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Se réapproprier sa féminité par l’observation de son corps

  • L’auto-­observation ne peut fonctionner que dans une approche collectiveL’auto-­observation ne peut fonctionner que dans une approche collective
Article paru dans le journal nº 84

Naturopathe, dédiée à la cause féministe depuis son engagement dans le Mouvement de libération des femmes à Genève dans les années 1970, Rina Nissim invite les femmes à se réapproprier leur santé par une meilleure compréhension de leur corps. Auteure d’un ouvrage à succès sur la gynécologie, elle dénonce des normes médicales qui laissent souvent peu de place à la liberté des intéressées.

Alternative Santé. Vous avez dit « il est parfois plus facile pour une femme de tomber malade que de se révolter ». La maladie, c’est une ultime façon de s’exprimer ?

Rina Nissim. La maladie, c’est l’expression de contraintes que l’on subit sur le plan émotionnel, environnemental, hormonal, bactérien… En effet, quand ça devient trop difficile pour l’organisme, la seule solution c’est de tomber malade. J’ai grandi dans un milieu patriarcal. Il y en avait beaucoup pour mon frère, pas beaucoup pour moi. Je pense que je devais avoir un peu d’ambition dans la vie pour que ça me contrarie à ce point, car j’ai été une enfant très malade. Ces contraintes, quand on n’est pas capable de les identifier et de les corriger, on les subit jusqu’à ce que ça s’exprime sous forme de pathologie.

A. S. Vous avez contribué à la naissance du mouvement Self-Help, une approche militante invitant notamment à l’auto-observation génitale. Est-il ainsi possible de détecter quelque chose d’important pour sa santé ?

R. N. Il faut préciser que l’auto-­observation ne peut fonctionner que dans une approche collective. Toute seule, cela ne serait pas émancipateur. En groupe, on vise la réappropriation de ce qu’on est, et la destruction de tabous. Il y a beaucoup de préjugés sur la vulve, les odeurs, les sécrétions. Je pense que ce qui s’est passé pendant les quatre siècles de chasse aux sorcières a imprégné notre mémoire collective. Nous avons beaucoup de honte au sujet de nous-mêmes, et de complexes qui peuvent être levés en s’y mettant à plusieurs. Alors on s’émerveille. On se rend compte que nous sommes belles, toutes différentes et combien ces préjugés sont inutiles. À l’époque, au MLF, on faisait des groupes de conscience pour comprendre ce qui nous appartenait et ce qui faisait partie de l’oppression afin de s’en débarrasser. Quand un groupe souhaite aller plus loin, il apprend à reconnaître les phases ovulatoires, à reconnaître une mycose ou une infection à trichomonas.

A. S. Et ne pas attendre l’unique rendez-vous gynéco de l’année ?

R. N. Les groupes Self-Help ont travaillé sur ce qui n’intéressait pas les gynécos. Quand c’est grave, on a besoin d’eux. Face à un kyste de l’ovaire avec une torsion, il faut un chirurgien. Mais il y a des pathologies plus bénignes qui ne les intéressent pas trop. Beaucoup de prescriptions se font par téléphone pour des mycoses chroniques, par exemple. Il n’y a même plus d’examens, l’ordonnance arrive par la poste. Les gynécologues sont formés pour travailler sur de la haute pathologie, pas sur les petits troubles fonctionnels. Or, il est ­possible de se réapproprier ce que l’on peut traiter par nous-mêmes, qu’il s’agisse d’infection, de ­contraception ou de sexualité.

A. S. Vous défendez l’utilité de l’autopalpation des seins pour ne pas attendre la mammographie et vous regrettez que cette technique dépiste « trop de cancers ». Pouvez-­vous développer ?

R. N. L’avantage de l’autopalpation, ...

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