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Entre mystique et avant-gardisme

  • Franz Anton Mesmer a élaboré le concept d’un Franz Anton Mesmer a élaboré le concept d’un " fluide " subtil emplissant l’univers qui servira de base à sa théorie du " magnétisme animal ".
Article paru dans le journal nº 113

Les guérisseurs, auréolés d’aptitudes mystérieuses, prétendent soigner quantité de maux, mais restent marginalisés par la médecine académique. Pourtant, deux tiers des Français en ont déjà consulté un, et certains interviennent au sein d’hôpitaux. Au-delà des préjugés, guérisseurs et science s’excluent-ils aussi irrémédiablement qu’il n'y paraît ? - Partie 2

Valentine Greatrakes (1628-1683) défraya la chronique en Grande-Bretagne avec ses nombreuses guérisons par le toucher, notamment de la scrofule, un ensemble de lésions de la peau et des muqueuses. Il attribuait son " don " à une révélation divine alors qu’il était militaire. Sa renommée lui valut d’être évalué par les plus éminents intellectuels et savants de son époque, dont le physicien et chimiste Robert Boyle, pour qui Greatrakes pouvait peut-être induire dans le corps de ses patients un " fluide assainissant ".

D'autres pionniers oubliés

Franz Anton Mesmer (1734-1815) connut près d’un siècle plus tard une certaine notoriété sur le continent européen, de Vienne à Paris. Après des études de théologie, de physique et de médecine, il élabora son concept d’un " fluide " subtil emplissant l’univers (comparable, dans l’idée, au qi chinois), qui servira de base à sa théorie du " magnétisme animal ". Mais celle-ci ne fut jamais validée par ses pairs savants de l’époque, qui imputaient ses " succès " à son habileté à manipuler l’imagination de ses patients. Les historiens lui reconnaîtront, a minima, d’avoir jeté, un peu malgré lui, les bases de l’interaction corps esprit et des thérapies psychologiques à venir, telles l’hypnose, la psychanalyse et même, pour certains auteurs, la psychiatrie moderne.

Quand Louis XVI nommait une commission d’enquête

Comprenant notamment Antoine Lavoisier et Benjamin Franklin, deux éminents matérialistes, parmi les pères fondateurs de la science moderne, cette commission, nommée pour étudier la pratique du magnétisme animal – ou mesmérisme –, conclut en août 1784 que « l’attouchement, l’imagination et l’imitation sont les vraies causes des effets que l’on attribue au magnétisme ». Une sentence qui évincera durablement l’immatériel du champ scientifique.

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D’intrigantes expériences

Oskar Estebany, colonel de l’armée hongroise dans les années 1930, avait remarqué que les chevaux qu’il soignait se remettaient plus vite que ceux traités par d’autres. Après avoir immigré au Canada, ce n’est que vers 1971 qu’il entra en contact avec Bernard Grad, un chercheur en cancérologie, qu’il informa de ses capacités à soigner. Grad était sensibilisé aux approches alternatives, et s’était notamment intéressé à l’orgone. Il mit en œuvre des expériences au sein de l’université McGill (Montréal). Il fut par exemple demandé à Estebany d’influencer l’eau d’irrigation de plants d’orge, ce qui améliora grandement leur vitesse de croissance1. Une autre étude2, toujours menée par Grad, montra que la cicatrisation de plaies d’origine chirurgicale chez les souris était améliorée si Estebany plaçait ses mains près de la cage. Ces résultats étaient statistiquement significatifs et ont été reproduits avec succès, ce qui suggère que l’effet placebo, si souvent opposé aux effets du magnétisme sur l’humain, n’intervenait pas.

Plus tard, avec Justa Smith, une biochimiste du Rosary Hill College de Buffalo (États-Unis), Estebany réussit à réactiver des échantillons de trypsine (une enzyme de l’estomac) altérée par ultraviolets, de la même manière que l’aurait fait un champ magnétique, bien qu’aucun champ magnétique n’ait pu être détecté – avec les instruments de l’époque – à proximité de son corps. Ces expériences, menées avec rigueur et méthode, figurent parmi les plus intéressantes jamais produites dans ce domaine, et ont donné lieu à des publications d’ailleurs quasi incontestées.

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Aimants et magnétisme : juste une différence de puissance ?

Le médecin allemand Mesmer (1734-1815) se servait d’aimants sur ses patients, en arguant qu’ils ne faisaient qu’amplifier son propre magnétisme, pour un effet accru. De nombreux travaux modernes attestent de l’utilité de la magnétothérapie sur les maux de tête, certaines neuropathies ou les douleurs articulaires et dorsales. Mais pour le magnétisme humain, la faiblesse de ses niveaux d’induction – de l’ordre du milliGauss, contre 300 à 500 Gauss pour les aimants utilisés dans les études – continue d’inciter au doute.

L’école américaine

Après un cursus en physique, l’Américaine Barbara Ann Brennan s’est consacrée au champ énergétique humain, qu’elle assimilait à " l’aura ". Se targuant d’un haut sens de perception, elle se forma en psychologie, en massage et en hypnose, et commença à exercer en tant que guérisseuse. Son succès lui permit d’ouvrir une école en Floride, d’où ont essaimé de nombreux " thérapeutes Brennan ". Certains dénoncent néanmoins son " modèle " fourre-tout (guides de lumière, chakras, vies antérieures, etc.) comme un pur business plan, lui niant tout don de guérisseuse.

Références bibliographiques

  1. B. Grad, dans International Journal of Parapsychology, 1964.
  2. B. Grad, R. Cadoret et G. Paul, dans International Journal of Parapsychology, 1961.

 

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé


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