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Régime LUV, comment dompter l’acide urique
Apprendre à mesurer et à réguler son taux d’acide urique pour perdre du poids et être en bonne santé. C’est la promesse du régime LUV, regroupant des conseils pratiques sur le mode de vie et l’alimentation, prôné par le neurologue américain David Perlmutter dans son récent ouvrage, Toxique Acide1. Des évidences ou des conseils réellement novateurs ? Décryptage.
LUV est l’abréviation de Lower Uric Value ou " baisser le taux d’acide urique ". L’objectif principal du Dr Perlmutter, qui promeut le régime LUV, est de faire savoir qu’un taux élevé d’acide urique, ou hyperuricémie, est associé à de nombreuses pathologies telles l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, la démence, l’obésité, les maladies rénales chroniques, la maladie du foie gras non alcoolique ou les accidents vasculaires cérébraux. " Le lien entre l’acide urique et les maladies métaboliques est décrit depuis des décennies. Ce n’était certainement pas ma découverte. Il existe d’innombrables publications scientifiques de très bonne qualité qui montrent comment l’acide urique est lié à nos divers problèmes métaboliques ", nous explique le Dr Perlmutter. Il décrit ainsi, dans son livre, qu’il y a plus d’un siècle déjà, le médecin écossais Alexander Haig avait pointé la relation de cause à effet entre le taux d’acide urique dans le sang et les affections citées. Ses résultats ont été oubliés au XXe siècle. " L’acide urique a alors été relégué à son statut de déchet inerte du métabolisme cellulaire qui, lorsque son taux est supérieur à la normale, peut générer des calculs rénaux et une forme d’arthrite appelée goutte. Pour ceux qui ne souffraient ni de l’un ni de l’autre, l’acide urique était une substance biologique inoffensive qui ne méritait pas que l’on y accorde la moindre attention ", regrette-t-il.
L’acide urique, c’est quoi ?
Il s’agit d’un composé soluble, produit final du métabolisme des purines chez l’être humain. " Les purines sont des composés organiques que les cellules utilisent pour fabriquer les composants de l’ADN et de l’ARN. Elles sont aussi présentes dans certains aliments et boissons, et dans les tissus de l’organisme. L’acide urique est le produit final du processus naturel de dégradation des purines par l’organisme. En excès, elles sont responsables d’une hausse du taux d’acide urique ", précise le Dr Perlmutter. Et en excès, l’acide urique – qui provient également du fructose et de l’alcool – favorise la production de graisse, le tour de taille augmente et le foie se charge de graisse nocive, même si l’on n’est ni en surpoids ni obèse.
Au niveau cellulaire, l’acide urique affecte l’activité de l’oxyde nitrique, une molécule qui joue un rôle essentiel dans nombre de fonctions vitales telles que la vasodilatation ou encore sur l’insuline. " Une carence ou une activité réduite d’oxyde nitrique sont associées aux maladies cardiaques, au diabète et aux troubles érectiles ", poursuit le neurologue.
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Fructose et santé
Au-delà des purines et de l’alcool, le principal responsable de l’élévation du taux d’acide urique dans le sang est le fructose ultra-transformé, ajouté dans les sauces pour salade, pâtisseries, snacks, barres énergétiques, aliments préemballés, etc. " Le fructose est le tueur caché du XXe siècle, comme l’ont été le tabac et la margarine au siècle dernier", déplore le Dr Perlmutter. Et l’acide urique serait le chaînon manquant entre le fructose et la maladie…
Pourquoi ne nous a-t-on pas dit cela plus tôt, fait-il remarquer. Une fois encore, parce que l’hyperuricémie était jusque-là réservée à la goutte et aux calculs rénaux. Et des cas de goutte, le Dr Perlmutter en répertorie de plus en plus : " Le nombre de patients souffrant de cette pathologie ne cesse d’augmenter. " Près de 600 000 individus sont ainsi touchés en France.
Il explique aussi cette inertie par le fait que, dans le monde occidental, l’accent est mis sur le traitement des maladies, pas sur leurs causes, ni sur leur prévention. Cela expliquerait en partie pourquoi nous commençons juste à voir l’intérêt de l’acide urique. " Heureusement, dit-il, certains pays comme la Turquie et le Japon sont conscients de ce lien depuis de nombreuses années. Et les États-Unis commencent à manifester un intérêt pour l’acide urique. "
Un biomarqueur à contrôler
L’acide urique fait partie, selon le Dr Perlmutter, des biomarqueurs qui doivent être régulièrement contrôlés, au même titre que la glycémie, la tension artérielle et le ratio de cholestérol. Un taux d’acide urique dans le sang supérieur ou égal à 7 mg/dl chez les hommes et 5 mg/dl chez les femmes entraînerait une augmentation significative de risque de décès toutes causes confondues. Ce taux peut être mesuré à l’aide d’un petit appareil vendu en pharmacie. Et pour qu’il reste acceptable, le médecin conseille de surveiller ce taux à jeun, une fois par semaine. Il propose aussi de suivre un protocole, le régime LUV, basé sur une meilleure alimentation, un sommeil de qualité, la prise éventuelle de compléments alimentaires, la pratique d’une activité physique et du jeûne intermittent.
Les bases du régime anti acide urique
La pratique du régime LUV se met en place sur trois semaines. La semaine 1 consiste à suivre les dix règles suivantes :
- ne pas consommer de gluten et d’OGM ;
- favoriser les repas à base d’aliments d’origine végétale, en particulierdes fruits et des légumes qui font baisser le taux d’acide urique ;
- ne pas consommer de glucides raffinés, de sucres ajoutés ou d’édulcorants naturels ;
- ne pas manger d’abats ;
- limiter les portions de viande (abats) et de poisson (sardines, maquereaux, harengs, anchois) riches en purines ;
- consommer des fruits à coque et des graines ;
- manger des œufs bio ;
- consommer des produits laitiers en faible quantité (si l’on en consomme encore) ;
- se servir généreusement de l’huile d’olive vierge extra ;
- privilégier les aliments qui font baisser le taux d’acide urique (cerises, brocolis ou café, par exemple).
Le Dr Perlmutter incite aussi à privilégier les aliments qui soignent, comme les grenades, les myrtilles, les cerises, le brocoli, les oignons rouges, les noix, les poivrons verts, le céleri, les herbes et épices (cardamome, clou de girofle, thym, menthe poivrée, romarin et origan). Il suggère dans son ouvrage des menus pour chacun des sept jours de cette première semaine. D’autres sont également proposés sur son site Internet2. La semaine 2 concerne le sommeil, l’activité physique, la nature et le jeûne, et la semaine 3, plus personnelle, vise à trouver son rythme.
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Trois objectifs en vingt jours
A priori, le régime LUV ne contient aucune préconisation qui puisse nuire à l’organisme. Il s’agit surtout de pistes à suivre ou non. Il reste avant tout une affaire d’individu et ne remplace pas le suivi par un médecin traitant. Globalement, ce régime repose sur trois objectifs :
- apprendre à surveiller son taux d’acide urique et sa glycémie ;
- protéger son corps des facteurs connus pour augmenter l’uricémie (à savoir les mauvais réflexes alimentaires, un sommeil de mauvaise qualité et le manque d’activité physique) ;
- et enfin, mettre en place des habitudes qui aideront à vivre mieux et plus longtemps.
Un intérêt à nuancer ?
Disons-le, le protocole ne fait pas l’unanimité. C’est même à se demander si d’un côté l’autre de l’Atlantique, on parle de la même chose. Pour le Dr Pascal Richette, chef de service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière (AP-HP), " la seule chose que fait l’uricémie lorsqu’elle s’élève, c’est d’engendrer une inflammation articulaire très douloureuse qui s’appelle la goutte ". Et d’un revers de main, il disculpe l’acide urique qui selon lui " ne fait en aucun cas le lit des pathologies citées par le Dr Perlmutter ". Quant aux études scientifiques associant uricémie élevée et impact délétère sur le rein, le système cardio-vasculaire et l’hypertension, " elles ont certes montré une association, mais pas une causalité ". Par-delà cette guéguerre attendue, le naturopathe Frédéric Bernard propose une approche plus nuancée : " Je conçois le régime LUV comme une sorte de focus sur un des aspects d’une alimentation physiologiquement adaptée, dont on s’éloigne de plus en plus. D’où le succès, ces dernières années, des diverses mises en avant de points précis, comme l’acide urique. Par ailleurs, sur le fond, j’ai un problème avec cette vision purement quantitative englobant des injonctions telles que “il faut manger beaucoup d’oméga-3” ou “il ne faut pas avoir trop de cholestérol”, etc. La vie n’est pas binaire. Tout comme le cholestérol, qui a un rôle indispensable pour la synthèse de la vitamine D, des hormones sexuelles […], l’acide urique est indispensable à certains mécanismes antioxydants, et présente des aspects physiologiques qui pourraient laisser penser que le corps en a besoin. Je pense notamment à sa réabsorption à 90 % par les reins au lieu de son excrétion. " Et c’est bien, en creux, ce qu’affirme le Dr Perlmutter, quand il rappelle que l’acide urique n’est pas qu’un vulgaire déchet évacué par les reins, mais qu’il joue un rôle trop méconnu dans le corps. Un rôle qui, pour certains, n’aurait aucun revers de la médaille, un rôle qui, pour d’autres – comme Perlmutter – est source de pathologies en cas de déséquilibre. Il en est ainsi des nouveaux paradigmes. Avant qu’ils ne deviennent une évidence, ils sont méprisés et attaqués. Le temps saura faire son affaire.
Acide urique et inflammation
Un taux élevé d’acide urique va de pair avec une forte inflammation systémique, le premier amplifiant et stimulant la seconde. Le Dr Perlmutter relève que la plupart d’entre nous savent que l’inflammation chronique compte parmi les principales causes de maladies graves. En revanche, ce qui est nouveau, c’est le parallèle entre l’hyperuricémie et l’inflammation chronique, mesurée par la protéine C réactive (CRP) dans le sang. « Dans mon domaine, la neurologie, un taux élevé de CRP est un facteur majeur de risque de développer une lésion cérébrale, un déclin cognitif, une dépression, une démence, voire la maladie d’Alzheimer », fait savoir le Dr Perlmutter.
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