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Parkinson : ces patients mystérieusement « guéris » pendant leurs rêves

  • Rêves agités : un symptome précoce de ParkinsonRêves agités : un symptome précoce de Parkinson
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Nous savons depuis plusieurs décennies que jusqu’à 60 % des patients atteints de la maladie de Parkinson ne tremblent pas pendant leurs rêves et sont même capables de mouvements complexes. Faut-il y voir une piste thérapeutique d’avenir pour soigner les maladies neurodégénératives ?

Valérie Cochen de Cock, neurologue et spécialiste des troubles du sommeil sous Parkinson au pôle sommeil de la clinique Beau Soleil à Montpellier, et Isabelle Arnulf, neurologue et cheffe du service des pathologies du sommeil à la Pitié-Salpêtrière à Paris, expliquent dans un article scientifique que 15 à 59 % des patients atteints de maladies neurodégénératives ont fréquemment des mouvements complexes, voire violents, durant la phase de sommeil paradoxal et ne semblent alors plus souffrir des troubles habituels liés à leur maladie (tremblements, troubles de la coordination, manque d’expressions faciales, mais aussi souplesse et capacités d’articulation).

Des patients comme « guéris » durant leur sommeil

Ces patients « donnent des coups, rient, crient ou combattent d’invisibles ennemis pendant leur sommeil paradoxal », la dernière des cinq phases du sommeil durant laquelle les rêves reviennent plus facilement à la mémoire, et qui se repère de l’extérieur par des mouvements rapides des yeux sous les paupières du dormeur. Ces mouvements, appelés « mouvements oniriques » peuvent même aller jusqu’à blesser le dormeur ou son conjoint. En effet, ces dormeurs font alors parfois preuve d’une « force inhabituelle ». En filmant en clinique ou en interrogeant les conjoints de ces dormeurs, les deux chercheuses observent que ces rêveurs présentent « étonnamment » une « franche amélioration de la qualité des mouvements et de la voix » pendant leurs rêves, « comme s’ils étaient guéris de leur maladie ».

Un mécanisme aux origines encore mystérieuses

Le mécanisme exact qui permet à ces patients de voir disparaître leur syndrome parkinsonien en phase de sommeil paradoxal reste à préciser, mais les scientifiques pensent que ce phénomène est probablement causé par des « lésions » touchant le noyau sous-cortical du cerveau (locus cœruleus) habituellement responsable de l’atonie chez les sujets sains dans cette phase du sommeil.

D’après leurs observations cliniques, Valérie Cochen de Cock et Isabelle Arnulf déclarent qu’on pourrait « émettre l’hypothèse [que] la boucle extrapyramidale de contrôle de la motricité pourrait être soit remise en état de marche normal, soit court-circuitée », la seconde hypothèse semblant être la plus probable.

Cette information étonnante pourrait ouvrir aux chercheurs une piste prometteuse dans la compréhension des troubles neurodégénératifs et leur traitement. Différents programmes de recherche sont en place pour mieux comprendre le phénomène. En attendant, ils constituent également un signal précoce important à prendre en compte.

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Des mouvements oniriques marqueurs précoces de Parkinson ?

D’après les chercheurs spécialistes, ce symptôme des mouvements oniriques apparaît généralement plusieurs années avant le diagnostic et pourrait donc être un critère de diagnostic précoce bien plus fiable que des troubles de l’odorat ou les troubles cognitifs légers habituellement recherchés. Chez la moitié des patients, ils précéderaient les autres symptômes observables de trois ans en moyenne. D’autres études ont montré que 40 à 65 % des patients atteints de ce trouble développaient un syndrome parkinsonien dans les cinq à sept années qui suivaient leur apparition.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé