que 83 % des tests et 90 % des cas confirmés sont localisés dans des pays non-tropicaux, essentiellement dans l’hémisphère Nord, au sein d’une fourchette de températures de 3 à 17 °C, et une humidité absolue de 3 à 9 g/m3 (leurs données s’arrêtent à la mi-Mars).

Cependant, ils remarquent que les exemples de territoires soumis à des conditions climatiques tropicales (donc avec beaucoup d’humidité dans l’air et de chaleur) au sein desquels le virus s’est également propagé, ne manquent pas ; Singapour, certaines régions de Chine, le Brésil ou l’Afrique. À cette différence près que le nombre de morts et le nombre de cas confirmés sont considérablement plus faibles. Alors, confirmation d’une incidence moindre grâce au climat ou simple chronologie décalée de l’épidémie ? Au Brésil par exemple, si les cas restent comparativement limités aujourd'hui, les autorités de santé prédisent un pic épidémique en mai-juin.

Si on peut objecter que l’analyse est éventuellement faussée par le peu de tests réalisés dans une partie des pays « du Sud », un certain nombre d’entre eux comme l’Australie, le Qatar, Singapour, ou encore Bahreïn en ont mené de grandes quantités. Il en ressort que pour l’instant, par rapport au nombre d’habitants, le nombre de cas confirmés et le nombre de décès sont plus faibles dans ces pays qu’en Europe et aux États-Unis.

Le rayonnement UV, la variable manquante ?

 

L’effet négatif du rayonnement ultraviolet naturel sur la plupart des virus est connu. Des générateurs à UV-C sont d’ailleurs utilisés pour la désinfection dans différents domaines, comme l’assainissement de l’eau ou la stérilisation des chambres d’hôpital. Dans la nature, les UV-C sont certes filtrés pas la couche d’ozone et n’atteignent donc théoriquement pas la surface de la Terre, mais les UV A et B, bien que moins nocifs, n’en ont pas moins un effet.

 

Pour le Dr Joseph Fair, virologiste et épidémiologiste ayant notamment combattu l’épidémie d’Ebola au Congo (RDC), c’est moins la chaleur que la durée et la quantité d’ensoleillement dans la journée qui peuvent inactiver le virus via le bombardement ultraviolet. S’il n’existe pas de consensus clair sur les contributions exactes entre chaleur, humidité et rayonnement UV, John Nicholls, professeur de pathologie clinique à l’Université de Hong Kong, adhère néanmoins à l’idée que le temps chaud devrait ralentir la propagation du virus.

La gestion de crise plus importante que la météo ?

Cela posé, il faut relativiser le rôle éventuellement déterminant du climat au regard des temps de réaction et des politiques adoptées dans chaque pays, qui présentent une grande hétérogénéité. Résultat : rien que sur le continent européen, l’Allemagne compte à ce jour près de cinq fois moins de décès que le « trio infernal » formé par la France, l’Espagne et l’Italie, alors qu’elle dénombre considérablement plus d’habitants et de cas confirmés…

C’est probablement aussi cette différence de gestion (semi-confinement et testage) qui explique que les pays nordiques, où l’hypothèse reposant sur le rôle du climat jouerait plutôt en faveur de la propagation, maîtrisent assez bien l’épidémie. Mais il convient néanmoins de remarquer que l’hiver a été exceptionnellement doux sur la péninsule scandinave, avec pour conséquence une hygrométrie inhabituellement élevée ‒ influence océanique ‒ dès les premiers cas de Covid-19. Particularité qui a peut-être naturellement aidé à contenir l’épidémie.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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