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Nanoparticules : pas vu, pas pris ça suffit !

  • Nanos partout, transparence nulle partNanos partout, transparence nulle part
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Les nanoparticules ont fait leur apparition dans les années 2000. Comme leur nom l’indique, ces particules ont une dimension nanométrique, autrement dit de l’ordre du milliardième de mètres, ce qui les rend capables de pénétrer à l’intérieur de nos cellules et de s’accumuler dans certains organes, avec de possibles effets sur la santé. Pour cette raison, depuis 10 ans, tout produit alimentaire ou cosmétique contenant des nanoparticules doit être étiqueté comme tel, la mention « [nano] » précédant le nom de l’ingrédient devant apparaître clairement. Un rapport d’AVICENN, l’association de veille et d’information civique sur les enjeux des nanosciences et des nanotechnologies, publié jeudi 15 décembre 2022, révèle la présence de nanoparticules d’argent, de fer, de cuivre, de dioxyde de titane ou de silice dans pas moins de 20 sur 23 produits du quotidien qui étaient supposés ne pas en contenir !

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Des nanos invisibles partout

Un spray colorant pour cheveux, une poudre illuminatrice et un maquillage « perlescent » risquent de nous faire inhaler des nanoparticules de dioxyde de titane ; un baume pour les lèvres et un simple comprimé médicamenteux nous en font ingérer sans le savoir... Il y a aussi des nanoparticules d’argent non déclarées dans des culottes menstruelles, brosses à dents ou masques bactéricides. Et même les labels cosmétiques que l’on pensait un peu protecteurs (comme « COSMOS Natural » par exemple), censés garantir l’absence de nanos, ne le seraient pas tant que cela : un stick Labello ainsi labellisé s’est avéré, dixit toujours le rapport d’AVICENN, contenir des nanoparticules d’oxyde de fer et de dioxyde de titane « probablement issues des colorants indiqués sur l’emballage du produit (CI77891 et CI77492) »… Et il y a pire encore du côté de l'alimentation, du côté des sels, cacao, épices, lait maternisé en poudre, et même jambon cru : nous ingérons, toujours à notre insu, des nanoparticules de silice parce qu’elles entrent dans la composition d’un additif alimentaire (le E551). L'association, extrapolant à partir d'un des produits testés, estime qu'un seul bol de soupe pourrait contenir jusqu'à 40mg de silice, soit des milliards de nanoparticules !

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Un flou réglementaire

La faute à des industriels peu scrupuleux ? Pas toujours. Certains se sont, précise le rapport, avérés surpris par les résultats du rapport, les nanoparticules semblant provenir de leurs matières premières, dont ils disent ignorer qu’elles contenaient des nanos. Soit. Pourtant d’autres industriels, par leur silence radio, laissent supposer quelques pratiques douteuses, comme par exemple une utilisation non déclarée de nanoparticules. Entre les deux, il y a enfin ceux qui tirent profit de la législation, un peu floue. Pour en revenir à l’additif alimentaire E551, il est dispensé d’étiquetage nano... pour la simple raison qu’il n’a plus à figurer à la liste des ingrédients ! Est en effet désormais dispensé d’affichage tout additif entrant dans la composition d’un autre additif (et le E551 justement entre dans la composition des nitrites du jambon !) ou étant présent à moins de 1 % du poids du produit (ce qui est la plupart du temps le cas dans les produits considérés où il joue, seul, le rôle d’un antiagglomérant…). Faute d’être étiqueté comme additif, le E551 ne risque pas d’être étiqueté pour les nanos qui le composent !

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Les nanos étant de toute façon très difficiles à déceler, les industriels ne semblent pas très désireux d’informer les consommateurs que nous sommes. D’autant qu’ils ne risquent pas grand-chose d’autre qu’un simple rappel à la loi s’ils ne s’y plient pas. La législation est aussi si protectrice de leurs intérêts qu’il est impossible de connaître le nom des entreprises qui utilisent des nanos (alors qu’elles doivent théoriquement impérativement s’enregistrer dans le registre r-nano), du fait du « secret industriel et commercial ». Il est de même impossible (souci de ne pas nuire à la concurrence entre industriels oblige !) de savoir précisément quels produits ont été testés par la DGCCRF (direction des fraudes), ce qui permettrait utilement d’identifier lesquels n’en contiennent pas. Les nanos sont désormais partout, même là où elles sont supposées ne pas l’être, mais pour l’instant, les pouvoirs publics n’ont pas l’air plus préoccupés que cela par le problème…

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Aller plus loin :

Source : rapport de l’association AVICENN « En quête de [nanos] dans les produits du quotidien », décembre 2022

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé