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Cancer de l’estomac : la faute à helicobacter et... aux IPP !

  • L'ulcère de l'estomac et l'acidité sont souvent associés à Helicobacter pyloriL'ulcère de l'estomac et l'acidité sont souvent associés à Helicobacter pylori
Article paru dans le journal nº 51

La prise d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) augmenterait le risque de survenue du cancer de l’estomac, en particulier chez les personnes infectées par Helicobacter pylori, d’après une récente étude. C'est pourtant un traitement de référence dans l'accompagnement des ulcères de l'estomac et la prévention des cancers gastriques. En cherchant à éliminer à tout prix Helicobacter pylori, se serait-on trompé d’arme ou même d’ennemi ?

Depuis des années, les scientifiques alertent sur les impacts délétères de la bactérie Helicobacter pylori et sa propension à favoriser les cancers de l’estomac. Découverte au début des années 1980 par Barry Marshall et Robby Warren (ce qui leur vaudra un prix Nobel de médecine), cette bactérie coloniserait l'estomac de près de la moitié de la population mondiale et on la retrouverait chez environ 30 % des Français aujourd'hui.

Lutter contre Helicobacter pour éviter le cancer de l’estomac ? Pas forcément pertinent.

Depuis les années 1990, la bactérie est officiellement considérée comme un facteur de risque majeur : on la savait responsable d'ulcères gastriques, mais elle serait également responsable de 60 à 90 % des cas de cancers gastriques, par la transformation progressive des cellules épithéliales qui tapissent l’estomac en cellules « mésenchymateuses », avec des propriétés similaires aux cellules souches cancéreuses. Parmi les personnes infectées, « seules » 10 % développeront un ulcère gastro-duodénal et 1 à 3 % un cancer gastrique (généralement après plusieurs décennies de détérioration des lésions).

Martin Blaser fait partie des scientifiques qui ont mis au jour son influence sur la cancérisation de l'estomac. Plus tard, il découvrira que la bactérie a néanmoins un côté bénéfique : elle réduit le risque de reflux (remontée d'acide dans la gorge) mais aussi de cancer de l'oesophage et peut-être d'asthme.

Pourtant, cette bactérie qui contamine l'homme depuis 58 000 ans est devenue en une vingtaine d'années l'ennemi à abattre (« un bon Helicobacter pylori est un Helicobater pylori mort », expliquait une tribune du journal médical The Lancet), au point d'être une bactérie en voie de disparition.

« Cet ancien habitant, obstiné, quasi universel et dominant de l'estomac a pratiquement disparu », explique Blaser, tout en s'en inquiétant. Il ajoute : « L'écologie est compliquée, et H. pylori a une relation complexe et biologiquement très évoluée avec l'homme. Des approches simples du type “détecter et traiter” ne rendent pas justice à cette complexité. Nous devons clairement nous débarrasser d'Helicobacter chez les personnes souffrant d’ulcères de l'estomac et ceux présentant un risque sérieux de cancer de l'estomac, mais il faut pouvoir évaluer ça plus finement. Nous devons comprendre chez qui et quand éradiquer H. pylori, avant que la maladie ne devienne inévitable. Pour autant, ceci concerne une proportion relativement réduite de la population dans la plus grande partie du monde, et n'est pertinent qu'à un âge assez avancé. »

Cette disparition annoncée signifie moins d'ulcères et moins de cancers de l'estomac, mais également un nombre croissant de personnes souffrant de reflux gastriques et de cancers de l'oesophage. Les bénéfices compensent-ils ces nouveaux risques ?

Une question difficile à trancher lorsqu'on sait que ce même chercheur a montré, à partir d'une étude sur 10 000 personnes, que la présence ou l'absence d'Helicobacter n'avait absolument aucune incidence sur le risque de décès d'une personne à un âge donné.

Mais il n'empêche : la lutte contre H. pylori fait souvent aujourd'hui feu de tout bois. Et pour traiter cette infection, lutter contre l’acidité d’estomac et les ulcères gastro-duodénaux, les médecins prescrivent en association avec une multi-antibiothérapie des médicaments inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), tels que l’Oméprazole ou l’Ésoméprazole.

La prise d’IPP : un traitement...ou un facteur de risque ?

Problème : les liens entre la consommation d’IPP et les risques de cancer ne sont probablement pas ceux qu’on croyait non plus, comme le montre une étude des chercheurs de l'hôpital Queen Mary de Hong Kong, dont les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Gut le 31 octobre dernier.

Si on savait déjà que la prise d'IPP générait un surrisque de maladie rénale chronique, d’ostéoporose, de pneumonie, de carence en magnésium, de vieillissement accéléré et de démence, ils pourraient également paradoxalement être un facteur de risque de cancer. Après une étude de cohorte (2003-2012), des chercheurs ont pu confirmer que la prise d’IPP augmentait le risque de survenue du cancer de l’estomac, en particulier chez chez les personnes infectées par Helicobacter pylori. En effet, d’après leur étude :

  • Le risque double chez ceux qui ont pris les médicaments pendant moins d'un an.
  • Les personnes qui ont pris régulièrement un IPP pendant plus d'un an courent un risque cinq fois plus élevé.
  • Et il y a huit fois plus de risques de développer un cancer de l’estomac pour ceux qui ont suivis un traitement aux IPP pendant deux ans ou plus.

Les mêmes médicaments que l’on utilise pour lutter contre le développement de cette bactérie « à risque » sont donc eux-mêmes facteurs de risque...

La situation est particulièrement inquiétante, car 60 millions de boîtes d’IPP sont vendues chaque année en France malgré une liste d’effets indésirables qui s’allonge. Vient s’ajouter aux risques augmentés de pneumonie, de crises cardiaques et de fractures, le risque de cancer de l’estomac. La précédente génération de médicaments utilisés pour diminuer la sécrétion acide, également évalués dans l’étude, les antihistaminiques H (ou anti-H2), n’augmentaient pas le risque de cancer de l’estomac. Toutefois, on leur connaît d’autres effets secondaires notables : diarrhée, asthénie, douleurs musculaires, éruptions cutanées, confusion mentale et hausse des transaminases et de la créatine notamment.

Des réponses naturelles pour l'acidité d'estomac, le reflux et l'ulcère.

Pourtant, il existe d’autres solutions, plus naturelles, pour traiter les problèmes d'estomac. Pour maitriser l’acidité de l’estomac et éviter de se gaver de maalox et autre gaviscon, une maitrise de l'alimentation et des pansements naturels fonctionnent bien. Le régime méditerranéen par exemple semble avoir fait ses preuves.  S'il est avéré que vous avez Helicobacter et si cela se révèle pertinent dans votre cas, faire reculer ou maîtriser Helicobacter pylori est possible via les huiles essentielles ou l'utilisation du sulforaphane.

En outre, une synthèse scientifique de grande ampleur sur les traitements par probiotiques montre qu'un certain nombre de mélange de souches probiotiques parviennent à contrôler le développement d'helicobacter. Parmi les souches probiotiques les plus efficaces en association : L. acidophilus, B. animalis, L. helveticus, L. rhamnosus,  B. longum et E. faecalis.

Tester ces différentes approches avant, en parallèle ou après un traitement par antibiotique pour le consolider et éviter d’avoir à en passer par les IPP, est certainement une bonne idée au vu de ce qui précède.

 

Sources :

Long-term proton pump inhibitors and risk of gastric cancer development after treatment for Helicobacter pylori: a population-based study

-Association between Helicobacter pylori and mortality in the NHANES III study.

Martin Blaser -Helicobacter pylori and esophageal disease: wake-up call?

Systematic review and meta-analysis: Multi-strain probiotics as adjunct therapy for Helicobacter pylori eradication and prevention of adverse events

 

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