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Faites silence !

Article paru dans le journal nº 32

Aujourd’hui, la place accordée au silence est réduite à sa portion congrue. On l’associe à la mort, tandis que le bruit est synonyme de mouvement. Au-delà de cette vision binaire, on pourrait plutôt croire que le silence fait peur. Que révèle-t-il de nous pour qu’on ressente la nécessité de l’étouffer ?

Dans notre société, il n’y a plus de place pour le silence, qu’on assimile souvent à la mort. Nous vivons dans une cacophonie permanente, et ceux qui souffrent d’acouphènes et d’hyperacousie savent à quel point notre monde en pâtit. Le bruit, synonyme d’activité, de mouvement, de vie. Un bar vide sera toujours plus attrayant avec le volume de la musique poussée au maximum. Cette omniprésence sonore irrite à notre insu notre conscience, elle rend agressif, altère le sommeil, plonge dans la dépression et conduit parfois même à des faits divers dramatiques, lorsqu’un voisin excédé perd tout contrôle, par exemple.

On s’entoure de bruit, on le recherche. On couvre le silence par une radio ou par une télévision allumée en fond, dont aucune émission n’échappe à la chasse au silence que l’on annihile par des rires, par des sifflets, par des applaudissements. Et quand ils se retrouvent en groupe, il est quasiment inconcevable pour les Occidentaux de ne pas se sentir obligés de faire la conversation, de bavarder coûte que coûte. À cela, le poète libanais Khalil Gibran précise dans son « Prophète » que l’on ne parle que lorsque l’on cesse d’être en paix avec son esprit. C’est dans la continuité de cette phrase que nous allons nous pencher sur le pouvoir du silence pour nous régénérer, retrouver notre équilibre et notre énergie spirituelle.

Source énergétique

Dans les textes religieux anciens, il est fait référence au silence, condition nécessaire pour chercher Dieu ou le divin en soi, car toutes les spiritualités s’accordent pour dire que nous en sommes une partie. Il est l’apanage de tous les maîtres spirituels. Mirra Alfassa, plus connue sous le nom de « Mère » et compagne spirituelle de Sri Aurobindo, grand penseur indien, disait : « Il y a une source d’énergie qui, une fois découverte, ne se tarit jamais, quelles que soient les circonstances extérieures. C’est l’énergie du silence, une énergie spirituelle que l’on reçoit d’en haut, de l’origine suprême de l’univers ».

Une démarche initiatique

Le silence fait partie intégrante de toutes les techniques de méditation, relaxation et yoga ainsi que de toute démarche initiatique qui nous amène à nous rencontrer nous-mêmes, à atteindre ce que le fronton du temple de Delphes énonce : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les Dieux et l’Univers ». En outre, il a été prouvé scientifiquement que le silence est indispensable pour une bonne régulation hormonale, et donc pour une meilleure gestion du stress émotionnel. Ces moments de calme renforceront aussi notre système immunitaire.

Redécouvrir sa vraie nature

C’est dans l’épaisseur du silence que l’on va retrouver son pouvoir d’émerveillement face à la beauté de la nature qui nous entoure. Il est le territoire indispensable pour se réapproprier ses sens et ne plus être anesthésié. Il permet de se retrouver soi-même et de découvrir sa « vraie nature », son identité propre. Ainsi réarmé, on est moins enclins à contracter un crédit à la consommation pour acheter un écran plat, à se comporter comme un consommateur constamment frustré, comme un pantin.

C’est cette soif de silence qui conduit de plus en plus de pèlerins sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. On peut aussi constater le succès croissant des stages de ressourcement dans le calme des montagnes. C’est là, dans ces lieux « hors du temps », que l’on pourra écouter le silence intérieur et découvrir qu’il y fourmille de sons, de bruissements du vivant, qu’il est habité par un monde végétal et animal. On peut aussi vivre cette expérience dans le silence habité de la campagne. Si l’on est attentif, on pourra même percevoir la musicalité révélée de la nature.

Ainsi, pour le thérapeute Pascal Aubry, le silence est un espace d’éveil et de création. Il propose un exercice de méditation que l’on peut faire seul chez soi au quotidien : « Placez votre conscience au niveau de votre ventre sans aucune intention, soutenue par une respiration ventrale douce et sereine avec un rythme lent. Faites cet exercice méditatif pendant quinze minutes chaque jour. »

Paroles d’Amérindiens

Pour Ohiyesa, médecin et écrivain indien d’origine sioux, le silence est le signe d’une parfaite harmonie : « Le silence est l’équilibre absolu du corps, de l’esprit et de l’âme ; l’homme qui préserve l’unité de son être reste à jamais calme et inébranlable devant les tempêtes de l’existence. Pour cet homme de sagesse ancestrale, les fruits du silence sont : la maîtrise de soi, le courage ou l’endurance, la patience, la dignité et le respect ; c’est la pierre angulaire du caractère ».

Pour les Indiens Tarahumaras qui vivent au Mexique dans les montagnes arides de la Sierra Madre, « l’homme blanc est un bavard, il parle plus qu’il ne ressent. Il se sert de pleins de mots qui se bousculent les uns les autres, ses pensées sont confuses ». Pour les Apaches, c’est dans le silence que l’on apprend à se connaître ; la parole est pollution et ne sera prononcée que si elle est nécessaire. Ils sont réticents à l’égard des Blancs qui ont la fâcheuse tendance à vouloir tout commenter, expliquer, partager.


 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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