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Les secrets d’une bonne hygiène bucco-dentaire
Avoir une bonne hygiène bucco-dentaire s’apprend et se réapprend tout au long d’une vie. Certes, nous aurions pu vous lister les solutions naturelles existantes (tea tree, bicarbonate de soude…) qui pullulent sur le web, mais nous avons préféré donner la voix au Dr Nathalie Ferrand, chirurgien-dentiste, pas avare en conseils avisés.
Avec plus de 40 % de Français qui ne respectent pas les préconisations d’une visite annuelle chez le dentiste, revoir les bases d’une bonne hygiène bucco-dentaire et connaître les astuces pour la maintenir ne paraît pas un luxe.
Premier fait : assurer l’équilibre de la flore intestinale et par là même, l’équilibre acido-basique de l’organisme qui lui est directement lié. L’importance de cet équilibre est cruciale, car une salive acide aura une action délétère dans la durée pour l’émail. Et le brossage, aussi régulier et optimal soit-il, n’y pourra rien.
L’hygiène bucco-dentaire commence par une hygiène alimentaire et intestinale
La bouche étant l’entrée du tube digestif, sa flore est cohérente avec celle de l’ensemble du système digestif. Cet équilibre de flore permet de conserver une bonne immunité locale pour ne pas voir se développer mycoses, gingivite et caries.
L’hygiène alimentaire, quant à elle, consiste à éviter les aliments qui agressent l’émail des dents (notamment tous les aliments acides). Bien sûr, évitez le tabac qui facilite le tartre et les maladies de gencives par diminution de leur vascularisation. Vient ensuite l’hygiène bucco-dentaire « physique et mécanique ».
Quelle brosse à dents, quel dentifrice ?
Brosse à dents et dentifrice sont à adapter en fonction de ses spécificités individuelles : l’épaisseur et la qualité de l’émail, la production de tartre, la présence de prothèses dentaires, d’obturation de restauration après une carie (composite ou amalgame, appelés plombage ou pansement). Tout ce qui agresse l’émail est à éviter : brosses à dents dures, dentifrices abrasifs, produits blanchissants. D’autant plus quand on a un émail fin ou poreux (dents teintées après avoir bu du jus d’orange).
Les brosses à dents souples sont les plus utilisées, car elles ne blessent pas la gencive tout en brossant efficacement les dents. À condition de respecter le temps de brossage de trois minutes et les deux à trois brossages quotidiens.
La technique de brossage fait l’objet de grands débats. Personnellement, je préfère celle qui consiste à dessiner des ronds sur les dents avec sa brosse : ce mouvement permet de passer partout, sans blesser les languettes de gencive entre les dents. Les dents ne sont pas un carré plat : elles sont bordées par le feston de la gencive et ont une surface convexe, qui plonge vers la dent suivante. Ce mouvement de rotation permet de nettoyer ces zones, objet de fréquentes caries appelées « interproximales ».
Instruments complémentaires
À côté de la brosse à dents existent des instruments complémentaires bien utiles.
Les brossettes interdentaires sont indispensables dès qu’il y a une fragilité des tissus de soutien de la dent (gencive et os) ou des espaces entre les dents, refuges des aliments. Ces goupillons (même principe que le goupillon utilisé pour les biberons) sont à passer quotidiennement, dans un mouvement à la fois de va-et-vient et de rotation, pour éviter de blesser la gencive ou d’enfoncer des aliments sous elle. Il en existe de diamètre différent : pour choisir le bon, il faut que les poils se plient au passage pour bien brosser, sans forcer pour que le goupillon ne se casse pas.
Ces brossettes interdentaires peuvent se fixer sur un manche, pratique pour nettoyer les espaces entre les molaires au fond de la bouche, ou sur leur capuchon, ce qui permet un rangement protégeant la brossette, que l’on peut avoir dans son sac à main ou dans sa trousse de toilette. En cas de gingivite ponctuelle, tremper la brossette mouillée dans du bicarbonate de soude permet d’éliminer en deux à trois jours un saignement intempestif. Si ce saignement persiste, il faut consulter son chirurgien-dentiste.
Le fil dentaire est utilisé comme complément de brossage pour nettoyer les surfaces entre les dents lorsque celles-ci sont très serrées. Le principe d’utilisation consiste à racler ces faces -impossibles d’accès après avoir délicatement inséré le fil dentaire pour ne pas léser la gencive ou enfoncer un aliment déjà coincé. Très utilisé dans les pays anglo-saxons, il l’est assez peu en France.
Le cure-dent, lui, l’est beaucoup plus ! Arme redoutable pour chasser immédiatement un intrus alimentaire qui comprime la gencive, il peut être responsable d’abcès gingival quand il se rompt. L’utilisation régulière du cure-dent est un signe d’anomalie qui doit amener à consulter : l’espace qui permet le bourrage alimentaire peut être dû à une carie, à un pansement cassé, à une prothèse abîmée, ou peut être le signe avant-coureur d’une maladie de la gencive (le fameux déchaussement).
Le gratte-langue, lui, est très utilisé en Inde et dans les pays asiatiques. Il s’agit d’un instrument de nettoyage des enduits présents sur la langue. Ces enduits sont des toxines d’élimination lors d’une surcharge hépatique (ou chez les fumeurs) : la fameuse langue pâteuse des lendemains de soirée très arrosée. Pour ceux qui pratiquent le jeûne, le même phénomène de dépôts est observé. Inutile de les avaler, autant les enlever ! Le gratte-langue métallique est à préférer pour racler le dessus de la langue d’arrière en avant (attention au réflexe de nausée chez les personnes sensibles), puis, après l’avoir rincé, pour racler chaque côté. Un seul passage suffit, à faire quotidiennement, dans un mouvement non violent : il ne s’agit pas d’arracher les papilles linguales !
Dentifrices en question
À côté de cette hygiène « physique » existe l’hygiène « chimique » : le dentifrice. Objet de très fréquentes questions de la part des patients pour savoir « quel est le meilleur ». Ma réponse, invariable : « Celui qui vous convient le mieux ! » Convenir le mieux n’est pas une question de goût. C’est avant tout une question d’adaptation à l’état de santé bucco-dentaire. Il existe deux types de dentifrices : les dentifrices d’hygiène, lorsqu’il n’y a pas de problème particulier, et les dentifrices de soin, véritables médicaments, qui sont à utiliser lorsque la situation le demande : dentifrice au bicarbonate de soude pour les problèmes de gingivite ou très fluoré dans des situations de risque carieux important, par exemple. Toutefois, vouloir compenser un risque carieux par un dentifrice fluoré sans avoir modifié sa cause (alimentation) est un non-sens.
Autre adjuvant chimique : les pâtes et gels gingivaux, pour les petits bobos comme les aphtes, les blessures d’appareil dentaire ou les gingivites. Le bicarbonate de soude est d’une aide précieuse en première intention. Le Borax en 5 CH fait des miracles sur les aphtes et les papillites (petite papille sur le dessus de la langue qui enfle, devient rouge et très douloureuse). Certains gels anesthésiants aident à attendre le rendez-vous chez son praticien pour retoucher un bord de prothèse traumatique ou mettre en place un traitement de fond pour une aphtose récidivante et invalidante. D’autres soutiennent une cicatrisation difficile après une intervention chirurgicale.
Et les bains de bouche ? Autre question classique de patients, autre réponse invariable : ce sont des antiseptiques à ne pas utiliser quotidiennement sous peine de déséquilibrer la flore buccale et de se retrouver avec une mycose très longue à chasser ! Les bains de bouche sont à utiliser ponctuellement lorsque la gencive a été effractée : après une chirurgie, lors d’une blessure avec un appareil dentaire, pour un aphte. Là encore, ne pas traiter la cause est une erreur, aux effets secondaires difficiles à résoudre.
Quant aux solutions avant brossage, elles relèvent plus du gadget ouvrant un nouveau marché commercial. La plaque dentaire peut être fortement réduite par l’équilibre digestif et alimentaire. Est-il utile de se mettre dans la bouche un produit chimique de plus, quand notre environnement en est déjà surchargé ?
Auto-contrôle du brossage
Il faudra contrôler que cette hygiène bucco-dentaire mécanique quotidienne est bien efficace. Un indispensable dans sa trousse de toilette : le révélateur de plaque ! Colorant rose ou bleu, comprimé à croquer ou gouttes à déposer sur la langue, ce produit va révéler toutes les zones insuffisamment nettoyées. Simple à utiliser, le révélateur va se déposer sur la langue qui va ensuite balayer toutes les dents, sur leurs différentes faces : face interne (vers la langue) et face externe (vers les joues). Il faut ensuite se rincer abondamment jusqu’à ce que l’eau recrachée ne soit plus tintée. Le résultat est assez rapide à observer.
Cet auto-contrôle permet de voir les zones où la brosse à dents et les instruments complémentaires passent trop vite, voire pas du tout. Il permet d’ajuster sa technique de brossage, de l’affiner. Attention, ce contrôle de plaque n’est pas à faire le matin, quand on doit partir travailler : le révélateur colorant de façon prononcée la plaque dentaire, il faut prévoir un bon moment pour tout enlever correctement, sous peine de partir avec des dents en technicolor ! Effets secondaires limités et prix bon marché ne sauront être un argument prohibitif.
Apprendre au patient comment gérer les situations qui -permettent d’éviter les maladies dentaires et quels sont les signaux d’alerte qui doivent l’amener à consulter est une question de bon sens : il est la personne au monde qui connaît le mieux sa bouche, il est le plus à même de modifier ses habitudes alimentaires et d’hygiène. À condition qu’il ait des informations sensées !
Le fluor en question
Les atomes du fluor se combinent avec ceux de l’émail des dents, lors de la construction de la dent, pour le rendre plus résistant à la carie. Pour cela, il doit être absorbé par voie orale, dans la petite enfance, de façon quotidienne et pendant plusieurs années. Vanté pour diminuer le risque carieux, il peut présenter avec cette forme absorbable des effets secondaires dont le premier concerne les dents ! Trop dosé (tout dépend de la sensibilité de chaque individu), il provoque des taches blanchâtres disgracieuses de l’émail, la fluorose, très difficiles à traiter.
Pris par voie générale, il est fortement remis en question pour des effets secondaires beaucoup plus graves (vieillissement osseux prématuré, certaines formes de cancers). Le fluor contenu dans le dentifrice ne pose pas ces problèmes puisqu’il n’est déposé qu’en surface. Il a une capacité de protection de l’émail limité aux six heures qu’il faut aux bactéries de la plaque dentaire pour se multiplier. Utile dans des cas de caries généralisées comme aide supplémentaire (en ayant éliminé les causes de carie au préalable), il est à l’origine de réactions d’hypersensibilité chez certains patients.
Haro sur les perturbateurs endocriniens
Entre 15 % et 18 % des enfants sont concernés par le MIH (hypominéralisation des molaires et incisives), une minéralisation très insuffisante des premières molaires et des incisives définitives. Cette hypominéralisation entraîne un important risque carieux, et son traitement est difficile (lésion peu profonde, mais étendue, sur lesquelles les matériaux d’obturation ont du mal à adhérer).
La cause de ce MIH, longtemps inconnue, a été identifiée récemment : il s’agit des perturbateurs endocriniens ! Ces fameux perturbateurs que l’on trouve absolument partout dans notre quotidien (alimentation industrielle, pesticide, produits d’hygiène et cosmétiques…) y compris dans certains matériaux dentaires… Se tiendra au Sénat un colloque au mois de juin 2016 intitulé : « Vers une dentisterie sans perturbateurs endocriniens », sujet dont la filière dentaire (notamment les chirurgiens-dentistes) se saisit avec beaucoup de détermination.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Alternative Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé
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