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Santé bucco-dentaire, une question de bon sens
Pas de concession pour la chirurgien-dentiste Nathalie Ferrand. Aux patients de prendre leur responsabilité et de changer leurs habitudes alimentaires, aux dentistes de se former à la dentisterie du XXIe siècle, que la présidente du syndicat des femmes chirurgiens-dentistes voit holistique et préventive. Un article à dévorer !
Nous oublions trop souvent que la bouche est avant tout le début du tube digestif, tant sur le plan anatomique, physique que chimique.
Anatomique, car c’est la porte d’entrée par laquelle arrivent les aliments.
Physique, à double titre :
– par écrasement des aliments grâce aux molaires et aux prémolaires.
– par trempage des aliments grâce à la salive, produite par les glandes salivaires principales (parotides, sous-maxillaires et sublinguales) et secondaires (présentes dans l’intérieur des lèvres, des joues ou sur le palais).
Chimique, car des enzymes prédigèrent certaines molécules (comme c’est le cas de l’amylase pour l’amidon).
Avoir une mastication suffisante (boire le solide et mâcher le liquide) est un acte premier et majeur pour faciliter la suite de la digestion.
L’organisme étant un tout, chacune des parties qui le composent agit sur les autres : une sécheresse buccale empêche l’autonettoyage des dents et le « tamponnage » de l’acidité buccale, provoquant des caries. Une flore intestinale déséquilibrée entraînera des mycoses buccales ou des maladies de gencives. Un choc émotionnel pourra engendrer une fulgurante maladie parodontale (gencive et os). La santé bucco-dentaire est donc le reflet de notre santé générale. Et l’aliment, son premier médicament…
Cartographie personnalisée
Avitaminose (carence en vitamines), excès -d’aliments trop sucrés, alimentation trop carnée, trop lactée ou trop pimentée : l’incidence sur la santé bucco-dentaire sera directe ou indirecte et se traduira par des caries, des maladies de gencives, du tartre ou encore des aphtes.
Chacun d’entre nous étant unique, les sensibilités sont différentes d’une personne à l’autre : une personne qui ne se brosse jamais les dents peut ne pas avoir de carie, alors que telle autre à l’hygiène irréprochable peut en avoir en permanence. Cela montre bien que l’hygiène n’est pas le seul facteur de bonne santé bucco-dentaire. Ce sont ainsi de simples moyens qui vont corriger un terrain fragile ou un déséquilibre alimentaire… jusqu’à un certain point !
Avant toute chose, il convient de faire un état des lieux de ce qu’il y a dans la bouche (dents, gencives, langue, palais, articulation des mâchoires), mais aussi des habitudes alimentaires (consommation trop importante de miel, alimentation semi-mixée, plats industriels), des tics (ronger ses ongles, fumer), des pratiques (instruments à vent, percing lingual) et des dysfonctions (respiration systématique par la bouche, vomissements répétés, succion du pouce). Cette cartographie précise permet au chirurgien-dentiste d’identifier des pistes d’explication quant aux caries récidivantes, aux dents fracturées, au tartre très invasif…
Révéler au patient les liens de cause à effet lui permet d’en prendre conscience (il l’ignore bien souvent) puis d’élaborer ensemble des stratégies possibles pour de nouvelles habitudes, en fonction aussi de l’état de santé général et des éventuels traitements médicamenteux qu’il suit.
Comme chaque patient est unique, chaque traitement, chaque plan d’hygiène bucco-dentaire le sera aussi. Les protocoles ne sont qu’indicatifs et basés sur des statistiques : ils ne sont donc pas applicables tels quels à tous les patients. Si le penser peut s’avérer confortable pour le praticien (qui n’a plus à « réfléchir ») et rassurant pour le patient (les traitements standardisés ont « fait leurs preuves »), l’expérience clinique nous démontre que ce n’est pas approprié à la diversité complexe du genre humain.
Responsabiliser le patient
Ce plan d’hygiène et ce traitement uniques sont simples à mettre en place, et qui plus est, gratuits. En clair, il est question de bon sens. Est-il cohérent de continuer à consommer 1,5 litre de soda par jour au prétexte qu’en France, nous soignons sans douleur, parfaitement (grâce à des techniques sophistiquées) et tout le monde (merci à la Sécurité sociale !) ? Le but pour un chirurgien-dentiste est de soigner, et surtout de définir, en collaboration étroite avec le patient, les techniques qui empêcheront ou limiteront fortement les récidives. Car c’est le patient qui fait ses courses, achète ses brosses à dents et prend rendez-vous avec son praticien pour son contrôle.
Lui fournir des informations qui donnent du sens à ce qui se passe dans sa bouche lui permet d’être autonome dans l’hygiène quotidienne, comme dans la détection des signaux d’alerte qui devront l’amener à consulter. Tout cela fait partie des missions thérapeutiques du chirurgien-dentiste.
Parallèlement, des soins réalisés en coopération avec d’autres professionnels s’avèrent aussi souvent précieux. Citons le naturopathe pour un rééquilibrage acido-basique ou encore l’ostéopathe pour des problèmes de posture. À long terme, ces démarches garantiront la stabilité de la santé bucco-dentaire.
Si cette vision holistique n’est pas enseignée en faculté, il existe de plus en plus de formations continues qui ouvrent les chirurgiens-dentistes à cette conception alternative de la santé bucco-dentaire. N’hésitez pas à en parler à votre praticien !
Aliments : trucs, astuces… et prudence
Méfiez-vous des aliments sucrés et collants (sodas, céréales sucrées, bonbons et chewing-gum) et de tous les aliments acides (citron, vinaigre, cornichons…) qui déminéralisent la surface de l’émail, créant des microporosités dans lesquelles vont se loger les bactéries cariogènes.
Le sucre est souvent rajouté dans l’alimentation industrielle (regardez les étiquettes du jambon blanc sous cellophane, ou de la sauce tomate épicée…) : sucres cachés.
Le miel en excès peut aussi se révéler cariogène, car c’est un aliment acide. Les patients dont les dents ont une couche très fine d’émail doivent s’en méfier.
Le chewing-gum toute la journée fatigue la dent (jusqu’à la fracture spontanée, même sur dent saine !), l’articulation de la mâchoire et les muscles masticateurs (jusqu’aux maux de tête).
En revanche, sont les bienvenus :
Tous les aliments croquants (pommes, carottes et céleri crus, radis). Ils sont intéressants car ils font travailler les ligaments qui rattachent la dent à la mâchoire.
Le bicarbonate de soude. Il vient à bout d’une petite gingivite, en usage direct sur la brosse à dents mouillée (comme de la poudre à récurer).
Les aliments basiques. Comme les pommes de terre, les châtaignes et les bananes facilitent un rééquilibrage acido-basique.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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